Des dizaines de Palestiniens ont été tués mercredi dans d’intenses bombardements israéliens sur la bande de Gaza assiégée et menacée de famine, où des affrontements opposent soldats israéliens et combattants palestiniens du Hamas aux abords de plusieurs hôpitaux.

Déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, la guerre ne connaît aucun répit dans le territoire palestinien assiégé, où 76 Palestiniens ont péri en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Une boule de feu a illuminé le ciel nocturne au-dessus de Rafah après une frappe aérienne sur cette ville du sud de la bande de Gaza où sont massés 1,5 million de Palestiniens selon l’ONU, en majorité des déplacés qui vivent sous la menace d’une offensive terrestre annoncée par Israël.

« Des gens étaient assis et tout à coup, des débris ont envahi l’endroit. Ils ont échappé à la mort (avant de se réfugier à Rafah), pour l’affronter ici », a raconté Moussa Dahir, rescapé d’une frappe dans cette ville qui a tué ses parents et détruit sa maison.

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Frappes sur Rafah

Pendant ce temps, l’armée qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit son opération lancée le 18 mars dans le complexe hospitalier al-Chifa de Gaza-Ville dans le nord. Elle a dit avoir tué jusque-là « des dizaines de terroristes », en avoir arrêté « des centaines » et saisi des armes.

À Khan Younès dans le sud, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et al-Amal, distants d’environ un kilomètre.

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À Rafah

L’hôpital al-Amal « a cessé de fonctionner complètement », a indiqué mardi le Croissant-Rouge palestinien après l’évacuation des civils qui s’y trouvaient.

À l’hôpital Nasser, encerclé par des dizaines de chars et de blindés, des milliers de civils s’y trouvaient encore mardi, d’après la même source. Les soldats ne sont pas entrés « à l’intérieur de l’hôpital », a précisé l’armée.

« Libérer les otages »

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 seraient mortes.

En représailles à cette attaque qui a traumatisé le pays, Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une campagne de bombardements intenses sur la bande de Gaza suivie le 27 octobre d’une offensive terrestre durant laquelle elle a progressé du nord au sud du territoire, aux portes de Rafah. Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 32 490 personnes y ont été tuées majoritairement des civils.

Mercredi, le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a appelé « le monde à agir » et faire « tout pour libérer nos otages », après la publication dans le New York Times d’une interview d’une ex-otage du Hamas, Amit Soussana, une avocate de 40 ans qui a fait des révélations d’agressions sexuelles subies pendant sa captivité de 55 jours.

« Certains ne sont pas revenus »

Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.  

Alors que l’aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays arabes et occidentaux parachutent quotidiennement des vivres surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.

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L’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Allemagne et l’Espagne ont parachuté mercredi de nouvelles cargaisons de vivres.

Mardi, le Hamas a annoncé la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en essayant de récupérer de la nourriture parachutée tombée en mer, appelant à l’arrêt des largages et à l’ouverture des accès terrestres pour l’acheminement des aides.

« Quand les parachutes sont tombés à l’eau, de jeunes hommes et des garçons ont commencé à patauger dans leur direction. Malheureusement certains ne sont pas revenus », a raconté à l’AFP Ouday Nassar, témoin du drame de lundi sur une plage de Gaza-Ville.

Israël prêt à discuter de Rafah

Alors qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant lundi à un « cessez-le-feu immédiat » est restée sans effet, le Qatar, pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte, a affirmé le lendemain que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour une trêve associée à un échange d’otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, malgré les obstacles.

Le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou avait exprimé sa colère après l’abstention de l’allié américain, qui a permis l’adoption de la résolution à l’ONU, et avait annulé l’envoi d’une délégation à Washington pour discuter du projet d’offensive terrestre à Rafah.

Mais mercredi, un haut responsable américain a déclaré que les services de M. Nétanyahou avaient « fait savoir qu’ils aimeraient trouver une nouvelle date pour organiser la réunion consacrée à Rafah ».

Les États-Unis ont durci le ton face à l’allié israélien et estiment qu’une offensive terrestre de grande ampleur contre Rafah « risquerait de tuer davantage de civils ».