Les urgences déjà engorgées prévoient un pic d’achalandage dans les prochains jours. Quel sera le prix à payer pour avoir réveillonné en famille ou entre amis pour la première fois après deux ans de restrictions ?

« On aimerait se tromper, mais malheureusement, il faut prévoir le pire », prévient la Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec.​​

La situation reste fragile dans les urgences de la province et risque même d’empirer dans les prochains jours.

Les urgences sont particulièrement débordées en Montérégie et dans Lanaudière, qui affichaient dimanche un taux d’occupation respectif de 136 % et de 135 %. À Salaberry-de-Valleyfield, l’urgence de l’hôpital du Suroît a atteint un taux d’occupation de 219 %.

Les urgences des régions de Chaudière-Appalaches (129 %), de l’Outaouais (128 %), des Laurentides (122 %), de Laval (118 %) et de Montréal (105 %) sont aussi engorgées.

Hausse des visites en vue

Fin décembre, le ministre de la Santé, Christian Dubé, prévenait la population que la période des Fêtes serait « difficile », particulièrement dans les urgences. Il avait imploré les Québécois de respecter les mesures de la Santé publique, afin de « donner un coup de main » aux travailleurs de la santé.

Pandémie ou pas, les mois de janvier et février sont toujours les plus achalandés de l’année dans les urgences.

Celles-ci observent généralement une hausse des cas de grippe et de pneumonie, après les partys du temps des Fêtes. À cela s’ajoute cette année le retour des grands rassemblements depuis la COVID-19.

Idéalement, les urgences devraient être occupées à 85 % ou moins pour être capables d’absorber un pic soudain d’achalandage, rappelle la Dre Morris. « Lorsqu’on atteint 140 %, 160 % ou 200 %, c’est franchement inquiétant », souligne-t-elle.

Pourtant, c’est devenu une réalité quotidienne dans certains établissements.

« C’est rendu qu’on est content lorsqu’on est en bas de 200 % », lâche Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Ouest.

À l’hôpital du Suroît, 39 patients attendaient dimanche sur une civière à l’urgence depuis 48 heures ou plus, et 52 patients poireautaient depuis une journée. Selon Mme Gignac, les étages débordent aussi de patients.

« On n’a pas de personnel pour s’occuper des malades. C’est une cassette que j’ai l’impression de rejouer chaque fois », dit-elle.

Avec la fin de la période des Fêtes, Mme Gignac craint la pression accrue sur le personnel, alors que l’élastique est déjà étiré au maximum.

« Le système de santé tient grâce à la conciliation des professionnels en soins » qui acceptent de faire des heures supplémentaires, souligne-t-elle.

En cas de symptômes, la Dre Morris invite la population à rester à la maison et à porter le masque dans les endroits clos. Si votre problème de santé n’est pas urgent, appelez la ligne 811 avant de vous rendre à l’hôpital.

Voyageurs en provenance de Chine

Des experts remettent en question l’obligation pour les voyageurs revenant de Chine de présenter un test négatif. En vigueur à partir du 5 janvier, cette exigence est « une décision absolument politique et non fondée sur la science à ce stade », a déclaré le professeur adjoint à la faculté de médecine Temerty de l’Université de Toronto Kerry Bowman, à La Presse Canadienne. Les voyageurs en provenance de la Chine, frappée par une vague de COVID-19, mais aussi de Hong Kong et de Macao devront présenter un résultat négatif à leur arrivée au pays. Le DIsaac Bogoch, aussi professeur agrégé à la Faculté de médecine Temerty de l’Université de Toronto, soutient toutefois que les mesures relatives aux voyages comme celle-ci « ne font pas grand-chose » pour empêcher la propagation du virus au Canada ou l’apparition de nouveaux variant sur le territoire. Une mesure plus efficace serait de tester les eaux usées des avions et des aéroports pour vérifier la charge virale et les mutations, a indiqué le DBowman.

Avec La Presse Canadienne