Le Québec a enregistré depuis le début de 2023 plus de 500 cas d’infection invasive à streptocoque du groupe A, dépassant en cinq mois à peine la moyenne des années précédentes. Six enfants ont perdu la vie en raison de cette infection. La vague de virus respiratoires de l’hiver dernier pourrait être en cause.

Hausse significative des cas

Entre le 1er janvier et le 31 mai, 529 cas d’infection invasive à streptocoque A, susceptible de causer la maladie mangeuse de chair, ont été déclarés au Québec. Il s’agit d’une hausse significative par rapport aux années prépandémiques (2015 à 2019) où l’on enregistrait environ 498 cas par année. « Ces cas invasifs sont des cas graves, soit une forme dangereuse qui peut mener à des amputations ou des décès. C’est inquiétant », dit le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill.

Une forme invasive

Le streptocoque du groupe A est une bactérie qui circule chaque année au Québec et que l’on retrouve couramment dans la gorge ou sur la peau des individus. Une infection non invasive peut se manifester de différentes façons, entre autres par une pharyngite, une amygdalite ou une infection de la peau comme l’impétigo ou la scarlatine.

Toutefois, certaines personnes développeront une infection dite invasive, qui peut entraîner des complications graves et même fatales, comme la maladie mangeuse de chair, le syndrome de choc toxique ou la méningite. « On ne sait pas pourquoi certaines personnes développent la forme invasive. C’est un mystère qui demeure », dit le DVinh.

Une maladie qui progresse rapidement

Les patients infectés se présentent généralement à l’hôpital avec de la fièvre, des nausées, des vomissements et une jambe ou un bras douloureux et de couleur mauve ou rouge. « La maladie peut progresser en l’espace de quelques heures. Une personne peut passer d’aller bien, à moche, à morte très rapidement », dit le DVinh. Depuis le début de l’année, on estime qu’environ 8 % des personnes infectées sont mortes, a indiqué le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Les enfants particulièrement touchés

Cette hausse significative de cas est particulièrement marquée chez les enfants de 6 mois à 9 ans. Dans les cinq derniers mois, 64 cas ont été déclarés, contre 35 cas en moyenne pour les années 2015 à 2019. Six jeunes patients sont morts des complications de la maladie. Dans les dernières années, on dénombrait normalement moins de cinq décès par année chez les enfants. Comme les enfants sont plus susceptibles de contracter le streptocoque A, principalement en raison de sa propagation à l’école, ils sont plus nombreux à développer des formes invasives de cette maladie, explique le DVinh.

Les virus respiratoires possiblement en cause

La résurgence des virus respiratoires après le relâchement des mesures sanitaires pourrait expliquer cette hausse des infections invasives, estime le Ministère. En effet, la hausse de ces infections suit généralement une hausse dans la circulation des infections virales des voies respiratoires supérieures comme la grippe saisonnière. « Un certain nombre de personnes qui ont eu l’influenza risquent d’avoir la forme invasive du streptocoque A dans les semaines qui suivent », explique le DVinh.

Cette hausse des cas ne se limite pas au Québec : une augmentation est observable à l’échelle mondiale. « Certains pays, comme les Pays-Bas, ont découvert une nouvelle souche qui explique une partie de la hausse », dit le DVinh. Il n’exclut pas la possibilité que cela puisse également être le cas au Québec.

Comment se prémunir ?

Le streptocoque A se transmet par des gouttelettes respiratoires ou par des contacts directs avec la bactérie, comme par le pus. Puisqu’il n’existe aucun vaccin contre ces infections, les bonnes pratiques d’hygiène, comme le lavage des mains et des surfaces, permettent de limiter la transmission de ces infections, explique le DVinh.

Afin de prévenir une infection, le gouvernement du Québec recommande de nettoyer fréquemment les blessures et de consulter un médecin en cas de signes d’infection comme une rougeur, de l’enflure, des écoulements ou de la douleur au site d’une blessure.