(Thetford Mines) Marc Tanguay ne croit pas que le Québec peut réduire ses seuils d’immigration au cours des prochaines années. C’est même plutôt le contraire. « On n’aura pas le choix pour notre économie » d’en accueillir plus, avance-t-il.

Au deuxième jour du caucus présessionnel du Parti libéral du Québec (PLQ) à Thetford Mines, le chef par intérim de l’opposition officielle a une fois de plus exigé du gouvernement Legault qu’il intègre l’immigration temporaire à sa planification pluriannuelle. En décembre dernier, leur nombre a franchi le cap du demi-million dans la province. Les travailleurs étrangers représentent 43 % du total de cette catégorie.

Selon M. Tanguay, le slogan de la Coalition avenir Québec (CAQ) lors de la dernière campagne électorale – « en prendre moins, mais en prendre soin » – était un mensonge, dans le contexte où le gouvernement a échoué à documenter puis à augmenter la capacité d’accueil du Québec.

« On va en avoir besoin de plus [d’immigrants]. Pour l’instant, on a 500 000 temporaires et on ne répond pas à leurs [besoins] essentiels. Il faut régler ça au plus sacrant et François Legault n’a rien fait pour augmenter la capacité d’accueil », a-t-il dit.

Selon les prévisions effectuées par le gouvernement du Québec, « près de 1,6 million d’emplois » devront être pourvus au Québec au cours de la période 2022 à 2031 « par des personnes qui ne sont pas actuellement sur le marché du travail ».

« Les 500 000 [immigrants temporaires] travaillent. Ce matin, on en a besoin. L’échec de François Legault, c’est qu’il n’a pas travaillé sur la capacité d’accueil. Il est temps qu’il se ressaisisse, qu’il ait un tableau d’ensemble, [à la fois] les permanents et les temporaires, et qu’il mette les régions dans le coup », a ajouté M. Tanguay.

Tous les partis se prononcent

La semaine dernière, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part affirmé qu’il pourrait revoir son seuil d’immigration permanente à la baisse à la lumière de la forte augmentation dans la filière temporaire, qui est selon lui « hors de contrôle », et de la crise du logement qui s’aggrave.

Déjà, lors de la dernière campagne électorale en 2022, la formation souverainiste proposait de l’établir à 35 000 nouveaux arrivants par année, une cible inférieure à celle de ses adversaires. À titre comparatif, le Québec doit accueillir en 2024 jusqu’à 64 600 immigrants permanents.

À quelques jours de la reprise des travaux à Québec, la question de l’immigration suscite à nouveau les passions. Québec solidaire et le Parti québécois se sont mutuellement accusés sur les réseaux sociaux de polariser le débat.

« À les entendre [les péquistes], la cause principale de la crise du logement ne serait pas la spéculation immobilière, les évictions, ou encore les reculs dans les mises en chantier. Non ! Pour eux, la cause principale de la crise du logement, soudainement, ce sont les immigrants », a accusé le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard.

Pour sa part, le premier ministre François Legault a également écrit la semaine dernière à son homologue fédéral Justin Trudeau en lui demandant de freiner l’afflux de demandeurs d’asile dans la province, affirmant que celle-ci met une pression supplémentaire sur des services publics confrontés à leur « point de rupture ».

Le leader parlementaire du parti, Monsef Derraji, a ajouté mercredi que la mauvaise planification caquiste en immigration crée une pression supplémentaire sur les services publics, à la fois en santé, en éducation et en petite enfance.

« Depuis le début, M. Legault joue la carte de l’hypocrisie avec l’immigration. […] Il disait aux Québécois qu’il va en amener moins pour en prendre soin. En fait, il a contrôlé la porte d’entrée, mais il a laissé la porte du garage ouverte », a-t-il dit.

Après avoir envoyé ses députés effectuer une tournée régionale en Chaudière-Appalaches mardi, le PLQ a également affirmé que le Québec est devenu « l’enfer » pour les petites et moyennes entreprises (PME). Le parti demande au gouvernement de ramener un ministre qui leur serait exclusivement dédié.