(Québec) Les partis d’oppositions pressent le gouvernement Legault de construire les maisons pour femmes violentées le plus rapidement possible et à cesser de faire de la « microgestion ».

« Les maisons pour les femmes violentées, il faut que ça se fasse. J’ai lu, ce matin, le reportage, excellent reportage sur l’analyse des coûts. Oui, ça coûte plus cher, mais il faut que ça se fasse. Ça devrait être une priorité de ce gouvernement », a lancé le chef libéral par intérim Marc Tanguay mardi.

La Presse révélait au matin que le gouvernement semblait avoir trouvé une « voie de passage » pour faire débloquer un projet de maison pour femmes violentées à Rouyn-Noranda. Au coût de 9 millions, il comptait 10 appartements. La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, jugeait qu’à 900 000 $ la porte, il était trop coûteux. En ajoutant un studio, il serait désormais acceptable.

M. Tanguay, lui, veut savoir ce qui arrive avec les autres projets bloqués « un peu partout au Québec ». « Il faut agir rapidement. Tout délai, évidemment, est un échec, alors il faut y aller rapidement. Quand le projet sera-t-il livré ? », a-t-il demandé.

Pas comme un bloc-appartements

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, estime de son côté que cette histoire démontre que de « construire une maison pour femmes victimes de violence conjugale, ce n’est pas comme construire un bloc-appartements ».

« Dans un bloc-appartements, on ne met pas des vitres blindées. C’est normal que ça coûte plus cher, une maison pour femmes victimes de violence conjugale. Si on construit un huit logements ordinaires pour du monde ordinaire, on ne mettra pas des portes avec des systèmes de sécurité, des vitres blindées, des salles de crise », a-t-il lancé.

Il estime que « la microgestion » de France-Élaine Duranceau « ralentit les projets ». « Il faut construire vite, au Québec, puis la surcentralisation, où on a, à Québec, une ministre puis une SHQ [Société d’habitation du Québec] qui vient microgérer les projets, là, ce n’est pas la bonne manière de construire rapidement du logement au Québec, surtout pas quand les besoins sont aussi spécifiques que ceux-là », a-t-il dit.

Le péquiste Joël Arsenault renchérit. « La ministre Duranceau a mesuré à retardement l’impact de son propos et de son manque sensibilité à l’égard des femmes victimes de violence lorsqu’elle a dit que ça coûtait trop cher », a dit le député. « Mieux vaut tard que jamais, mais le réflexe de la ministre est extrêmement questionnable. Le gouvernement doit aller de l’avant et appuyer les projets en gestation », a-t-il ajouté.

De son côté, la ministre n’a pas répondu aux questions des journalistes. Son attachée de presse, Justine Vézina, affirme toutefois dans un courriel que ce que les partis d’oppositions qualifient de « micro-gestion » est en fait une « saine gestion des fonds publics » et que des « solutions constructives ont été trouvées rapidement avec les organismes ». « Ces projets importants vont se réaliser comme prévu », a écrit Mme Vézina.