(Québec) Le gouvernement accuse l’opposition de « semer la confusion » sur le projet technologique de reconnaissance faciale à la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Le Parti libéral réclame une commission parlementaire parce qu’il s’inquiète des risques pour la confidentialité et le piratage.

La Commission d’accès à l’information (CAI) demande aussi un débat public sur l’enjeu de la reconnaissance faciale utilisant la même technologie et le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, se dit ouvert à un débat sur le recours à la biométrie, mais on est « loin d’être rendu » à cet usage dans l’État québécois, selon lui.

Il a précisé que la technologie utilisée servira strictement à « faire le ménage » dans la banque de photos de la SAAQ, éliminer les doublons, éviter les fraudes, et non à la reconnaissance faciale, tandis que la CAI a déjà tous les pouvoirs pour autoriser et encadrer le projet.

Ce projet de la SAAQ avait été stoppé il y a moins d’un an par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, mais il est ressuscité, selon ce qu’a révélé Le Journal de Québec mardi.

Le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a laissé entendre qu’il ne faisait pas confiance à M. Caire, pas plus qu’à la SAAQ, responsable du « fiasco » de SAAQclic

« Deux conducteurs fautifs au mauvais dossier : la Société d’assurance automobile du Québec et Éric Caire », a ironisé M. Tanguay, en mêlée de presse mardi matin.

« Je suis tombé en bas de ma chaise, ils veulent aller de l’avant, la SAAQ et Éric Caire, main dans la main, imaginez-vous donc. Êtes-vous rassurés, à la maison ? »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire

Ça ne concerne pas seulement un « ménage de banque de photos », a renchéri sa collègue la députée Michelle Setlakwe. Un tel système d’identification numérique pourrait servir à accéder à une panoplie de services gouvernementaux, a-t-elle expliqué, et il faut donc rassurer les Québécois.

« Leur confiance a été effritée, dans le contexte du fiasco SAAQclic, alors il faut être extrêmement prudent pour éviter un autre fiasco. »

M. Caire plaide que l’autorisation demandée par la SAAQ à la CAI concerne uniquement la gestion de la banque de photos.

« Ça s’arrête à ça », a-t-il assuré en mêlée de presse.

« Cette technologie suscite des enjeux très importants de protection de renseignements personnels, la vie privée, la sécurité de l’information », a soutenu Mme Setlakwe à la période de questions.

« Cette technologie sera utilisée, en premier lieu, pour démêler la banque de photos au sein de SAAQ, mais on sait que c’est la porte d’entrée au système québécois d’identité numérique et que ça peut servir dans différentes plateformes gouvernementales. »

M. Caire a rappelé qu’en vertu de la loi, personne ne peut avoir une banque de données biométriques sans, 60 jours avant son utilisation, en aviser la CAI. L’organisme peut ensuite enquêter, émettre des recommandations et ordonnances.

« Si l’utilisation qui est faite de la banque biométrique n’est pas celle pour laquelle la CAI a donné son autorisation, elle peut exiger la suspension, elle peut exiger l’interdiction de l’utilisation et elle peut même exiger la destruction », a conclu le ministre.