Piétons Québec demande au gouvernement d’imposer une vitesse maximale de 30 km/h dans toutes les villes de la province pour « sauver des vies ». Autre proposition : l’organisme invite les parlementaires à réfléchir à infliger des sanctions plus sévères aux conducteurs de gros véhicules, comme les camions, mais aussi les camionnettes et les véhicules utilitaires sport.

Ce qu’il faut savoir

  • Piétons Québec demande à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de diminuer la vitesse maximale en ville à 30 km/h pour réduire les accidents mortels.
  • L’organisme demande également aux parlementaires de réfléchir à l’idée de pénaliser davantage les conducteurs lorsqu’ils sont au volant de gros véhicules, car ils sont plus dangereux pour les autres usagers de la route.
  • Le projet de loi de la ministre Guilbault propose de réduire à 30 km/h la vitesse à proximité des écoles et permettrait d’installer plus de radars photo.

« Malheureusement, nous n’avons pas vu dans le projet de loi une réforme majeure qui aurait permis de mettre le piéton au cœur de notre système de mobilité. Alors que les piétons représentent aujourd’hui un décès sur cinq sur les routes du Québec, une telle réforme est pourtant impérative afin de sauver des vies injustement perdues », note l’organisme dans son mémoire, qu’il présentera aux parlementaires ce mardi, lors de l’étude du projet de loi piloté par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Avec son projet de loi, la ministre Guilbault souhaite faire abaisser automatiquement la limite de vitesse à 30 km/h autour des écoles et permettre l’installation d’un plus grand nombre de radars photo.

Mais Piétons Québec presse Québec d’aller beaucoup plus loin et de « prescrire à 30 km/h la vitesse maximale en agglomération ». Même si plusieurs villes, comme Montréal et Québec, ont entrepris ce virage et ont réduit la vitesse dans les rues résidentielles, Piétons Québec estime que le gouvernement doit agir.

Incompatible avec la sécurité des piétons

« La vitesse de 50 km/h est incompatible avec la sécurité des piétons. Alors que les probabilités de survie sont de 25 % lors d’une collision survenant à 50 km/h, elles augmentent à 90 % à 30 km/h. À 30 km/h, la distance qu’il faudra pour s’immobiliser est de 30 m, elle double à 50 km/h, passant à 62 m », soutient l’organisme.

Le mémoire souligne également un angle mort dans le projet de loi : si la ministre veut protéger les enfants, elle ne peut pas limiter son action à proximité des écoles, plaide-t-on.

« De 2011 à 2020, il y a eu 3031 enfants piétons [14 ans et moins] blessés – toutes gravités confondues [léger, grave, mortel] –, dont 42 enfants piétons décédés, sur nos routes au Québec. Moins de 14 % des enfants blessés et seuls 5 % des enfants tués dans la même période se trouvaient dans un environnement scolaire. »

Piétons Québec estime que le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec, s’il souhaite atteindre ses objectifs de protection des piétons, peut agir en modifiant le Code de la sécurité routière.

« Cette limite pourrait être modifiée puisqu’elle est prescrite par le Code de la sécurité routière [et] fixée par le Ministère », explique-t-il.

[La norme actuelle de 50 km/h] nous semble être celle d’une autre époque, où la vitesse de la circulation automobile dans nos milieux de vie était priorisée face à la sécurité et la qualité de vie des personnes qui y habitent.

Extrait du mémoire de Piétons Québec

Et contrepartie, les routes où une municipalité décidera d’appliquer une limite de vitesse supérieure à 30 km/h « devront alors être aménagées de façon à ce qu’elles puissent être traversées en sécurité et que les usagers vulnérables soient séparés physiquement de la circulation ».

Piétons Québec recommande également dans son mémoire de renforcer les règles entourant les passages piétons et fait remarquer qu’il est « tristement de notoriété publique » que les conducteurs « ne respectent pas l’obligation de céder le passage aux piétons ».

Des amendes plus salées pour les chauffeurs de camion

L’organisme invite également les parlementaires à réfléchir à l’idée de pénaliser plus durement les conducteurs de gros véhicules, puisque leurs véhicules sont plus dangereux. Les sanctions liées aux infractions de la route devraient être « proportionnelles à la menace que ces infractions représentent pour la vie et la sécurité des usagers de la route », peut-on lire dans le mémoire.

Au même titre que certaines infractions commises par des automobilistes sont plus fortement sanctionnées que les mêmes infractions commises par des cyclistes […], une telle échelle devrait être applicable aussi entre l’opération d’autres véhicules.

Extrait du mémoire de Piétons Québec

Piétons Québec recommande donc d’ajouter des sanctions différenciées pour « des personnes qui se trouvent au volant d’un camion lourd ». Et ils recommandent aux députés de tous les partis politiques qui vont étudier le projet de loi de réfléchir à cette question pour les automobilistes qui se trouvent au volant d’un véhicule utilitaire sport, d’une minifourgonnette ou d’une camionnette de type pick-up « en raison de leur dangerosité pour les personnes qui se déplacent à pied ».

D’autres regroupements participeront aux travaux de la Commission, notamment l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Fédération québécoise des municipalités, qui sont favorables à la sécurité des enfants près des écoles, mais qui s’inquiètent des « coûts élevés » que pourrait avoir l’aménagement imposé par ce projet de loi dans les zones et les corridors scolaires.

L’UMQ fait toutefois valoir que le déploiement de radars photo à l’usage des municipalités, tel que proposé par le gouvernement Legault, « représente une opportunité de financer les initiatives de sécurité routière sur le réseau routier municipal ».