(Trois-Rivières) Tous les Canadiens devraient s’inquiéter de la montée des conservateurs au pays, selon le ministre des Transports et lieutenant du Québec, Pablo Rodriguez.

C’est ce qu’il a déclaré en marge du Congrès de la section québécoise du Parti libéral du Canada (PLC), qui a lieu ce week-end à Trois-Rivières.

« On fait face au parti le plus à droite de l’histoire du Canada. Il n’y a jamais eu un parti conservateur aussi à droite, a-t-il affirmé en mêlée de presse. De reculer sur des droits fondamentaux, sur la lutte contre les changements climatiques, sur les armes à feu – parce que les conservateurs ont dit que les armes d’assaut qu’on a banni, ils les rendraient légales encore – c’est sûr que c’est inquiétant d’avoir cette perspective-là. Et c’est à nous de faire notre travail pour que ça n’arrive pas. »

Selon le plus récent coup de sonde de la firme Léger, réalisé à la fin octobre, à l’échelle du Canada 40 % des électeurs ont indiqué qu’ils voteraient pour les conservateurs si des élections étaient déclenchées aujourd’hui, 26 % pour les libéraux, 17 % pour le Nouveau Parti démocratique et 7 % pour le Bloc québécois.

Au Québec, le Bloc québécois obtient 30 % des appuis, devant les libéraux à 27 %, les conservateurs à 22 % et le NPD à 13 %.

Le chef du PLC Justin Trudeau a profité de son discours samedi soir au congrès pour critiquer son rival, le chef conservateur Pierre Poilievre.

Quand il y a des politiciens populistes comme Pierre Poilievre qui disent que tout est brisé, qu’il faut tout "scrapper" et recommencer à zéro, ça peut paraître tentant. Mais ce n’est pas ça qui va amener plus de stabilité et de prospérité à nos sociétés, au contraire.

le premier ministre Justin Trudeau

Il s’est adressé à une foule de militants fébriles – pour la plupart il s’agissait d’un premier congrès libéral. Ils ont accueilli M. Trudeau avec un tonnerre d’applaudissements et ont scandé « Justin, Justin, Justin » avec énergie.

« C’est tough ces temps-ci, a déclaré M. Trudeau. On sort d’une pandémie, [il y a] les guerres dans le monde, il y a l’inflation aussi, tout cela est relié. »

Il a fait mention des incendies de forêt qui ont fait rage cet été à travers le pays et le manque criant de logement abordable. « Ce n’est pas les défis qui manquent ces temps-ci », a-t-il reconnu.

M. Trudeau a dénoncé les conservateurs pour ce qu’il juge être un recul des droits fondamentaux, notamment envers la communauté LGTBQ et les femmes. Il a affirmé que le Parti conservateur recrutait toujours des députés antiavortements.

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Le premier ministre Justin Trudeau lors du congrès de la section québécoise du Parti libéral du Canada.

M. Trudeau a aussi abordé la fragilité des médias dans son discours. « Est-ce qu’on va choisir l’aplaventrisme des conservateurs face aux géants du Web en plus de mettre la clé dans la porte à CBC/Radio-Canada », a-t-il soulevé.

Rappelons que le gouvernement libéral a adopté cet été une nouvelle loi qui oblige les entreprises technologiques telles que Meta et Google à négocier des accords indemnisant les médias pour le contenu d’actualités qu’elles partagent sur leurs plateformes. Meta a réagi en supprimant le contenu d’information canadien.

Justin Trudeau a par ailleurs vanté le bilan du Québec en matière d’énergie pour son hydroélectricité. « C’est une grande fierté pour les Québécois d’avoir été en avance sur tout le monde sur l’énergie propre », a-t-il déclaré, lançant au passage une petite pointe au Bloc québécois.

« On n’a pas besoin du Bloc pour mettre de l’avant les forces des Québécois, la preuve c’est que c’est en s’inspirant des Québécois que notre gouvernement a pu offrir des garderies à 10 $ par jour partout au Canada ».

Pas d’élections dans la mire en 2024

Plusieurs ministres sondés par La Presse Canadienne ont affirmé que Justin Trudeau était toujours l’homme de la situation pour diriger le Parti libéral du Canada.

Il ne semble pas être question d’une élection précipitée en 2024, mais les libéraux se sont dits prêts le cas échéant.

« Notre rôle c’est d’assurer et d’inspirer et de démontrer aux gens qu’on est la meilleure équipe pour naviguer à travers des eaux plus troubles », a déclaré le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

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Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne

« Comme gouvernement minoritaire on doit toujours être prêt, mais je ne vois pas ça à l’horizon », a-t-il ajouté.

M. Rodriguez a abondé dans le même sens. « Il n’y a pas de raison d’avoir une élection parce qu’il y a une grande stabilité à Ottawa présentement. L’entente avec le NPD est en place. Je ne pense pas qu’il y ait de l’appétit de la part des Canadiens d’aller en élection […], mais s’il y a une élection, on sera prêts. »

M. Champagne, qui co-préside le Congrès du Parti libéral du Canada ce week-end, a souligné que ce n’était pas un hasard qu’il se déroule à Trois-Rivières. Il a fait valoir qu’être en région, « ça envoie un message fort ».

« Le renouveau industriel du Québec ça commence d’abord en région », a-t-il déclaré.

Il a vanté le développement des régions dans divers secteurs, citant le contrat de Northvolt en Montérégie et les entreprises GM et Ford en Mauricie–Centre-du-Québec. Il a aussi mis en lumière que le Saguenay–Lac-Saint-Jean sera la plus grande région à produire de l’aluminium au monde si l’on exclut la Chine. « On vient de faire rentrer le Québec dans l’économie du XXIe siècle », a soutenu M. Champagne.

Bientôt une annonce sur l’assurance dentaire

Environ 400 personnes se sont réunies samedi à l’occasion du congrès du PLC. Trois panels étaient à l’horaire au cours de la journée. Un sur le développement économique dans les régions du Québec, le second sur le coût de la vie et le logement, puis une table ronde sur le leadership du Canada dans le monde et la francophonie.

Durant la conférence sur le coût de la vie et le logement, le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos a laissé entendre qu’il y aurait « au cours des prochaines semaines » une annonce concernant l’assurance dentaire au pays.

Il s’agit de l’un des points majeurs de l’entente avec le NPD qui permet aux libéraux minoritaires de gouverner. Cet automne, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a d’ailleurs averti que si un tel programme n’est pas présenté dès l’an prochain, le parti se retirera de l’entente.

« Dans quelques semaines, on va annoncer le départ du plus significatif programme d’aide aux familles de la classe moyenne. Ça va aider neuf millions de familles », a déclaré le ministre Duclos. Sans être précis sur ce programme, il a déclaré du même souffle que neuf millions de familles ne vont pas chez le dentiste parce qu’elles n’ont pas d’assurances privées.