(Québec) Les signaux d’alarme sur le tableau de bord de la Coalition avenir Québec (CAQ) virent au rouge. Pour la première fois depuis qu’il forme le gouvernement, les intentions de vote des troupes de François Legault les placent en zone minoritaire. Dans leur rétroviseur, les caquistes voient de plus en plus près le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.

Selon un sondage réalisé par la firme Léger et qui a été publié mercredi par les médias de Québecor, la CAQ ne récolte plus que 30 % des intentions de vote à l’échelle du Québec, ce qui représente une baisse de 11 points de pourcentage depuis l’élection d’octobre 2022 ayant reporté le premier ministre François Legault au pouvoir.

Autre signal d’alarme : le taux d’insatisfaction des électeurs envers le gouvernement Legault est en forte hausse. Il est passé de 44 % en mai dernier à 53 % dans ce plus récent sondage. À la question demandant qui ferait le meilleur premier ministre, François Legault tombe de son trône, avec 23 % d’appuis. Paul St-Pierre Plamondon le dépasse désormais, à 24 %, soit une hausse de 8 points de pourcentage depuis septembre.

« C’est sûr que ça me fait de la peine de voir la baisse d’appuis des Québécois à mon égard. J’en prends toute la responsabilité. Je sais que les Québécois actuellement souffrent beaucoup de l’augmentation des prix. Et je vais essayer de voir comment je peux mieux les aider », a réagi M. Legault. La mise à jour économique de son ministre des Finances, Eric Girard, sera présentée le 7 novembre.

Le principal facteur expliquant la glissade de la CAQ, « c’est le contexte économique », aux yeux du ministre de l’Économie et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon. « Je pense que l’inflation, le fait que le coût de la vie a augmenté, le fait qu’il y a des gens qui ont un peu de difficulté, c’est sûr que ça a un effet. »

« Plusieurs sont stressés, a-t-il ajouté. D’autres, ça va très bien parce que le Québec s’est amélioré depuis cinq ans par rapport aux autres provinces, mais pas assez. Je pense qu’il faut aller plus vite. Je pense que les gens qui sont un peu plus vulnérables trouvent ça un peu difficile. Je comprends ça. »

Comme le premier ministre, M. Fitzgibbon a laissé entendre que le gouvernement pourrait donner un bol d’oxygène à des contribuables dans la mise à jour économique. « L’aide financière du gouvernement a été extraordinaire, et on va voir la mise à jour la semaine prochaine », a-t-il dit.

Comme d’autres caquistes, le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, a tenté de relativiser le verdict de l’opinion publique en disant qu’« on est à trois ans des élections ».

L’usure du pouvoir

En deuxième position, les péquistes poursuivent leur lancée, après une victoire éclatante lors de la dernière élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon à Québec. Avec 26 % des intentions de vote à l’échelle provinciale, le PQ place désormais le gouvernement Legault en zone minoritaire au Parlement, si des élections avaient lieu ce mercredi.

Selon le député péquiste Pascal Bérubé, « l’usure de ce gouvernement se vérifie chaque jour ».

« [Les Québécois] se reconnaissent dans notre chef qui, selon moi et selon pas mal de monde, représente l’avenir de la politique québécoise », affirme-t-il.

Au sujet de la souveraineté, la présentation et les débats entourant le dépôt du budget péquiste de l’an 1 d’un Québec souverain ne semble pas avoir nui à la popularité du PQ. Le sondage web Léger a été réalisé auprès de 1026 répondants du 27 au 30 octobre, soit après la présentation de M. St-Pierre Plamondon.

« Il n’est pas possible de calculer la marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel. Mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1026 répondants est de+/-3,06 %, et ce, 19 fois sur 20 », précise la firme de sondage dans Le Journal de Québec.

Mauvais résultats pour QS et le PLQ

Si le PQ se réjouit de ce nouveau coup de sonde, les résultats n’ont rien de réjouissant pour Québec solidaire (QS) et leur chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Dans les intentions de vote, le parti recule de 2 points de pourcentage, passant de 17 à 15 %. Seulement 10 % des répondants estiment que M. Nadeau-Dubois ferait le meilleur premier ministre, un recul de trois points depuis le mois de septembre.

« Les sondages passent, il y en a des le fun et des moins le fun. Moi, ça n’affecte pas mon travail », a brièvement affirmé mercredi le leader parlementaire solidaire Alexandre Leduc.

Selon lui, l’intérêt des Québécois pour son parti pourrait augmenter, notamment avec l’élection plus tard en novembre de la nouvelle co-porte-parole féminine de QS, qui se joue entre les députées Ruba Ghazal et Christine Labrie, ainsi que de l’ex-élue Émilise Lessard-Therrien.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Tanguay

Du côté du Parti libéral du Québec (PLQ), l’opposition officielle dirigée par le chef intérimaire Marc Tanguay se maintient au bas fond des intentions de vote, enregistrant tout de même un mince gain de 1 point de pourcentage (passant de 14 à 15 %). Le PLQ a récemment fait le pari d’une course à la direction tardive et choisira son prochain chef en 2025.

« On a une situation [où on a] un chef par intérim, où on n’a pas, disons, un parti qui est en évolution encore. Avant de se positionner très clairement pour le Parti libéral, je pense que les gens vont prendre un moment pour voir ce qui ne marche pas [et c’est] quoi l’alternative », a commenté le député libéral André Fortin.

Du côté des conservateurs d’Éric Duhaime, le parti est pour sa part au beau fixe et ferme la marche avec 12 % des intentions de vote.