(Alma) En raison de la crise du logement qui s’est aggravée depuis les dernières élections, le Parti québécois pourrait revoir à la baisse son engagement électoral de ramener les seuils d’immigration à 35 000. La formation précisera aussi d’ici l’été sa cible en matière d’immigration temporaire, devenue « hors de contrôle ».

« On reprend le calcul à zéro en fonction d’un contexte qui a évolué substantiellement sur le logement », a fait valoir le chef Paul St-Pierre Plamondon mercredi, en ouverture du caucus de sa formation réunie à Alma.

Les troupes péquistes placent d’ailleurs l’accès à la propriété et au logement en tête de leurs priorités pour la session parlementaire de l’hiver, qui débute le 30 janvier.

Le Parti québécois a annoncé mercredi qu’il lançait un « chantier national sur le logement » pour trouver des « remèdes de cheval » pour « renverser » la crise actuelle. Ces solutions seront présentées lors du Conseil national de la formation, dont le thème sera d’ailleurs le logement, en avril. « Ça inclut l’accès à la propriété, l’itinérance, l’abordabilité des propriétés », a énuméré M. St-Pierre Plamondon.

Du même coup, le chef péquiste admet que le contexte a changé depuis la dernière élection et révisera d’ici l’été sa cible électorale de ramener les seuils à 35 000 immigrants permanents.

Le Parti québécois s’est engagé à fournir en 2024 une réplique à l’Initiative du siècle, un groupe de pression canadien qui fait la promotion d’une croissance soutenue de l’immigration au Canada.

C’est dans ce cadre que le Parti québécois révisera « ses calculs » et présentera ses chiffres à jour. M. St-Pierre Plamondon n’écarte pas que sa cible de 35 000 (pour l’immigration permanente) soit abaissée au terme de l’exercice.

Il viendra aussi établir une cible pour l’immigration temporaire, qui a explosé au fil des ans. Le Québec a franchi le cap des 500 000 immigrants temporaires en 2023.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

« On refait le calcul en fonction de la situation actuelle et on vous reviendra quand on aura quelque chose de plus concret, mais je ne veux pas ouvrir ou fermer la porte à quoi que ce soit », a résumé le chef péquiste concernant la question des seuils d’immigration.

« C’est vrai qu’à l’élection, non seulement la crise du logement n’était pas aiguë, on n’avait pas toutes les données, mais la question de l’immigration temporaire était presque périphérique », a-t-il rappelé.

« On refait le calcul en fonction de la situation actuelle et on vous reviendra quand on aura quelque chose de plus concret, mais je ne veux pas ouvrir ou fermer la porte à quoi que ce soit », a résumé le chef péquiste.

Le leader péquiste accuse François Legault d’avoir menti à la population lors de la dernière campagne en promettant de limiter le seuil annuel d’immigration à 50 000 pour ensuite fixer son plan gouvernemental à 64 600 immigrants permanents en 2024.

Il le blâme aussi pour ne pas avoir donné suite à la possibilité évoquée en campagne électorale de tenir un référendum sectoriel pour réclamer plus de pouvoirs en matière d’immigration à Ottawa. Dans une réponse en anglais, M. St-Pierre Plamondon a avancé qu’un tel référendum serait gagné avec un appui de 80 %.

« En 2022, on était le seul parti à donner l’heure juste, ça nous a valu certaines critiques, mais qui, en rétrospective, n’étaient pas fondées parce que les économistes disent, en effet, que les seuils d’immigration beaucoup trop élevés comme ceux qu’on a présentement sont la cause principale de la crise du logement », a fait valoir M. St-Pierre Plamondon.

Il accuse au passage les ministres fédéraux Sean Fraser (Habitation) et Marc Miller (Immigration) de « mentir délibérément » à la population. Il ne croit pas non plus au changement de ton du gouvernement Trudeau observé au cours des derniers jours en matière de logement et d’immigration.

Vendredi, les ministres Fraser et Miller ont affirmé que le gouvernement fédéral s’efforce de stabiliser le nombre de personnes qui entrent au pays chaque année, alors que les pressions en matière de logement augmentent.

Recruter une équipe « ministrable »

Paul St-Pierre Plamondon passera moins de temps à l’Assemblée nationale cette session-ci. Galvanisé par des sondages qui le placent maintenant premier dans les intentions de vote devant la Coalition avenir Québec, le leader péquiste part en tournée dans les régions du Québec pour faire connaître son projet de souveraineté et trouver son équipe de candidats « ministrables » qui pourraient être sur les rangs en 2026.

L’engouement était d’ailleurs bien palpable mercredi soir au Lion Bleu d’Alma, où se tenait un rassemblement militant. L’endroit était bondé. « [Paul St-Pierre Plamondon] nous a réconciliés avec le PQ », a lancé Jeanne Larouche, qui s’était déplacée pour l’évènement. Elle se réjouit que le leader ait choisi de remettre la souveraineté au premier plan, en s’engageant à tenir un référendum dans un premier mandat.

« Il ne nous parle pas comme à des imbéciles, il nous parle comme à du monde intelligent. […] Il est honnête, je pense qu’il est dans le bon chemin », ajoute-t-elle.

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Rassemblement du Parti québécois à Alma

« Il ne faut pas qu’il change ce qu’il est », soutient pour sa part Robert Larouche.

Les gens vont l’aimer. Qu’il soit premier ministre un jour, je pense qu’il va être le même homme, un peu comme René Lévesque.

Robert Larouche, au sujet de Paul St-Pierre Plamondon

Ce n’est pas un hasard si le Parti québécois a choisi le Lac-Saint-Jean, ancien fief péquiste tombé aux mains de la CAQ en 2018, pour tenir son caucus. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le chef péquiste vise à reconquérir les cinq circonscriptions régionales (Lac-Saint-Jean, Roberval, Jonquière, Dubuc et Chicoutimi) en 2026.

« C’est important que vous soyez si nombreux. On a une salle comble. C’est très important comme message », a lancé M. St-Pierre Plamondon aux militants entassés dans la microbrasserie. « En ce moment, ce n’est pas juste les sondages, c’est ce que les gens nous disent dans la rue, on suscite de l’espoir », a-t-il ajouté.

C’est d’ailleurs à Alma que devait se tenir le caucus présessionnel de l’automne, mais les troupes péquistes se sont ravisées pour se réunir plutôt dans Jean-Talon, à Québec, où le parti a fait un gain historique lors de l’élection partielle.