(Fredericton) Alors qu’il prépare une année d’élections générales au Nouveau-Brunswick, le premier ministre Blaine Higgs affirme qu’il n’a pas l’intention de revenir sur les changements apportés par son gouvernement à la politique provinciale sur l’identité de genre dans les écoles.

En fait, il semble insister davantage sur le sujet alors qu’il briguera un troisième mandat.

Pour M. Higgs, les droits parentaux sont « très importants ». Ces droits, croit-il, se reflètent dans les modifications apportées par son gouvernement à la politique 713, qui exigent le consentement des parents avant que les enseignants puissent utiliser le nom ou les pronoms préférés pour les élèves transgenres ou non binaires âgés de moins de 16 ans.

Cette politique a été copiée par la Saskatchewan, mais a également donné lieu à de sérieuses dissensions au sein du Parti progressiste-conservateur au pouvoir que dirige le premier ministre Higgs de même qu’à de vives critiques à travers le Canada.

Dans une entrevue de fin d’année accordée à La Presse Canadienne, Blaine Higgs a déclaré qu’il s’attend à ce que cette question figure à l’agenda de la prochaine campagne électorale en vue du scrutin prévu pour le 21 octobre 2024.

« J’ai toujours pensé que les parents devaient jouer le rôle principal dans l’éducation des enfants », a-t-il expliqué. « Personne ne nie la diversité des genres, qui est bien réelle, mais nous devons trouver comment gérer cela. »

Il a été choquant, a-t-il estimé, que la politique initiale permettait aux enseignants de garder les parents dans l’ignorance quant à savoir si leur enfant remettait en question son identité de genre.

C’est le propre ministre de l’Éducation de Blaine Higgs à l’époque, Dominic Cardy, qui a mis en œuvre la politique en août 2020, qui obligeait les enseignants à respecter le nom ou les pronoms préférés des élèves. Les nouvelles règles exigeant le consentement des parents sont entrées en vigueur en juillet.

Le premier ministre a déclaré qu’il n’avait pas prêté une attention particulière au libellé de la politique jusqu’à cette année. « J’oublie comment j’ai eu connaissance que nous avions en fait une clause qui gardait les parents dans l’ignorance. Alors, j’ai dit : “Ça ne peut pas être vrai”. »

Sans fournir de preuves pour étayer ses affirmations, Blaine Higgs a ajouté qu’environ 60 % des jeunes qui remettent en question leur identité de genre « reçoivent une confirmation automatique et sont mis sous une sorte d’hormonothérapie » après leur premier rendez-vous médical.

Rebecca Bromwich, professeure adjointe au département de droit et d’études juridiques de l’Université Carleton, à Ottawa, ignore où M. Higgs avait trouvé cette statistique, car les dossiers médicaux sont confidentiels. « Ça ressemble à une affirmation idéologique plutôt qu’à une affirmation fondée sur des preuves. Et si vous pouvez me montrer la preuve de cela, je croirai le premier ministre », a-t-elle précisé.

Le concept de « droits parentaux », selon Rebecca Bromwich, ne se trouve pas dans la loi canadienne. Les lois sur la protection de l’enfance et la Loi fédérale sur le divorce, a-t-elle signalé, protègent l’intérêt supérieur des enfants. « En vertu de la loi canadienne, nous n’avons pas réellement de concept de droits parentaux. Les droits parentaux impliquent la propriété et les enfants. Les enfants ne sont pas une propriété ».

La professeure Bromwich croit que la position du premier ministre Higgs sur les droits parentaux pourrait être considérée comme un moyen de consolider le soutien parmi les membres anti-LGBTQ de sa base politique.

Une lettre de collecte de fonds du Parti progressiste-conservateur datée du présent mois demande aux membres de signer un « engagement en faveur des droits parentaux » et/ou de faire un don entre 25 $ et 3000 $ pour cette question.

Ce ne sont pas tous les membres du parti qui ont souscrit à la position du gouvernement sur les enfants et l’identité de genre. Les changements apportés à la politique 713 ont déclenché une révolte parmi certains membres de l’Assemblée législative : huit membres du caucus progressiste-conservateur ont esquivé la période des questions en juin en signe de protestation et six membres du gouvernement ont voté avec l’opposition pour forcer l’adoption d’une motion à l’Assemblée législative demandant au gouvernement de faire appel à des défenseurs des droits des enfants et des jeunes pour examiner les changements.

Deux ministres ont claqué la porte et en réponse, Blaine Higgs a remanié son cabinet pour éliminer les dissidents qui n’avaient pas démissionné.

La semaine dernière, les progressistes-conservateurs ont accueilli une partisane supplémentaire des « droits parentaux » en vue de la campagne électorale de 2024. La militante et animatrice de télévision chrétienne Faytene Grasseschi a été élue candidate par acclamation dans Hampton-Fundy-St. Martins, une circonscription adjacente à celle du premier ministre. Mme Grasseschi avait fait campagne pour la nomination en défendant la politique 713.

Blaine Higgs signale que l’arrivée de cette candidate a attiré « beaucoup de nouveaux membres au parti ». Ils ont été séduits, a-t-il ajouté, par « son dévouement, son éthique de travail et sa capacité à démontrer ses convictions ».

Le premier ministre ne craint pas que les convictions de Faytene Grasseschi puissent éloigner du parti les personnes socialement progressistes. « Nous avons une population très diversifiée et elle devient de plus en plus diversifiée. Et nous devons respecter les droits, libertés et croyances individuelles de chacun ».