Plus d’un million de bouteilles d’analgésiques importées sont attendues au Canada dans les prochains jours pour répondre à la pénurie qui se poursuit depuis des mois en raison de la forte circulation des virus respiratoires au pays. Le ministre fédéral de la Santé appelle toutefois les familles à être « responsables ».

« La combinaison du virus respiratoire syncytial (VRS), de la grippe et de la COVID frappe durement notre pays », a déclaré la Dre Supriya Sharma, conseillère médicale principale de Santé Canada, lors d’un point de presse sur le sujet vendredi.

À l’heure actuelle, les manufacturiers d’acétaminophène et d’ibuprofène, soit des substances vendues sous les marques Advil, Motrin, Tylenol et Tempra par exemple, peinent à répondre à la demande, bien qu’ils aient doublé leur production, selon les autorités sanitaires.

Santé Canada s’est donc tourné vers l’étranger afin de combler le manque. « Nous avons maintenant reçu et approuvé trois propositions d’importation de produits étrangers et l’approvisionnement a commencé à entrer dans le pays », a annoncé la Dre Sharma.

Ces produits étrangers comprennent de l’ibuprofène pour enfants et de l’acétaminophène liquide pour les enfants et les bébés, a-t-elle précisé. Ils serviront à approvisionner les hôpitaux, les pharmacies et les détaillants. « Les médicaments commenceront à apparaître sur les tablettes des magasins à partir du début de la semaine prochaine », a indiqué la Dre Sharma.

Soyez patients, prévient Duclos

Questionné sur le sujet vendredi, en marge d’un évènement public, le ministre fédéral de la Santé et député de Québec, Jean-Yves Duclos, a quant à lui prévenu que le problème se prolongera encore pour plusieurs semaines. « J’ai encore hier rencontré tous les partenaires : les fournisseurs, les distributeurs, les importateurs, les associations de pharmaciens, les hôpitaux, les pédiatres. On s’est très clairement dit que cet enjeu de pénurie n’allait pas disparaître immédiatement, qu’il allait être là pour plusieurs semaines », a-t-il dit.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos

« On a annoncé au début de la semaine qu’une livraison d’urgence d’analgésiques pour enfants avait commencé cette semaine, et va se poursuivre la semaine prochaine. Ça représente plusieurs mois de demande habituelle. […] On s’attend à ce que dans les 2-3 prochaines semaines, les stocks des pharmacies soient regarnis », a poursuivi le ministre.

Il a toutefois appelé les parents à ne pas faire d’importantes réserves de ces médicaments lorsqu’ils seront à nouveau disponibles. « Même si ça va contribuer à alléger la pénurie, comme famille, on a aussi un rôle de responsabilité. Sachant qu’il va y en avoir pour plusieurs semaines, il ne faut pas aller en chercher dix à la pharmacie pour priver d’autres familles de ces analgésiques », a insisté M. Duclos.

Ce dernier incite par ailleurs les Canadiens à continuer de porter un masque dans les espaces clos achalandés, mais surtout, à se faire vacciner contre la COVID-19 et la grippe. Plus tôt cette semaine, lundi, le ministre Duclos avait reconnu que la demande pour les médicaments pédiatriques avait été « exceptionnellement élevée au cours de l’été et de l’automne, et continue à s’accroître », car « les virus respiratoires ont un impact majeur sur nos enfants, en particulier les enfants plus jeunes ».

Premiers signes dès avril

Rappelons que le Canada est aux prises avec une pénurie d’acétaminophène et d’ibuprofène depuis des mois. Santé Canada en a constaté les premiers signes dès avril dans certaines provinces, notamment en Ontario et à Terre-Neuve-et-Labrador. Des démarches ont alors été entreprises auprès des fabricants et de manufacturiers pour qu’ils augmentent la production.

Ultimement, l’offre domestique s’est toutefois révélée insuffisante pour faire faire à la demande qui est demeurée élevée à la fin de l’été, de l’avis des autorités sanitaires.

L’administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada, le DHoward Njoo, a expliqué vendredi que la transmission du VRS et de la grippe, qui peuvent tous deux gravement affecter les enfants, « est supérieure au niveau attendu pour ce moment-ci de l’année », alors que la COVID-19 continue de circuler.

« Un certain nombre d’hôpitaux pédiatriques du pays ont signalé des nombres sans précédent de visites aux urgences et d’hospitalisations en raison des virus respiratoires », a-t-il observé lors du point de presse. C’est notamment le cas à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME), qui s’est résigné à placer jusqu’à deux patients par chambre aux soins intensifs, une situation « inédite » pour l’établissement et jugée « très préoccupante » par le ministre Duclos. « Il faut les protéger, ces jeunes enfants », a-t-il maintenu.

Pour l’instant, les autorités sanitaires recommandent aux parents de faire vacciner leurs enfants de six mois et plus contre la grippe, et d’appliquer les autres mesures de prévention de la transmission des virus respiratoires, comme le port du masque et les doses de rappel contre la COVID-19. Il n’existe pas de vaccin contre le VRS. La Dre Sharma a aussi confirmé que l’étiquetage en français n’a rien à voir avec la pénurie de médicaments actuelle, contrairement à ce qui a été allégué dans un grand média anglophone.

Avec La Presse Canadienne