(Québec) CAA-Québec demande à la ministre des Transports Geneviève Guilbault d’abaisser la limite d’alcool permise au volant à 0,05 dans le cadre de son projet de loi sur la sécurité routière.

« Les effets dans les autres provinces où on a appliqué cette règle depuis de nombreuses années ont été probants. Il y a eu des améliorations de la sécurité routière, et des diminutions de décès. On est rendu là », a indiqué Sophie Gagnon, vice-présidente aux affaires publiques de l’organisme, mardi. Elle participait à l’étude du projet de Mme Guilbault, qui vise à augmenter le nombre de radars photo sur les routes et d’abaisser la limite de vitesse à 30 km/h à proximité des écoles.

CAA-Québec se dit « déçu » de constater qu’« au moment où l’on vise à réduire les décès et les blessures attribuables aux accidents de la route », le projet de loi n’aborde pas tout la question de l’alcool au volant, un « fléau qui brise des vies ».

Mme Gagnon souhaite que le gouvernement instaure des sanctions administratives lorsqu’un conducteur se fait pincer avec un taux d’alcool situé entre 50 mg/100 ml et 80 mg/100 ml.

Elle fait valoir plusieurs arguments :

  • Le Québec est la seule province canadienne où de telles sanctions ne sont pas appliquées, alors qu’elles ont indéniablement prouvé leur efficacité ;
  • Selon un avis de l’Institut national de santé publique du Québec, les résultats de la littérature scientifique montrent que la performance du conducteur dans ses différentes tâches de conduite est affectée de manière significative à partir d’une alcoolémie de 50 mg/100 ml ;
  • L’ensemble de la littérature confirme que l’abaissement de la limite de l’alcoolémie permise dans le Code de la sécurité routière pour la conduite d’un véhicule automobile à 50 mg/100 ml est une mesure efficace pour prévenir les collisions et sauver des vies.

Le verre de trop

Les partis d’oppositions semblaient ouverts à cette proposition. Le libéral Monsef Derraji a affirmé qu’on ne peut pas « répondre d’une manière assez directe à la sécurité routière aujourd’hui » sans « parler d’alcool au volant ».

Le solidaire Étienne Grandmont s’est demandé si le Québec n’était pas « en retard » par rapport aux autres provinces canadiennes, et à une majorité de pays européens.

Pour CAA-Québec, les sanctions administratives, des « amendes ou suspensions temporaires de l’usage d’un véhicule » aurait un effet éducatif « important ». « Ça peut toucher des catégories de gens qui seront sensibilisés à jamais », a dit Mme Gagnon.

L’ex-policier André Durocher, maintenant chez CAA-Québec, a fait valoir que les mentalités ont changé, et que cette mesure permettrait de toucher « la masse » de conducteurs fautifs.

« On trouve que c’est important cette mesure qui viendrait permettre de lever un drapeau rouge pour la personne qui prendrait ce petit verre de vin de trop lors d’un repas. On va vraiment frapper la masse. Les cas de grande intoxication, oui, il y en a, mais ce n’est rien comparé au nombre de personnes dont les capacités sont légèrement diminuées », a-t-il dit.