Les États-Unis ont annoncé mardi qu’ils continueraient à parachuter de l’aide humanitaire sur la bande de Gaza, malgré l’appel du Hamas à cesser ces opérations après la mort de 18  Palestiniens, dont 12 noyés en mer, en essayant de récupérer des colis de nourriture.  

Malgré le vote lundi d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu « immédiat », la guerre fait toujours rage dans le territoire palestinien assiégé par Israël et menacé de famine.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi que 12 personnes, dont des enfants, avaient été tuées dans une frappe aérienne israélienne sur la tente d’une famille de déplacés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

La frappe a touché le secteur d’al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, devenu un camp planté de milliers de tentes qui abritent des déplacés chassés par la guerre des régions plus au nord.

Contactée par l’AFP, l’armée a indiqué qu’elle vérifiait ces informations.

Des images de l’AFP ont montré un épais nuage de fumée s’élevant dans la nuit au-dessus de la ville voisine de Rafah et une boule de feu dans le ciel.  

Signe d’une situation humanitaire désespérée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en mer en essayant de récupérer de la nourriture parachutée et six tuées dans des bousculades dans les mêmes circonstances.

Le Hamas a appelé les pays concernés à cesser ces opérations et demandé l’ouverture des accès terrestres pour l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël.

« Mourir pour une boîte de thon »

L’aide, très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants, arrive principalement depuis l’Égypte via Rafah, et ne parvient que très difficilement dans le nord du territoire.

« Les parachutages d’aide sont l’un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l’aide dont les Palestiniens de Gaza ont si désespérément besoin et nous allons continuer à le faire », tout en « travaillant sans relâche pour augmenter l’arrivée d’assistance humanitaire par voie terrestre », a déclaré mardi la Maison-Blanche.

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite en Israël, a plaidé pour étendre massivement les livraisons de vivres à Gaza en facilitant le passage des camions.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des bénévoles servent des repas, à Rafah.

Le Hamas a dit avoir « prévenu » les pays impliqués du « danger » de ces opérations, notamment « car une partie de cette aide tombe dans la mer ».

Au sol, les habitants observent les parachutes et se précipitent quand ils atterrissent, se bousculant et se battant même.

« Des gens meurent pour une boîte de thon », a lancé l’un d’eux, Mohamad Al-Sabaawi, brandissant l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer.

De retour chez lui, dans la ville de Gaza, un autre Palestinien juge sa situation misérable.  

« Nous attendons les largages d’aide, nous sommes prêts à mourir pour obtenir une boîte de haricots, que nous partageons ensuite entre 18 personnes », confie-t-il.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 32 414 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Mardi, Israël a confirmé avoir « éliminé » le numéro 2 de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, dans une frappe menée il y deux semaines. La mort de cet homme, considéré par Israël comme l’un des organisateurs de l’attaque du 7 octobre, avait déjà été annoncée par la Maison-Blanche.

Israël furieux

Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu, par 14 voix pour et une abstention, celle des États-Unis qui avaient jusqu’alors bloqué trois projets de résolutions mentionnant un « cessez-le-feu ».

Furieux contre les États-Unis, Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington.  

Les États-Unis ont redoublé de pressions ces dernières semaines contre Israël pour qu’il épargne les civils et renonce à son offensive terrestre annoncée contre la ville de Rafah, où sont massés, selon l’ONU, près d’un million et demi de Palestiniens, en majorité des déplacés.  

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a jugé mardi « trop élevées » les pertes civiles et l’aide humanitaire « beaucoup trop faible » dans la bande de Gaza, au moment d’accueillir au Pentagone son homologue israélien, Yoav Gallant.

Le Hamas a salué l’appel à un cessez-le-feu et accusé Israël d’avoir provoqué « l’échec » des pourparlers menés à Doha par l’intermédiaire du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis en vue d’une trêve accompagnée d’une libération des otages.

PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

Malgré le vote lundi d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu « immédiat », la guerre fait toujours rage dans l’étroite bande de terre contrôlée par le Hamas depuis 2007.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé que le Hamas avait réitéré des « exigences extrêmes ».

Le Qatar a indiqué mardi que les pourparlers se poursuivaient à Doha.

Trois hôpitaux visés

Alors que moins d’un tiers des hôpitaux de la bande de Gaza sont opérationnels, et ce partiellement, d’après l’ONU, trois hôpitaux, accusés par Israël d’abriter des bases du Hamas sont visés par des opérations de l’armée.

Une opération a débuté le 18 mars autour et dans l’hôpital al-Chifa de la ville de Gaza, dans le nord, le plus grand du territoire, où l’armée a dit avoir tué 170 combattants palestiniens.

PHOTO FORCES DE DÉFENSE ISRAÉLIENNE, FOURNIE À REUTERS

Un soldat israélien près de l’hôpital al-Chifa, où l’armée israélienne affirme avoir trouvé des armes, dans la ville de Gaza.

À Khan Younès, les soldats encerclent l’hôpital Nasser, selon le Hamas et des témoins qui ont fait état de tirs.

À environ un kilomètre de là, l’hôpital al-Amal a aussi été visé depuis dimanche. Il est aujourd’hui « hors service », a indiqué mardi le Croissant-Rouge palestinien, après que l’armée a évacué ses occupants.

Une organisation libanaise liée au mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé mercredi la mort de sept personnes dans une frappe nocturne survenue dans le sud du Liban.

Un responsable du groupe Jamaa Islamiya a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat, car non autorisé à parler à la presse, que «  sept secouristes » ont été tués dans une frappe contre un centre d’urgence à Habariyeh, près de la frontière avec Israël.