(Laval) Le nouveau programme de construction créé par la CAQ il y a deux ans n’a encore livré aucun logement, dénonce Québec solidaire, qui plaide maintenant pour que le gouvernement lance une « corvée » de l’habitation s’inspirant d’un succès des années 1980 en offrant des taux d’intérêt plus faibles pour l’érection de logement non privé.

« Les loyers au Québec ont explosé, et ils continuent d’exploser à chaque mois qui passe. Le sujet du logement a été évacué du débat public complet pendant des années. […] La classe politique québécoise, François Legault le premier, ne peut pas décharger sa responsabilité sur les autres », a déploré le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en point de presse lors du caucus présessionnel de son parti qui se tenait à Laval jeudi. Il lance maintenant un appel à l’action.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, au côté de la co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien

Mais avant de faire ses propositions, M. Nadeau-Dubois a écorché la classe médiatique, en soulignant qu’il y a quatre ans, son parti avait fait une sortie pour parler de « l’urgence nationale » de construire du logement. « Un seul journaliste s’était présenté à ce point de presse », a-t-il déploré.

Il croit que le manque d’intérêt pour le sujet du logement coûte maintenant très cher aux Québécois, et que c’est le gouvernement du Québec, et pas le secteur privé, qui doit remédier à la situation.

« Il faut s’inspirer des réussites du passé pour régler les problèmes d’aujourd’hui. Dans les années 1980, en pleine crise du logement au Québec, la classe politique québécoise avait pris ses responsabilités, et le gouvernement du Québec avait lancé une vaste corvée habitation partout sur le territoire du Québec, une vraie offensive nationale de construction de logements qui avait fonctionné », a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Réduire la paperasse

Il estime que le Québec est « dû » pour une « nouvelle corvée habitation », et croit que la CAQ n’a pas été capable de livrer la marchandise en matière de logement.

Après avoir mis fin au programme AccèsLogis, la CAQ a mis sur pied le Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ), qui était censé être plus efficace. « Deux ans plus tard, le bilan de [ce] programme qui était censé régler tous les problèmes, c’est zéro logement construit, puis 46 en chantier. La preuve est dans le pudding. Le programme de la CAQ ne marche pas », a-t-il dénoncé.

M. Nadeau-Dubois veut s’inspirer de l’esprit d’une « corvée » lancée dans les années 1980 pour construire des logements.

Les propositions de Québec solidaire

  • Réduire la paperasse des programmes gouvernementaux pour faire décoller les projets plus rapidement
  • Offrir un taux d’intérêt préférentiel aux projets de logements hors marché, c’est-à-dire qui ne sont pas l’initiative du secteur privé
  • Encourager l’aménagement de maisons bigénérationnelles ou de logements additionnels dans les maisons unifamiliales, pour favoriser une « densification douce »

Quel programme pourrait remplacer le PHAQ ? Combien coûterait le programme de taux d’intérêt plus faibles, pourquoi ne pas inclure le secteur privé ? « Tous les détails ne sont pas ficelés ce matin », a rétorqué M. Nadeau-Dubois.

La co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien souligne que les régions souffrent également de la crise du logement. « Le 1er juillet dernier, il n’y avait littéralement aucun logement de disponible à Roberval ou à Gaspé », a-t-elle déploré. « C’est un gros frein au développement économique de nos régions », a-t-elle dénoncé. Elle estime que depuis son élection de 2018, la CAQ a abandonné ses électeurs en région en ne se souciant pas de cette crise qui empêche maintenant des travailleurs de s’y établir.