(Québec) Les immigrants peuvent contribuer à résorber la crise du logement, affirme Québec solidaire, qui propose une voie rapide vers l’immigration permanente pour les nouveaux arrivants travaillant dans l’industrie de la construction.

« On souhaite faire des propositions constructives pour relancer la construction au Québec. On ne construit pas assez au Québec, les mises en chantier sont à la traîne, et on ne réglera pas la crise si on ne construit pas plus de logements », affirme le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en entrevue avec La Presse.

Il demande donc au gouvernement Legault de créer un projet pilote pour offrir une « voie rapide » vers l’immigration permanente aux travailleurs étrangers qui choisissent le domaine de la construction.

La demande est pressante : selon la Commission de la construction du Québec, l’industrie aura des besoins annuels d’environ 16 000 nouveaux travailleurs d’ici à 2027 pour répondre aux besoins et remplacer les départs.

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Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire

Et il est vrai que les immigrants sont moins nombreux dans le secteur de la construction au Québec que dans d’autres provinces canadiennes. M. Nadeau-Dubois y voit une « opportunité ». « C’est pour ça qu’on fait cette proposition. On peut avoir un système d’immigration généreux, conforme aux valeurs d’accueil des Québécoises et Québécois », a-t-il dit.

La Presse rapportait en février que seulement 3 % des immigrants temporaires travaillent dans le secteur de la construction, deux fois moins que dans la population active du Québec (7 %), selon l’Institut du Québec.

Le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard souligne qu’il existe trois projets pilotes de voie rapide, un pour les préposés aux bénéficiaires, un pour le secteur de la transformation alimentaire, et un autre pour les technologies de l’information et l’intelligence artificielle.

Effet d’entraînement

« On en propose un quatrième », indique-t-il. La clientèle visée : « tous les résidents temporaires qui sont déjà au Québec, que ce soit des réfugiés ou des gens qui ont un permis de travail ouvert ou fermé », a-t-il indiqué. Un immigrant temporaire qui a travaillé 12 mois dans l’industrie de la construction au cours des 24 derniers mois aurait accès à cette voie rapide.

« Quand on fait ce genre de programme, il y a un effet d’entraînement […] Les gens vont rejoindre ce milieu. C’est le même effet qu’on espère avoir », a dit M. Cliche-Rivard.

Québec solidaire souhaiterait que ce programme attire 550 personnes par année, soit le maximum prévu par la loi pour un projet pilote. Sur une durée de cinq ans, cela voudrait donc dire 2750 nouveaux travailleurs.

« Ce n’est pas à négliger. Ça peut significativement contribuer à relancer les chantiers. Ce n’est pas seulement symbolique », a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Un « défi », mais aussi une « opportunité »

Il veut ainsi répondre au premier ministre François Legault et au chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui montrent du doigt le rôle de l’immigration dans la crise du logement. La semaine dernière, M. Legault a affirmé que la hausse importante du nombre d’immigrants temporaires « amène des problèmes énormes pour les Québécois. Il nous manque d’enseignants, d’infirmières, de logements, et ça pose un vrai défi pour l’avenir du français, en particulier à Montréal ». Samedi, M. St-Pierre Plamondon a affirmé que l’immigration était la principale cause de la crise du logement.

M. Nadeau-Dubois a déploré ce discours des deux chefs de parti, qui « parlent d’immigration de la même manière », soit comme « un problème et une menace ».

« On pense que l’immigration représente un défi en pleine crise du logement. Surtout l’explosion récente de l’immigration temporaire. Mais ça peut aussi être une opportunité pour relancer la construction », a expliqué le député de Gouin. « Sans nier l’existence du défi, on cherche des solutions pour faire fonctionner le système d’immigration », a-t-il ajouté.

Il a d’ailleurs critiqué la proposition du Parti québécois de geler l’arrivée de nouveaux travailleurs étrangers temporaires. Un gel, a dit M. Nadeau-Dubois, n’est « ni raisonnable ni réaliste compte tenu des besoins de main-d’œuvre dans plusieurs régions du Québec ».