(Montréal) Une manifestation s’est déroulée, dimanche matin, dans la municipalité de Lac-des-Plages, en Outaouais, pour s’opposer à l’instauration du projet minier La Loutre dans la région. Une action, qui marque aussi un an d’engagement de La Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière (Coalition QLAIM).

Des résidants de l’Outaouais, comme des Laurentides et d’autres régions de la province, se sont réunis sur le coup de 11 h, à la plage municipale.

Le message : ce n’est pas parce que le gouvernement du Québec a tenu des consultations sur l’encadrement minier ce printemps que la lutte des citoyens est terminée. Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts avait chapeauté ces consultations.

« Nous on attend des réponses, puis la mobilisation ne cesse pas parce qu’il y a eu des consultations. La mobilisation, elle grandit », lance Louis St-Hilaire, porte-parole de la Coalition QLAIM.

L’organisme veut mettre fin à un « boom de claims miniers » et demande au gouvernement du Québec de « décréter immédiatement un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims pour ne pas aggraver la situation », peut-on lire sur son site web.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Des sédiments dans l’eau venue depuis la nappe phréatique à cause de la pression exercée dans le sol par le puit.

La Coalition, qui se nommait auparavant le Regroupement de protection des lacs de la Petite Nation, a amorcé son activisme plus large et a changé de nom en 2022, à partir de la mobilisation contre le projet minier La Loutre, de Lomiko Metals. L’entreprise souhaite extraire, sur le site situé à cinq kilomètres à l’est de la municipalité de Duhamel, du graphite qui servirait à la production de batteries de voitures électriques.

« Ce qu’on veut [dire] au gouvernement, c’est que présentement, on est en train de subir des conséquences du manque d’encadrement de la loi sur les mines, lance Claude Bouffard, porte-parole du comité d’opposition au projet minier La Loutre, qui participera à la manifestation, dimanche. Les populations locales ne sont pas vraiment consultées en amont des projets, alors on est en train de vivre ces conséquences-là. »

M. Bouffard attend aussi impatiemment les conclusions qui seront tirées par la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, concernant les consultations publiques.

« On est un peu dans l’attente, et puis un peu [dans] l’impatience de recevoir les résultats, alors que la Coalition a soumis plus du tiers des mémoires pendant les consultations », dit-il.

Le cabinet de la ministre des Ressources naturelles a réagi à l’annonce de cette manifestation.

« Comme déjà annoncé, le rapport-synthèse de la consultation pour un développement harmonieux de l’activité minière sera rendu disponible dans les prochaines semaines. Les projets miniers du Québec doivent être réalisés selon des standards exemplaires et susciter l’acceptabilité sociale de la population. Afin d’atteindre ces deux objectifs, le projet de mine La Loutre devra donc éventuellement être soumis au BAPE, où les préoccupations de la coalition ainsi que celles de la population pourront notamment être entendues », a-t-il affirmé, dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, vendredi.

Toutefois, pour Paul Bourgeois, élu municipal responsable du dossier de l’environnement à Lac-des-Plages, il est clair que le projet La Loutre n’a pas l’acceptabilité sociale de la population de la municipalité.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Beaucoup de citoyens arborent la pancarte du comité citoyens sur leur terrain.

« On a la preuve, depuis un an maintenant, qu’il n’y a pas d’accessibilité sociale ici, à Lac-des-Plages. Et non seulement à Lac-des-Plages, il n’y a pas d’accessibilité sociale dans la région, à l’extérieur [où] cinq municipalités sont affectées ou seront affectées par ce développement minier d’envergure », dit-il.

La Coalition QLAIM craint les impacts environnementaux du projet La Loutre, et les fuites de produits chimiques qu’il pourrait occasionner.

« C’est tout le réseau de la Petite Nation qui est menacé, parce qu’il y a deux bassins versants. La limite entre les deux, ça passe [directement] dans le milieu de la fosse du projet minier. D’un côté, toute l’eau s’en va vers le lac Doré, le lac Simon […] puis de l’autre côté, ça va vers le lac des Plages », explique M. St-Hilaire.

« On trouve que ce n’est pas une vocation économique [et] sociale compatible avec les usages présents sur le territoire », a pour sa part souligné Claude Bouffard.

Un an depuis « Incompatible avec l’activité minière »

En août 2022, la Coalition QLAIM a lancé la campagne de pancartes « Incompatible avec l’activité minière », qui avaient été placardées dans 21 municipalités de la MRC de Papineau.

Depuis, l’initiative s’est répandue dans d’autres régions du Québec.

« Il y a des affiches comme ça aujourd’hui en Mauricie […] il y en a dans les Laurentides. Et on est en discussion avec d’autres organismes, municipalités, qui sont intéressées », raconte M. St-Hilaire.

La Coalition QLAIM, qui se penchait d’abord sur la protection des lacs en Outaouais, inclut maintenant 135 associations de lac à travers le Québec, indique M. St-Hilaire.

Lisez « Outaouais : un projet minier sème la grogne »