(Québec) En plus d’une baisse du nombre de demandeurs d’asile et d’immigrants temporaires, François Legault demandera officiellement à Justin Trudeau le rapatriement des pleins pouvoirs en immigration au cours de leur rencontre vendredi. Et si la réponse est non, « on va évaluer nos options, et il y a des options qui se présentent », a soutenu le premier ministre du Québec.

Il n’a pas précisé quelles sont ces « options » lors de la période des questions au Salon bleu jeudi.

C’est à cette occasion que le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon l’a questionné pour savoir s’il entend demander à M. Trudeau vendredi que le fédéral lui transfère l’ensemble des pouvoirs en immigration, une promesse caquiste de longue date.

« La réponse courte, c’est oui. Oui, ça va faire partie des points, c’est moi qui ai demandé la rencontre avec M. Trudeau, puis ça va faire partie de mes demandes, donc, de rapatrier tous les pouvoirs en matière d’immigration », a répondu François Legault, ajoutant qu’il réclamera aussi de juguler l’afflux de demandeurs d’asile et d’immigrants temporaires. Il compte tenir un point de presse vendredi afin de faire un compte rendu de la rencontre et de l’accueil offert par M. Trudeau à ses demandes.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon

Plaidant que le gouvernement a « obtenu plusieurs refus » du fédéral dans d’autres dossiers, Paul St-Pierre Plamondon a demandé ce que « compte faire le premier ministre si, concrètement, Justin Trudeau dit non ».

« Évidemment, on va évaluer nos options. Il y a des options qui se présentent, on est déjà en train de les évaluer », a répondu François Legault. Il n’a pas ouvert son jeu, préférant décocher une flèche à son adversaire.

Ce qui est clair, là, c’est qu’un gouvernement du Parti québécois n’aurait aucune crédibilité pour faire des gains avec Ottawa parce que l’objectif du Parti québécois, c’est que ça ne marche pas avec Ottawa pour mousser le référendum sur la souveraineté.

François Legault

Quelles options ?

Quelles sont ces options dont le premier ministre parle ? Son entourage n’a pas voulu le préciser.

En campagne électorale, François Legault avait lancé l’idée de tenir un référendum sur le rapatriement à Québec des pleins pouvoirs en immigration afin de forcer la main à Ottawa. Toujours en 2022, il disait que le Québec risquait de devenir une « Louisiane » si Ottawa ne répondait pas à sa demande. Il faisait de cet enjeu une « question de survie pour la nation québécoise ».

En février, le premier ministre déclarait toutefois qu’il « ne pense pas qu’on a besoin de faire un référendum pour demander aux Québécois s’ils souhaiteraient qu’on rapatrie les pouvoirs à Québec en immigration ». « Je pense que c’est consensuel, ajoutait-il. On n’exclut pas de le faire, mais ce n’est pas à cette étape-ci nécessaire, puisque c’est une évidence. »

Lors de l’année électorale, le premier ministre avait également évoqué la tenue d’états généraux ou d’une commission de style Bélanger-Campeau sur les pouvoirs en immigration.

« Journée importante »

Peu de temps après la sortie du premier ministre en Chambre, son entourage a voulu recadrer le message en affirmant que M. Legault « priorise surtout des demandes plus pressantes » en vue de la rencontre avec Justin Trudeau, plus précisément au sujet des demandeurs d’asile.

Le premier ministre a fait valoir brièvement devant les journalistes que « la situation actuelle ne peut plus durer » et que vendredi est une « journée importante ».

En janvier, il a envoyé une lettre à son homologue, écrivant que le Québec est rendu à un « point de rupture en raison du nombre excessif de demandeurs d’asile » qui arrivent sur son territoire. La situation est devenue « insoutenable », selon lui.

Il a demandé entre autres de « freiner et diminuer l’afflux de demandeurs d’asile […] en resserrant la politique canadienne d’octroi des visas, de répartir équitablement les demandeurs d’asile sur l’ensemble du territoire canadien et en fonction des capacités d’accueil, et de rembourser au Québec les sommes encourues pour l’accueil des demandeurs d’asile ».

Le gouvernement réclame 1 milliard de dollars pour éponger la facture des services rendus aux demandeurs d’asile.

Jusqu’ici, Ottawa a accordé 100 millions à Québec et a réimposé le visa pour une bonne partie des Mexicains qui désirent venir au Canada.

Ottawa a par ailleurs annoncé son intention de dépasser au besoin les seuils d’immigration du gouvernement québécois en matière de regroupement familial à cause des longs délais de traitement des demandes que ces quotas occasionnent. Québec y a vu un « affront direct » à ses champs de compétence.