De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine : Andrée Laforest

La ministre des Affaires municipales a réussi à faire atterrir en douceur sa réforme de la fiscalité. Son projet de loi a été bien reçu. C’était l’équivalent de ses négociations. Un équilibre raisonnable a été trouvé. Les petites municipalités seront satisfaites de recevoir plus d’argent, tandis que les plus grosses ont obtenu plus de pouvoirs. Mme Laforest permettra aux villes de taxer les logements vacants ou sous-utilisés, comme ceux affectés à la location à court terme. Il est rare qu’une caquiste ose adopter une nouvelle taxe, mais celle-ci sert l’intérêt commun. Autre mesure bien reçue : le partage des recettes de la TVQ avec les municipalités est enchâssé dans la loi, ce qui rendra son abolition plus difficile.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine : Bruno Marchand

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a tenu une conférence de presse, cette semaine, pour faire le point sur le budget entourant le projet de tramway.

Le maire de Québec se démène avec l’énergie du désespoir. On se doutait que les nouvelles seraient mauvaises avec la mise à jour des coûts du tramway, mais c’est pire que prévu. Les coûts n’ont pas seulement bondi. Ils sont si élevés que Québec ne réussit plus à trouver de soumissionnaire. M. Marchand n’abandonne pas. Il croit que le projet n’est pas mort. La Ville pourrait devenir le nouveau chef d’orchestre des travaux en gérant les contrats avec divers entrepreneurs. Mais le gouvernement caquiste a perdu de son enthousiasme, qui était déjà modéré.

Paul Journet, La Presse

Le chiffre de la semaine

64 600

Officiellement, Québec a annoncé cette semaine qu’il fixait son seuil annuel d’immigration à 50 000 nouveaux arrivants permanents pour les deux prochaines années. Or, en ajoutant les étudiants étrangers et les gens d’affaires à qui le gouvernement Legault entend ouvrir les portes, ce nombre pourrait grimper à 64 600 en 2024, selon les estimations faites par le ministère de l’Immigration.

La citation de la semaine

Ça me fait de la peine de voir que l’appui des Québécois baisse. Et puis je vais essayer d’être meilleur.

Le premier ministre François Legault réagissant au sondage Léger publié dans les médias de Québecor. Il s’est fait détrôner par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon au titre de « meilleur premier ministre » et son parti glisse dans les intentions de vote et se fait chauffer par le Parti québécois.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault, en conférence de presse

Legault « meilleur que Chartrand » ?

À quelques jours d’une première journée de grève du front commun, Gabriel Nadeau-Dubois a piqué au vif François Legault mercredi en le comparant au célèbre syndicaliste Michel Chartrand. « Pour donner le goût de faire la grève, le premier ministre est meilleur que Michel Chartrand », a ironisé le leader solidaire dans un échange corsé avec M. Legault sur la dernière offre aux employés de l’État. M. Nadeau-Dubois accusait alors son vis-à-vis d’être chiche lorsqu’il est temps « de donner de meilleurs salaires au monde ordinaire » et pas lorsqu’il « faut signer un chèque pour une start-up suédoise ». Il faisait allusion à la société Northvolt qui touchera de généreuses subventions. François Legault a répliqué par l’attaque : « Le chef de Québec solidaire vient de démontrer pourquoi il ne sera jamais premier ministre du Québec […] il mélange des incitatifs à des entreprises avec des augmentations de salaire ! »

Le NPD en a assez de se faire associer aux libéraux

L’étiquette de « gouvernement NPD-libéral » colle à la peau des néo-démocrates. Il s’agit d’une phrase « trompeuse », s’est indigné le député Daniel Blaikie en Chambre cette semaine, puisqu’un accord de confiance comme celui qu’ils ont signé en 2022 pour soutenir le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau « n’implique pas que ce parti fasse partie d’un gouvernement » ou qu’ils forment une coalition. « Je comprends parfaitement à quel point il est extrêmement embarrassant pour ce député d’être mêlé aux scandales et à la corruption du gouvernement libéral, mais ce n’est pas notre problème », a rétorqué le leader des conservateurs aux Communes, Andrew Scheer. La question, de nouveau soulevée jeudi, a été prise en délibéré par le président de la Chambre.

« Assoyez-vous ! »

Les conservateurs continuent de jouer avec les nerfs du nouveau président de la Chambre des communes, Greg Fergus, dont les interventions sont trop fréquentes au goût de certains députés. Pierre Poilievre a fait allusion à plusieurs reprises mercredi à l’absence du premier ministre Justin Trudeau à la période des questions, ce qui est contraire au règlement. Il n’en fallait pas plus pour que la leader du gouvernement en Chambre, Karina Gould, dénonce « son manque de respect pour la démocratie ». Le chef conservateur a bondi et est resté debout alors qu’il n’avait pas la parole. « Assoyez-vous », lui a crié un élu libéral. D’autres élus libéraux et néo-démocrates se sont levés en guise de protestation. « Les esprits s’échauffent », a constaté M. Fergus en demandant aux députés de se rasseoir. M. Poilievre en a remis une couche en disant que le premier ministre était « paniqué, en position fœtale, tremblant » à cause des « derniers jours de chaos de la taxe carbone », faisant la sourde oreille à un énième appel au respect du décorum.

Une marche dans la neige !

Il y a des libéraux qui ont hâte que la capitale fédérale soit recouverte d’un beau tapis blanc. Ce n’est pas parce qu’ils aiment jouer dans la neige ou faire du ski de fond. Ils veulent que Justin Trudeau imite son père, Pierre Trudeau, et fasse une petite marche dans la neige pour réfléchir à son avenir. C’est notamment le cas du sénateur Percy Downe, qui a livré le fond de sa pensée au sujet de l’avenir du premier ministre, à la lumière de nombreux sondages dévastateurs pour le Parti libéral, dans une lettre d’opinion qui a fait grand bruit cette semaine à Ottawa. Percy Downe a notamment été chef de cabinet de l’ancien premier ministre Jean Chrétien avant d’être nommé au Sénat par ce dernier. « Les membres du Parti libéral sont enthousiastes à l’idée du 29 février prochain. L’année 2024 est bissextile, beaucoup espèrent qu’il neigera ce jour-là », a aussi dit M. Downe à l’hebdomadaire The Hill Times. Il y a 40 ans, le 29 février 1984, Pierre Trudeau a fait une marche dans la neige et a par la suite annoncé qu’il quittait la politique fédérale.

Le retour de la nuit des longs couteaux

Avec la remontée du Parti québécois, on s’est remis à parler du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, d’un référendum dans un premier mandat, de la monnaie et de l’armée québécoises, c’est comme si on remontait dans le temps ! Voilà que Simon Jolin-Barrette s’est lancé à son tour dans la mêlée. Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ) a déposé jeudi une motion pour que l’Assemblée nationale « se souvienne de la nuit des longs couteaux du 4 au 5 novembre 1981 », alors qu’en l’absence de l’ancien premier ministre René Lévesque, le gouvernement fédéral et sept premiers ministres provinciaux avaient conclu une entente pour rapatrier unilatéralement la Constitution canadienne, sans l’accord du Québec. Dans sa motion adoptée à l’unanimité, déposée conjointement avec Sol Zanetti de Québec solidaire et le chef Paul St-Pierre Plamondon du Parti québécois, les parlementaires ont affirmé que « la nation québécoise possède le droit de décider seule de son avenir politique » et qu’elle « entend utiliser les mécanismes constitutionnels et législatifs lui permettant d’affirmer la souveraineté du Parlement québécois ».