(Québec) La stratégie régionale moussée par la ministre Martine Biron pour justifier l’ouverture d’un bureau du Québec à Tel-Aviv est absente dans les documents de son propre ministère, déplore le Parti québécois (PQ).

Le gouvernement répond pour sa part que c’est un « premier pas au Moyen-Orient ».

Le député péquiste Pascal Paradis a ainsi accusé la ministre des Relations internationales de manquer « de franchise et de transparence » dans la controverse sur l’ouverture de cette représentation diplomatique en Israël.

Vendredi, la ministre soulignait de nouveau que ce bureau, ouvert juste avant le conflit entre Israël et le Hamas, allait servir pour brasser des affaires partout dans la région.

« C’est vraiment la porte d’entrée du Moyen-Orient, avait-elle dit. Puis, il y a des affaires qui se font en Turquie, au Liban, aux Émirats arabes. Ce n’est pas juste Israël. »

Or, des documents internes obtenus par le PQ ne font nulle mention d’une quelconque stratégie régionale pour que ce bureau serve à nouer contacts et relations dans les pays voisins.

La Presse Canadienne a pu consulter les 78 pages de documents et de courriels caviardés par endroits.

Ils évoquent de nombreux motifs militant en faveur d’une représentation diplomatique en Israël, mais rien sur cette stratégie régionale ou un rayonnement du bureau hors des frontières de l’État hébreu.

Il est abondamment question de développement des relations gouvernementales, économiques, académiques, culturelles avec Israël, mais pas avec ses voisins.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député du PQ Pascal Paradis

Selon le député péquiste Pascal Paradis, quiconque est familier avec les relations internationales sait très bien que l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv n’est pas une bonne idée pour favoriser les relations avec les pays du Moyen-Orient dans le contexte actuel.

« Ce n’est pas vrai qu’on va appeler ou on va dire “bonjour, je vous appelle de notre nouveau bureau à Tel-Aviv, ouvert pendant l’offensive à Gaza pour brasser des affaires avec vous aux Émirats arabes unis, au Liban ou en Turquie” », a ironisé M. Paradis.

Le bureau de la ministre a tenu à riposter. Dans des messages en réponse aux questions de La Presse Canadienne, le cabinet a fait savoir que l’ouverture du bureau de Tel-Aviv est « mûrement réfléchie » et que c’est « un premier pas au Moyen-Orient », peut-on lire.

« Le PQ dit qu’on n’a pas de stratégie alors qu’on a bien analysé le tout avant d’ouvrir », poursuit-on.

« J’aimerais savoir, du gouvernement, de la ministre, du premier ministre, s’ils pensent que c’est le bon message à envoyer, là (en ouvrant une représentation diplomatique en Israël), avec 30 000 morts, des centaines de milliers de Palestiniens en famine, en déplacements forcés, la destruction massive des infrastructures à Gaza, la prise d’otages qui continue », a argué M. Paradis en point de presse.

Mardi, le PQ avait reproché à Mme Biron d’avoir retenu de l’information sur le Bureau du Québec à Tel-Aviv.

La ministre avait indiqué à quelques reprises, notamment le 21 mars, qu’étant donné le conflit actuel, le chef de poste affecté au nouveau bureau travaillait depuis Montréal. Or Radio-Canada a appris que le chef de poste séjournait en Israël depuis le 26 février et devait rentrer mercredi.

Le PQ réclame la suspension des activités du bureau tant et aussi longtemps qu’il n’y a pas un cessez-le-feu.