(Ottawa) Le gouvernement fédéral souhaite s’inspirer d’une initiative d’après-guerre qui visait à accélérer la construction de logements partout au Canada – les « maisons de vétérans », mais avec une touche XXIsiècle.

Un processus de consultation débutera au début de janvier sur l’élaboration éventuelle d’un catalogue de modèles de maisons préapprouvés, afin d’accélérer le processus de construction pour les promoteurs, a annoncé mardi le ministre fédéral du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, Sean Fraser.

Il s’agirait d’une réinterprétation d’une politique de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) amorcée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Pour remédier aux pénuries de logements, la SCHL avait alors élaboré une série de « catalogues de conception de maisons » afin d’accélérer leur construction entre les années 1950 et 1970.

« Alors que des milliers de soldats rentraient chez eux tous en même temps pour retrouver leur famille, le Canada était confronté à d’énormes pénuries de logements, a rappelé le ministre Fraser mardi. Nous avons l’intention de tirer ces leçons de nos livres d’histoire et de les appliquer au 21e siècle. »

De nombreux exemples de ces conceptions de « maisons de vétérans » existent encore aujourd’hui dans divers quartiers du pays, notamment à Montréal dans Côte-Saint-Paul et Villeray, ou à Québec dans le quartier Saint-Charles. Il s’agit souvent de petites maisons à toiture à deux versants.

La « version 2.0 » du catalogue de conceptions préapprouvées se concentrera plutôt sur les immeubles de faible hauteur, tels que les petits multiplexes, les logements étudiants et les résidences pour personnes âgées, puis explorera un catalogue potentiel pour la construction à plus forte densité, indique le gouvernement fédéral.

L’objectif est de permettre que la construction de logements puisse être accélérée pour obtenir l’approbation de la SCHL et d’autres organismes, tout en favorisant une production à plus grande échelle grâce à la construction en usine.

« J’ai vu des estimations d’experts dans le domaine indiquant que cela pourrait réduire jusqu’à un an le délai de construction d’un projet », a déclaré mardi le ministre Fraser, qui croit que ce catalogue devrait être publié dès l’année prochaine.

Le ministre a précisé que ce catalogue ira de pair avec le Code national du bâtiment. Ce code, que le gouvernement envisage de mettre à jour, a ajouté M. Fraser, propose des lignes directrices qui ne sont applicables que si une province ou un territoire choisit de les adopter.

« Fort potentiel d’impact »

Cette idée d’un catalogue de « plans préapprouvés » était l’une des nombreuses recommandations contenues dans un rapport coécrit par l’expert en logement Mike Moffatt et publié plus tôt cette année, intitulé « Accord national sur le logement ».

« Cette initiative a le potentiel d’avoir un impact tangible », a soutenu M. Moffatt en entrevue. La création d’un catalogue aidera à lancer les travaux plus rapidement en accélérant le processus d’approbation à toutes les étapes, du financement jusqu’aux permis municipaux, a-t-il expliqué.

Après avoir publié le rapport l’été dernier, M. Moffatt, qui est directeur principal des politiques et de l’innovation au « Smart Prosperity Institute », a été invité à la retraite du cabinet libéral, fin août, pour parler de la crise du logement au pays.

M. Moffatt estime que le catalogue de plans pourrait également augmenter la productivité dans l’industrie de la construction. « L’un des grands défis que nous aurons à relever pour construire suffisamment de logements est d’avoir suffisamment de main-d’œuvre qualifiée, a-t-il rappelé.

« Et nous devons certainement augmenter le nombre d’ouvriers dont nous disposons actuellement. Mais nous devons également trouver des moyens d’être plus productifs. Et cela nous aiderait à atteindre cet objectif. »

Le gouvernement fédéral a jusqu’ici mis en œuvre plusieurs recommandations contenues dans l’Accord national sur le logement, élaboré par M. Moffatt et d’autres intervenants du secteur.

« Nous avons veillé à réunir les constructeurs d’habitations et les promoteurs du secteur immobilier, ainsi que les universitaires, mais aussi les organisations à but non lucratif », a expliqué M. Moffatt.

« Comme nous avons essentiellement (enfermé) tout le monde dans une pièce pendant une journée et essayé de trouver ce sur quoi nous pouvons tous être d’accord, ça donne, à mon avis, de la crédibilité à ces recommandations. »