Des organismes demandent à la future agence Santé Québec d’agir dans la lutte contre le cancer et de nommer un vice-président y étant spécifiquement affecté.

« On doit être inspirés par les autres provinces qui ont des agences dédiées spécifiquement au cancer », a déclaré la présidente et cheffe de la direction de la Société de recherche sur le cancer, Manon Pepin, dans une conférence de presse vendredi matin.

La Fondation québécoise du cancer, la Société de recherche sur le cancer, Leucan et PROCURE publient le mémoire Le cancer n’attend pas. La future agence Santé Québec doit agir et proposent huit recommandations au gouvernement. D’abord, ils suggèrent de nommer un vice-président responsable de l’axe cancer au sein de la future agence Santé Québec.

« J’ai eu la chance de rencontrer le ministre [de la santé, Christian] Dubé le 1er février dernier et je lui ai mentionné notre grande volonté de voir ça. Il a certaines réticences, mais je n’abandonne pas et je pense que c’est encore le moment de les influencer positivement », a déclaré le directeur général de la Fondation québécoise du cancer, Marco Décelles.

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Marco Décelles, directeur général de la Fondation québécoise du cancer

Les organismes estiment que 67 548 Québécois ont reçu un diagnostic de cancer en 2023, ce qui représente 185 nouveaux cas par jour.

Miser sur la recherche

Le regroupement demande au gouvernement d’allouer un budget consacré à la recherche fondamentale et clinique sur le cancer. « Les chercheurs attendent désespérément d’avoir une augmentation pour faire avancer la recherche », dit Mme Pepin.

Elle souhaite aussi que le gouvernement alloue davantage de bourses d’études au doctorat et au postdoctorat en cancérologie en partenariat avec des organismes consacrés à la lutte contre le cancer. « Le gouvernement fédéral vient justement d’annoncer des investissements historiques en matière d’octroi de bourses, mais également de recherche. Le Québec devrait s’inspirer de cette décision », dit Mme Pepin.

À l’heure actuelle, les bourses de doctorat et de postdoctorat au Québec s’élèvent respectivement à 25 000 $ et à 45 000 $ par année. Au fédéral, c’est désormais 40 000 $ et 70 000 $. « Miser sur la recherche, c’est un investissement, pas une dépense », ajoute-t-elle.

Les organismes souhaitent également que le gouvernement donne plus de place à l’innovation, notamment en favorisant la disponibilité d’autotests pour obtenir des diagnostics précoces visant divers types de cancers et des traitements plus avancés.

Réduire le taux de mortalité

Le regroupement demande également d’identifier un objectif chiffré de réduction du taux de mortalité liée au cancer au Québec d’ici 2035. Ils suggèrent aussi d’uniformiser les systèmes informatiques et de centraliser les données du patient atteint d’un cancer.

« Notre objectif est de garantir que chaque patient, peu importe où il se trouve au Québec, reçoive un soutien adapté à ses besoins spécifiques », dit le président-directeur général de PROCURE, Laurent Proulx.

Les organismes recommandent au gouvernement d’inclure des mesures pour les cancers rares dans le plan d’action du Québec en cancérologie. « Ces cancers sont souvent délaissés par manque de fonds et ils doivent être réellement considérés dans leur ensemble, afin de garantir que personne n’est laissé pour compte », dit la directrice générale de Leucan, Juli Meilleur.

Enfin, ils souhaitent que le gouvernement coopère avec des organismes pour sensibiliser la population et les communautés marginalisées à la lutte contre le cancer.

« Nous accueillons favorablement les pistes de solution qui alimentent les réflexions déjà en cours, notamment en ce qui a trait à la disponibilité d’autotests, la collaboration avec les organismes et l’accès aux données », a pour sa part déclaré le cabinet du ministre de la Santé.

Il soutient que des équipes de Santé Québec « assureront un suivi étroit », notamment « en matière de dépistage et de collaboration avec les organismes partenaires ».