En neuf ans et deux mandats majoritaires à la tête du pays, Brian Mulroney a laissé sa marque tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Quels sont ses legs ? Les bons comme les contestables ? En voici neuf.

Rétrocession des terres à Mirabel (1985)

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

L’aéroport international Montréal-Mirabel

Le 27 mars 1969, Ottawa annonce son choix de Sainte-Scholastique (devenue Mirabel) pour construire le nouvel aéroport international de Montréal. Du coup, 97 000 acres de terres agricoles sont expropriées, ce qui bouleverse la vie de milliers de personnes. La rétrocession de 80 000 acres de terre, le 27 mars 1985, sera une des premières réalisations du gouvernement Mulroney. En décembre 2006, sous le gouvernement Harper, 11 000 acres de plus sont rétrocédées.

Vague de privatisations (1985-1993)

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

À la fin des années 1980, le gouvernement de Brian Mulroney a privatisé Air Canada.

Dès son entrée en fonction, le gouvernement Mulroney se lance dans une vague de privatisation des sociétés d’État. Une ministre d’État à la privatisation, Barbara McDougall, sera même nommée. De 61 sociétés à l’arrivée des conservateurs, le nombre baisse à 55 en avril 1987. S’ajoutent aussi les privatisations d’Air Canada (1988-1989) et de Petro-Canada (15 % en 1991). De Havilland, Canadair, Téléglobe font partie des sociétés vendues.

Lutte contre l’apartheid (1985)

PHOTO CHUCK MITCHELL, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Brian Mulroney et Nelson Mandela, à l’arrivée de ce dernier à Ottawa, le 17 juin 1990, pour une visite de trois jours au pays

Le 20 décembre 1984, après avoir reçu le prix Nobel de la paix, l’évêque sud-africain Desmond Tutu est accueilli par Brian Mulroney à Ottawa. En octobre 1985, le premier ministre fait un discours antiapartheid remarqué à l’ONU. Un discours qualifié par des diplomates d’« inhabituel pour un leader blanc du bloc occidental », selon La Presse. En visite au Canada en juin 1990, Nelson Mandela remercie les Canadiens de leur appui. Le 30 juin 1991 marque la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.

Accord du lac Meech (1987)

PHOTO FRED CHARTRAND, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Brian Mulroney prenant un bain de foule à l’extérieur du centre de conférence où se déroulaient les négociations de l’accord du lac Meech, à Ottawa, en juin 1990

Brian Mulroney fait du retour du Québec dans la Constitution avec « honneur et enthousiasme » un moment clé de sa campagne électorale de 1984. Au printemps 1987, les négociations de l’accord du lac Meech reconnaissant le Québec comme une « société distincte » mènent à l’entente du 23 juin 1987. Mais après trois ans, il n’y a pas de ratification unanime des provinces. Par référendum, le 26 octobre 1992, les Canadiens rejettent aussi l’accord de Charlottetown, seconde tentative de trouver un terrain d’entente.

Accord de libre-échange canado-américain (1988)

PHOTO ARMAND TROTTIER, ARCHIVES LA PRESSE

Le président des États-Unis, Ronald Reagan, en visite à Québec en mars 1985, aux côtés du premier ministre du Canada, Brian Mulroney.

Si la question du libre-échange Canada–États-Unis est au cœur de la campagne électorale de 1988, Brian Mulroney en parlait déjà en 1984. Ça tombe bien, son homologue américain, Ronald Reagan, y est aussi favorable. Le 2 janvier 1988, au terme d’un an de négociations entre les deux pays, l’accord est signé. Le traité prend du galon avec l’adhésion du Mexique dans un traité nord-américain (ALENA) signé le 17 décembre 1992.

Agence spatiale canadienne

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Le Centre spatial John H. Chapman, siège social de l’Agence spatiale canadienne, à Longueuil

Juin 1988. Lucien Bouchard, secrétaire d’État et proche de Mulroney, s’engage pour que la région de Montréal obtienne le quartier général de la future Agence spatiale canadienne. Ce sera effectivement le cas. L’organisme est créé le 1er mars 1989 et le Centre John H. Chapman est construit à Longueuil. L’ASC est toujours en fonction et un de ses astronautes, Jeremy Hansen, participera à Artemis II, première mission lunaire habitée depuis Apollo 17 en décembre 1972.

Adoption de la TPS (1991)

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La TPS existe toujours, mais l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper l’a ramenée à un taux de 5 %.

L’entrée en vigueur de la taxe sur les produits et services (TPS) est sans doute un des legs les plus décriés de l’ère Mulroney. Fixée à 7 %, la taxe entre en vigueur le 1er janvier 1991. Au départ, le ministre de Finances Michael Wilson l’avait fixée à 9 %, mais il a reculé face à la grogne. La TPS existe toujours, mais l’ancien premier ministre Stephen Harper l’a ramenée à un taux de 5 %.

Commission d’enquête sur les peuples autochtones (1991)

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Iqaluit, au Nunavut

À la suite de la crise d’Oka à l’été 1990, le gouvernement Mulroney crée une Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones, chargée d’examiner la situation économique, sociale et culturelle des communautés. L’annonce est faite le 23 avril 1991 au Congrès des Premières Nations à Victoria. Un rapport est remis en novembre 1996. Rappelons aussi que le Nunavut est officiellement créé le 25 mai 1993 à la suite d’une visite de M. Mulroney à Iqaluit.

Traité canado-américain sur les pluies acides (1991)

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Même si on en parle moins, les pluies acides demeurent sous surveillance de nos jours.

En mars 1985, le gouvernement Mulroney annonce un programme de lutte contre les pluies acides. Mais comme la pluie n’a pas de frontières, il est bon d’en parler à son voisin, notamment s’il s’agit des États-Unis. Le 13 mars 1991 est donc signé entre M. Mulroney et le président George W. H. Bush un traité sur la qualité de l’air et la pollution transfrontalière. Même si on en parle moins, les pluies acides demeurent sous surveillance de nos jours.