(Québec) Le député de Québec solidaire Alexandre Leduc a l’intention de rester au sein du parti, se disant convaincu que la formation peut devenir un parti de gouvernement sans se dénaturer.

Dans une lettre ouverte publiée jeudi matin, M. Leduc confirme sa volonté de continuer le travail amorcé chez Québec solidaire (QS), mais il affirme qu’il sera nécessaire de mieux définir les priorités que le parti veut mettre de l’avant à court terme.

La posture que doit prendre QS fait débat depuis la démission surprise de sa co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien, à la fin avril.

L’autre porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, a plaidé que la formation doit amorcer un virage pragmatique pour devenir un « parti de gouvernement », ce qui lui a valu des critiques de la part de certains militants, qui estiment que suivre cette voie irait à l’encontre des valeurs profondes de QS.

Prenant position dans ce débat, M. Leduc assure qu’il est possible pour QS de devenir un parti de gouvernement sans se dénaturer. « J’en suis profondément convaincu », écrit-il dans sa lettre.

Il concède toutefois que le parti devra mieux mettre de l’avant les priorités auxquelles il veut s’attaquer dans l’immédiat.

Lors d’une tournée des régions, il a constaté que plusieurs personnes lui avaient mentionné que QS a de bonnes idées, mais que le parti s’éparpille trop.

« Un mandat, ça ne dure que quatre ans, on n’aura pas le temps de tout changer. C’est juste impossible. Quelles réformes faut-il mettre au jeu de manière prioritaire ? Quels sont les problèmes qu’il faut régler de manière urgente ? » soulève-t-il.

À la veille du début du Conseil national du parti, qui s’amorcera vendredi à Saguenay, M. Leduc appelle donc les militants du parti à se pencher sur cette question.

« Cet exercice, on ne l’a jamais vraiment fait. Faisons-le ensemble. Démontrons au Québec qu’on est rêveurs, oui, mais qu’on sait quels rêves on va mettre en place en premier », dit-il.

Débat sur la modernisation du programme

La modernisation du programme de QS en vue des prochaines élections est d’ailleurs l’un des deux grands axes au menu du Conseil national du parti, avec l’adoption d’une déclaration politique donnant suite à la tournée des régions.

D’ailleurs, des membres de longue date de Québec solidaire ont appelé à prendre plus de temps pour penser à la refonte du programme dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir.

« […] Vouloir effacer le patient travail collectif s’échelonnant sur 15 ans pour réécrire le programme à partir de zéro et le faire adopter en quelques mois alors que le parti est secoué par une crise interne va à l’encontre de ce qui donne à QS sa solidité et sa force : un pluralisme de gauche faisant place à la convergence des courants qui existent en son sein », plaident les signataires, dont font partie notamment l’ex-député Amir Khadir et le militant François Saillant.

Ils suggèrent aussi de lancer un débat sur la stratégie du parti, évoqué par Gabriel Nadeau-Dubois.

« Nous proposons que QS mette en place “des espaces de délibérations démocratiques ad hoc” permettant que ce débat soit mené en profondeur et débouche sur une série d’orientations stratégiques qui pourraient être discutées et votées à son congrès de l’automne 2024 », avancent-ils.