(Laval) Québec solidaire veut réduire le nombre des 500 0000 immigrants temporaires séjournant au Québec, car ils exercent une pression trop importante sur les services publics. Du même souffle, son chef parlementaire affirme que cette opération sera compliquée puisque le départ de travailleurs causera d’autres problèmes.

« C’est trop parce que c’est un mauvais modèle, et parce que sur une population de quelques millions de personnes, ce n’est pas raisonnable 500 000 immigrants temporaires », a lancé le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, en marge du caucus présessionnel de son parti.

Il a ensuite ajouté qu’au-delà du chiffre, la question forcera le gouvernement à faire un choix difficile. « De qui est-ce qu’on peut se passer au Québec en termes de travailleur étranger temporaire ? Est-ce que ça veut dire qu’on laisse des fraises dans des champs ? Est-ce que ça veut dire qu’on enlève du personnel qui travaille en RPA parce que ces gens-là sont des travailleurs étrangers temporaires ? », a-t-il ajouté.

Ses adversaires ont rapidement réagi sur les médias sociaux. Stéphane Gobeil, directeur de la planification stratégique du premier ministre François Legault, a qualifié la sortie de « salto arrière complet » de la part de M. Nadeau-Dubois, qui admet « enfin » qu’il y a « une limite à la capacité d’accueil du Québec ». Le péquiste Stéphane Handfield parle d’un « virage à 180 degrés de QS qui après des années de dénigrement des faits et du PQ, se rallie à ce qu’on dit depuis trois ans ».

Québec solidaire réplique que le parti critiquait dès 2021 le modèle d’immigration temporaire, et qu’en septembre dernier, M. Nadeau-Dubois affirmait déjà que le nombre d’immigrants temporaires était trop élevé.

Mais cette question est sensible pour le parti, qui reproche au PQ de faire un lien direct entre le trop grand nombre d’immigrants et la crise du logement par exemple. En reconnaissant que la capacité d’accueil du Québec est dépassée, est-ce que M. Nadeau-Dubois donne raison à Paul St-Pierre Plamondon ?

« Est-ce que l’explosion dans les deux dernières années a pu ajouter dans certaines régions de la pression sur le marché locatif ? Bien sûr. Mais la crise du logement elle se prépare depuis 10 ans au Québec et la cause numéro 1 de la crise du logement ce n’est pas l’immigration, c’est l’inaction de la classe politique depuis 10 ans », a-t-il indiqué.

Québec peut agir

QS martèle que le gouvernement Legault a tous les leviers pour réduire l’immigration temporaire, que M. Nadeau-Dubois associe à une « immigration privatisée, où les entreprises selon leurs besoins main-d’œuvre immédiats font venir des gens de l’extérieur pour travailler sur des statuts temporaires ».

Il préfère une « immigration permanente, régionalisée, francisée, qui s’intègre à la société québécoise » et souhaite que le gouvernement du Québec mandate des experts pour étudier la capacité d’accueil de la province.

Le député Guillaume Cliche-Rivard, responsable de l’immigration, a ajouté que le resserrement du nombre d’étudiants étrangers annoncé par le gouvernement fédéral n’aura pas d’impact au Québec. « On n’atteint pas les seuils maximums que le fédéral a fixés, même dans la réduction. On tourne autour de 72 000 étudiants étrangers, ça serait un maximum autour de 80 000 », a-t-il résumé.

Le PQ dans la mire

M. Nadeau-Dubois et M. Cliche-Rivard ont pris pour cible le Parti québécois, premier dans les sondages, sur la question de l’immigration. Avec une cible de 35 000 immigrants permanents, qui pourrait être revue à la baisse, il est « complètement isolé », ont-ils résumé, « personne ne propose des seuils aussi bas au Québec ».

M. Cliche-Rivard est revenu sur son empoignade avec le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon sur les médias sociaux, et souhaite toujours débattre avec lui. Il demande où le Parti québécois compte couper. « Je veux l’entendre, je veux le savoir : où est-ce qu’on va couper si on passe de 68 000, le plan caquiste, à 35 000 ou 30 000, qui va être impacté », a-t-il dit.

Il a cité en exemple les Québécois qui attendent impatiemment que leur époux ou épouse puisse venir vivre au Québec. « Ce sont de familles qui attendent depuis deux, trois ans d’être réunis avec leur famille. On leur dirait : vous allez attendre six, sept ans. Pour moi, c’est déraisonnable », a-t-il affirmé.