(Puvirnituq) Le Centre de santé Inuulitsivik, qui dessert les sept villages de la côte de la baie d’Hudson dans le nord du Québec, n’est pas épargnépar la pénurie de personnel qui touche le réseau de la santé québécois. Là-bas, la moitié des postes sont non pourvus. En équipe réduite et littéralement coupés du reste du monde, les soignants travaillent d’arrache-pied pour soulager une population fragilisée par d’importants problèmes sociaux. La Presse les a visités.

Infirmière à tout faire

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Situé au cœur du village de Puvirnituq, le Centre de santé Inuulitsivik est le seul hôpital sur la côte de la baie d’Hudson.

Il est presque minuit aux urgences de l’hôpital de Puvirnituq. L’infirmière Sarah Zimmerling décroche le téléphone qu’elle porte toujours à la taille. Cette nuit, c’est elle qui répond à tous les appels d’urgence du village de 2000 habitants. Au bout du fil : un jeune homme raconte avoir été mordu férocement au visage dans une dispute. Il saigne beaucoup. L’infirmière l’invite à venir tout de suite à l’hôpital.

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Victime d’agression sexuelle, suspect poignardé, les policiers ne seront jamais loin de l’hôpital durant cette nuit.

Quelques minutes plus tard, des policiers font leur entrée avec une grand-mère qui a été victime d’une agression sexuelle. On doit lui faire passer une trousse médico-légale.

Puvirnituq est le seul des sept villages de la côte de la baie d’Hudson qui possède un hôpital. La communauté est isolée : on ne peut s’y rendre que par avion. Les équipes de soins doivent donc être autonomes. Et polyvalentes. Les cas graves peuvent être évacués d’urgence vers Montréal. Mais pour le reste, les travailleurs de la santé doivent se débrouiller.

Par précaution, la porte de l’hôpital est toujours verrouillée. Un gardien de sécurité est normalement en poste pour gérer les entrées et les sorties. Mais ce soir, son petit bureau vitré est désert. Le gardien de sécurité a été appelé à s’envoler pour Kuujjuarapik, un village situé un peu plus au sud, pour aller avec une infirmière chercher un patient en crise psychotique. L’aller-retour peut prendre jusqu’à deux heures. En attendant, Sarah Zimmerling doit veiller sur la porte, en plus de gérer seule les urgences.

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Le DMatthew Kondoff s’entretient avec Sarah Zimmerling et une patiente.

Si elle en a plein les bras, d’autres collègues infirmières et un médecin de garde peuvent être appelés. La nuit commence à peine, et l’omnipraticien Matthew Kondoff est déjà là.

Car la morsure que le jeune patient arbore au visage est imposante et nécessite une évaluation médicale.

Une soirée mouvementée

Avant de se présenter aux urgences, les habitants de Puvirnituq sont invités à appeler la ligne 9090 (équivalent du 911). Au téléphone, l’infirmière de garde évalue leur état et leur recommande de se présenter ou leur fixe un rendez-vous pour le lendemain. Ce soir, il y a de l’action au village qui vit au rythme du Snow Fest, évènement visant à célébrer la culture inuite. L’ambiance est électrique.

Pour accompagner la patiente disant avoir été victime d’une agression sexuelle, Sarah Zimmerling fait appel à l’éducateur spécialisé, Daniel Barone. Ce dernier n’est pas encore arrivé qu’une autre patiente, manifestement ivre, se présente : elle a été frappée par quelqu’un qui vit avec elle. Elle affiche une lacération au visage. Elle parle fort et est agitée.

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L’éducateur spécialisé Daniel Barone et l’infirmière Sarah Zimmerling

Toujours calme et d’une voix posée, Sarah Zimmerling la réconforte et l’installe dans la salle d’examen adjacente à celle du patient blessé à la joue. L’infirmière se promène de l’un à l’autre. Elle nettoie les plaies. Administre des piqûres de tétanos.

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Le jeune homme a été mordu au visage lors d’une dispute.

Des larmes coulent sur les joues du jeune homme mordu au visage qui est étendu sur sa table d’examen. « Je veux voir mes bébés », dit-il. Le DKondoff vient évaluer sa plaie. Il prend en photo la blessure et l’envoie au Centre universitaire de santé McGill pour une évaluation en plastie à distance. La réponse arrive quelques minutes plus tard : pas besoin d’envoyer le patient à Montréal. Le DKondoff peut procéder sur place. Sarah Zimmerling va préparer le matériel.

Dans sa salle d’examen, la patiente lacérée au visage pleure. « Je veux appeler ma mère », dit-elle en hoquetant. Sarah Zimmerling vient à ses côtés et lui explique qu’elle pourra partir et revenir demain pour passer des radiographies. La jeune femme ne semble pas écouter. Elle veut aller fumer une cigarette.

Subtilement, Sarah Zimmerling dépose une note dans la poche du manteau de la patiente.

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Sarah Zimmerling insère une note dans la poche du manteau d’une patiente, pour lui rappeler qu’elle a rendez-vous le lendemain.

Je fais ça pour les patients intoxiqués. C’est un papier qui dit qu’elle a rendez-vous demain en radiographie. Je me dis que si elle oublie, elle aura au moins ce papier dans sa poche…

Sarah Zimmerling, infirmière à l’hôpital de Puvirnituq

L’infirmière revêt son manteau et emmène sa patiente fumer dehors.

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Bien que sollicitée de toute part, Sarah Zimmerling prend le temps de discuter avec sa patiente. Elle apprend ainsi que cette dernière n’a pas d’endroit sûr où aller dormir cette nuit-là.

En discutant, elle réalise que celle-ci n’a pas d’endroit sûr pour aller dormir. Chez elle, la maison est bondée et la violence, omniprésente. On demande à l'éducateur spécialisé Daniel Barone de trouver une solution. En discutant avec M. Barone, la patiente émet des idées suicidaires. Son historique familial est chargé à ce sujet. Il ne faut pas prendre de risque : on décide finalement de l’hospitaliser pour la nuit.

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L’infirmière de garde ne quitte jamais son téléphone. C’est au bout du fil qu’elle évalue l’état des patients qui appellent aux urgences.

Le téléphone d’urgence de Sarah Zimmerling sonne de nouveau. Quelqu’un s’est blessé à une cheville. L’infirmière lui fait des recommandations et lui donne un rendez-vous pour le lendemain.

Elle a à peine le temps de raccrocher que deux policiers se présentent, accompagnés d’un homme. Ce dernier a été poignardé au ventre. Sarah Zimmerling va chercher le DKondoff, qui est en train de recoudre la lèvre de l’autre patient.

Le médecin détermine rapidement que la blessure est superficielle. Il retourne à son intervention. Sarah Zimmerling lave la plaie à l’abdomen du patient sous le regard des policiers. Ceux-ci ne peuvent laisser l’homme sans surveillance : il est en état d’arrestation pour des gestes commis durant la soirée.

Un peu plus tard, Sarah Zimmerling fera quelques points de suture à ce patient, sous la supervision du DKondoff. L’infirmière nettoiera ensuite la salle d’intervention, tout comme les autres salles d’examen des urgences, en continuant de gérer les appels.

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Un policier surveille un patient qui se fait soigner pour une lacération à l’abdomen. L’homme qui a été poignardé est en état d’arrestation.

Quand on travaille ici, on est infirmière, concierge, téléphoniste, gardienne de sécurité… On fait de tout. C’est exigeant. Mais stimulant en même temps. Moi, c’est ça que j’aime : le terrain. On travaille fort. Mais on ne s’ennuie pas.

Sarah Zimmerling, infirmière à l’hôpital de Puvirnituq

Une pénurie majeure

Cette pratique diversifiée et très autonome n’attire pas n’importe quel candidat, reconnaît la directrice générale par intérim du Centre de santé Inuulitsitivik, Claude Bérubé.

PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE DE SANTÉ INUULITSIVIK

Claude Bérubé, directrice générale par intérim du Centre de santé Inuulitsitivik

On recrute surtout de jeunes aventuriers. Plusieurs ne restent pas longtemps.

Claude Bérubé, directrice générale par intérim du Centre de santé Inuulitsitivik

Sarah Zimmerling, qui pratique depuis 12 ans dans le Nord, est l’exception. Des programmes sont implantés pour améliorer la rétention, explique Mme Bérubé. Mais la pénurie est telle que le défi est immense.

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« L’attente peut être plus longue compte tenu du manque d’infirmières », peut-on lire sur cette note collée au mur de la salle d’attente, écrite en inuktitut et en anglais.

À l’automne, des villages de la côte ont été obligés de ne soigner que les cas urgents par manque de personnel.

Lisez l’article « Des villages contraints de ne soigner que les cas urgents »

À la direction aussi, plusieurs postes sont vacants. Notamment à la direction des soins infirmiers. Mme Bérubé ajoute que les conditions de vie difficiles dans le Nord compliquent encore plus le recrutement. Au cours de l’hiver, les problèmes d’eau ont été importants à Puvirnituq.

Lisez le reportage « Un hiver sans eau »

L’internet n’est pas toujours accessible. Il manque plus de 120 logements pour pouvoir héberger tous les travailleurs du Centre de santé.

Président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson depuis 2013, Cyrille Gabreau affirme que « c’est l’hécatombe en personnel infirmier depuis juin ».

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Cyrille Gabreau, président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson

On amène des idées, mais le temps avance et il n’y a pas de réelle intention de mettre les changements en place. […] Il y a cinq ans, on avait des équipes stables. Avec des conditions meilleures qu’actuellement.

Cyrille Gabreau, président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson

Martine Lévesque travaille comme infirmière au Nunavik depuis 2003. Principalement à Umiujak, communauté d’un peu plus de 500 habitants. Elle se dit « de plus en plus occupée ». Trois infirmières doivent normalement travailler à Umiujak. Elles sont souvent deux, voire une, dit Mme Lévesque. « Le village grossit. Avant, on avait deux patients par jour. Là, ça peut être dix », dit-elle. Mme Lévesque adore la pratique : « J’aime le défi. L’autonomie. La clientèle surtout. » Elle déplore toutefois qu’il manque cruellement de services pour la population et que ses conditions de travail se détériorent sans cesse. « On a l’impression d’être traités comme des numéros », dit-elle.

Le syndicat a mis en ligne au début de mars une pétition pour dénoncer « les nombreuses irrégularités qui mettent en danger l’intégrité de la pratique infirmière par l’administration ». La pétition dénonce notamment « le climat toxique et malsain » qui sévit. Une lettre envoyée à La Presse dénonce également les « méthodes de gestion irrespectueuses et cavalières » de l’établissement.

Certains de nos membres qui dénoncent des choses se font dire par certains gestionnaires de quitter s’ils ne sont pas contents.

Cyrille Gabreau, président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson

Au Centre de santé Inuulitsivik, Mme Bérubé dit avoir été « ébranlée et déçue » par la pétition. « On n’a jamais été interpellés pour une rencontre avant », déplore-t-elle. Mme Bérubé dit avoir rencontré deux fois le syndicat depuis. Elle affirme que plusieurs changements sont en cours. « Notamment pour les situations où des risques sont soulevés », dit-elle. Mais pour elle, la pétition « fait porter à la direction actuelle beaucoup de choses qui auraient dû être réglées avant ». Mme Bérubé, arrivée en poste en janvier 2021, souligne que le centre de santé se trouve en région éloignée, ce qui complique certaines actions. Dans un message rédigé en février, le président du conseil d’administration du Centre de santé Inuulitsivik, Josepi Padlayat, a donné son appui à la direction. Jeudi dernier, M. Padlayat a aussi écrit au Syndicat pour lui demander de retirer la « pétition qui diffame notre institution et nos employés ». Dans sa missive, M. Padlayat déplore « que les voies habituelles de résolution des conflits n’aient pas été activées avant la rédaction et la diffusion de ce document […] truffé d’accusations vagues ». En ce qui concerne les accusations de « climat toxique », Mme Bérubé dit les prendre très au sérieux. Un sondage est en cours pour analyser le climat de travail dans chaque département. « Je serai prête à corriger tout ce qui sera soulevé », dit-elle.

Si vous avez besoin de soutien, si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, appelez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’avion comme ambulance

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Les premiers répondants Andy Sivuarapik et Johnny Tullaugak transportent une patiente vers l’hôpital de Puvirnituq, sous le regard de l’infirmière Catherine Raby.

Le petit avion à hélices vient de se poser sur le tarmac de l’aéroport de Puvirnituq. Il fait nuit. À bord : l’infirmière Catherine Raby et Annie Usuituayuk, une patiente qui pourrait faire une appendicite. Habitant à Salluit, petit village situé à l’extrémité nord du Nunavik, la mère de six enfants a été évaluée dans le dispensaire de sa localité un peu plus tôt ce jour-là. Mais son état étant trop précaire, on l’a transférée à l’hôpital de Puvirnituq.

Les sept villages de la côte de la baie d’Hudson, au Nunavik, ne sont reliés au reste du Québec par aucune route. Chaque localité est totalement coupée du reste du monde. Dans les plus petits villages, comme Umiuaq, des dispensaires où travaillent une poignée d’infirmières doivent gérer tous les patients. Quand un cas grave se présente, il doit être évacué par avion vers Puvirnituq, seul village possédant un hôpital.

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L’entreprise Air Inuit gère les vols d’évacuation médicale dans le Nord.

Et l’établissement, quoique fonctionnel, reste de petite taille. Aucun spécialiste n’y travaille à temps plein. Les cas nécessitant une opération importante y sont stabilisés, puis transférés par avion vers Montréal.

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L’hôpital est installé au centre du village.

En plein cœur du village de Puvirnituq, l’hôpital se démarque des petites maisons en bois colorées qui l’entourent. La longue bâtisse grise marquée d’une ligne jaune est appelée par certains habitants la « soucoupe volante ». À l’intérieur, sept patients étaient hospitalisés le 22 mars.

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L’infirmière Rosalie Fontaine et son collègue André Malbœuf

Infirmier depuis sept ans dans le Nord, André Malbœuf veille sur une dame âgée ayant été victime d’une chute. La patiente, qui ne parle qu’inuktitut, a des points de suture au visage et un plâtre au bras. Elle semble avoir de l’inconfort. Elle parle fort, mais le personnel présent ne parle pas l’inuktitut et ne comprend pas ce qu’elle dit.

Il est passé 17 h, et aucun interprète n’est présent dans l’hôpital. Avec André Malbœuf, la Dre Andréa Prince et l’infirmière Rosalie Fontaine tentent de comprendre ce que la patiente veut.

La vieille dame semble montrer des choses du doigt. La télécommande ? Le mur ? Elle a chaud ? Elle a mal ?

André Malbœuf a alors une idée. Il va chercher une patiente dans une chambre voisine et lui demande de venir traduire la demande de l’aînée. La patiente accepte d’aider avec joie. « Elle veut mettre son pantalon », traduira-t-elle, provoquant un immense soupir de soulagement de la part d’André Malbœuf et de ses collègues. Ce n’était donc que ça. La patiente cessera de crier et sourira largement quand André Malbœuf lui présentera son pantalon.

Au feu !

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La Dre Andréa Prince

Au poste de garde, il est passé 18 h quand trois appels successifs entrent : autant de patients ont besoin d’être évacués de leur petit village d’Inukjuak et de Salluit et amenés à Puvirnituq pour être soignés. L’un d’eux pour des troubles graves de santé mentale. Un autre pour un problème de glande surrénale et une dernière pour ce qui semble être une appendicite.

Trois patients, pour un seul avion. Uniquement pour se rendre à Salluit, le vol prend près d’une heure.

La Dre Prince doit donc trier les patients et choisir qui on ira chercher en premier. On détermine rapidement que la patiente de Salluit doit avoir la priorité. On en informe l’entreprise Air Inuit, qui gère les vols d’évacuation médicale dans le Nord. La compagnie fixe l’heure de départ à 20 h.

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L’infirmière Catherine Raby

L’infirmière Catherine Raby prépare l’équipement et les médicaments dont elle aura besoin pour ce vol. Pendant qu’elle se prépare, une infirmière des urgences arrive en trombe : il y a une maison en feu au village. De possibles blessés. Des enfants, dont un bébé, habitent dans la maison. Les policiers reviendront rapidement avec plus d’information.

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Bien équipée, Catherine Raby se dirige vers l’avion-ambulance.

L’équipe est sur le qui-vive. André Malbœuf demande à Catherine Raby de continuer de préparer sa trousse pour son évacuation par avion. Mais si on trouve des blessés dans l’incendie, on devra remettre ce déplacement à plus tard.

Heureusement, les policiers rappellent rapidement et annoncent qu’aucun blessé n’a été trouvé. Catherine Raby peut donc partir.

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L’infirmière, en route pour le village de Salluit

Après un vol sans histoire, elle sera de retour à Puvirnituq à 22 h 40 avec sa première patiente. Les premiers répondants Andy Sivuarapik et Johnny Tullaugak iront en ambulance directement sur le tarmac récupérer la patiente. À peine posé, l’avion repartira quelques minutes plus tard, avec une autre infirmière à bord, cette fois en direction d’Inukjuak. Ce ballet aérien se répétera à deux autres reprises cette nuit-là.

Accoucher dans le Nord grâce aux sages-femmes inuites

Accompagnées par des sages-femmes, dont plusieurs soignantes inuites, les femmes peuvent accoucher dans leur communauté et ainsi éviter l’obligation – traumatisante pour certaines – de se rendre dans le Sud pour donner naissance à leur enfant.

  • Il est environ 9 h quand Lucy Napartuk fait son entrée à l’hôpital de Puvirnituq, le 22 mars, pour accoucher de son deuxième enfant. La petite Penina Napartuk, 1 an, accompagne sa mère pour l’évènement, de même que sa tante, Maina Rita Niviaxie.

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    Il est environ 9 h quand Lucy Napartuk fait son entrée à l’hôpital de Puvirnituq, le 22 mars, pour accoucher de son deuxième enfant. La petite Penina Napartuk, 1 an, accompagne sa mère pour l’évènement, de même que sa tante, Maina Rita Niviaxie.

  • Habitante d’Umiujaq, Lucy Napartuk est arrivée quelques heures avant à Puvirnituq par avion pour accoucher. Pendant que la mère gère ses contractions, l’étudiante sage-femme Dora Koperqualuk, la sage-femme Cleo Mawdsley et l’infirmière praticienne spécialisée Marie-Pier Alain veillent sur sa fille.

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    Habitante d’Umiujaq, Lucy Napartuk est arrivée quelques heures avant à Puvirnituq par avion pour accoucher. Pendant que la mère gère ses contractions, l’étudiante sage-femme Dora Koperqualuk, la sage-femme Cleo Mawdsley et l’infirmière praticienne spécialisée Marie-Pier Alain veillent sur sa fille.

  • Depuis 1986, le Centre de santé Inuulitsivik forme des sages-femmes inuites afin de permettre au plus de femmes possible d’accoucher dans leur communauté. Actuellement, trois sages-femmes inuites travaillent à Puvirnituq et quatre étudiantes sont en formation. Le village de Salluit compte aussi deux sages-femmes inuites et quatre étudiantes, et celui d’Inukjuak, quatre sages-femmes et trois étudiantes. Chaque année, environ 200 femmes donnent naissance sur la côte de la Baie d’Hudson grâce à leurs services.

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    Depuis 1986, le Centre de santé Inuulitsivik forme des sages-femmes inuites afin de permettre au plus de femmes possible d’accoucher dans leur communauté. Actuellement, trois sages-femmes inuites travaillent à Puvirnituq et quatre étudiantes sont en formation. Le village de Salluit compte aussi deux sages-femmes inuites et quatre étudiantes, et celui d’Inukjuak, quatre sages-femmes et trois étudiantes. Chaque année, environ 200 femmes donnent naissance sur la côte de la Baie d’Hudson grâce à leurs services.

  • Plus la journée avance, et plus les douleurs de Lucy Napartuk sont importantes. En milieu d’après-midi, les deux sœurs de la mère arrivent aussi pour l’épauler.

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    Plus la journée avance, et plus les douleurs de Lucy Napartuk sont importantes. En milieu d’après-midi, les deux sœurs de la mère arrivent aussi pour l’épauler.

  • Le bébé ne se fait pas attendre longtemps. Vers 13 h 39, après quelques courtes poussées, il naît. Un garçon. Sous le regard attentif de sa grande sœur et de ses tantes. C’est l’étudiante sage-femme Dora Koperqualuk qui aura mené l’accouchement en entier.

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    Le bébé ne se fait pas attendre longtemps. Vers 13 h 39, après quelques courtes poussées, il naît. Un garçon. Sous le regard attentif de sa grande sœur et de ses tantes. C’est l’étudiante sage-femme Dora Koperqualuk qui aura mené l’accouchement en entier.

  • L’émotion est vive. Maina Rita Niviaxie ne peut retenir ses larmes. Le poupon est en parfaite santé.

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    L’émotion est vive. Maina Rita Niviaxie ne peut retenir ses larmes. Le poupon est en parfaite santé.

  • Deux des sœurs de la mère auront juste le temps de couper le cordon ombilical et de filer en courant vers l’aéroport pour attraper un vol de retour pour Umiujaq. Pas question de rester à Puvirnituq : le village est bondé. L’hébergement est difficile à trouver.

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    Deux des sœurs de la mère auront juste le temps de couper le cordon ombilical et de filer en courant vers l’aéroport pour attraper un vol de retour pour Umiujaq. Pas question de rester à Puvirnituq : le village est bondé. L’hébergement est difficile à trouver.

  • À l’hôpital de Puvirnituq, le fait que les femmes inuites puissent accoucher dans la communauté est une fierté. « Avant, c’était un traumatisme pour plusieurs femmes de devoir aller accoucher au sud. Maintenant, les équipes de sages-femmes font ça ici. Ce sont toujours des évènements joyeux », dit l’infirmier André Malbœuf.

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    À l’hôpital de Puvirnituq, le fait que les femmes inuites puissent accoucher dans la communauté est une fierté. « Avant, c’était un traumatisme pour plusieurs femmes de devoir aller accoucher au sud. Maintenant, les équipes de sages-femmes font ça ici. Ce sont toujours des évènements joyeux », dit l’infirmier André Malbœuf.

  • Infirmière praticienne spécialisée, Marie-Pier Alain était aussi présente en formation lors du passage de La Presse. Au cours des prochaines semaines, elle sera appelée à travailler dans d’autres villages de la côte de la baie d’Hudson. Parfois seule et sans le soutien de sages-femmes sur place. « On essaie d’envoyer les accouchements à Puvirnituq. Mais si jamais une femme se présente et qu’elle est trop avancée, on doit être prêtes à pouvoir l’accompagner dans son accouchement », dit Mme Alain.

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    Infirmière praticienne spécialisée, Marie-Pier Alain était aussi présente en formation lors du passage de La Presse. Au cours des prochaines semaines, elle sera appelée à travailler dans d’autres villages de la côte de la baie d’Hudson. Parfois seule et sans le soutien de sages-femmes sur place. « On essaie d’envoyer les accouchements à Puvirnituq. Mais si jamais une femme se présente et qu’elle est trop avancée, on doit être prêtes à pouvoir l’accompagner dans son accouchement », dit Mme Alain.

  • Vers 19 h, la jeune maman obtiendra son congé. Avant de partir, Lucy Napartuk enfile son manteau, un magnifique amauti blanc. Elle demande à l’infirmière Rosalie Fontaine d’installer le bébé à l’intérieur. Celle-ci s’exécute en écoutant les consignes de la jeune mère.

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    Vers 19 h, la jeune maman obtiendra son congé. Avant de partir, Lucy Napartuk enfile son manteau, un magnifique amauti blanc. Elle demande à l’infirmière Rosalie Fontaine d’installer le bébé à l’intérieur. Celle-ci s’exécute en écoutant les consignes de la jeune mère.

  • Lucy Napartuk ira dormir avec sa belle-sœur et sa fille dans une chambre prévue à cet effet. Le poupon, bien au chaud dans la fourrure du capuchon, et sa mère quitteront sereinement l’hôpital en soirée, sous le regard de l’infirmière Rosalie Fontaine.

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    Lucy Napartuk ira dormir avec sa belle-sœur et sa fille dans une chambre prévue à cet effet. Le poupon, bien au chaud dans la fourrure du capuchon, et sa mère quitteront sereinement l’hôpital en soirée, sous le regard de l’infirmière Rosalie Fontaine.

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