(Saint-Hyacinthe) Galvanisé par sa victoire dans Jean-Talon, le Parti québécois doit demeurer « concentré » sur son objectif de faire l’indépendance, croit Paul St-Pierre Plamondon, qui demande à ses troupes de demeurer « modestes » malgré ce dernier gain.

« Il faut demeurer concentré sur les objectifs même quand il y a du succès », a expliqué samedi le chef du Parti québécois à son arrivée au Conseil national de sa formation, ce week-end à Saint-Hyacinthe. C’est la première fois que les militants péquistes – ils devaient être quelque 400 en fin de semaine – se réunissent depuis leur éclatante victoire dans Jean-Talon.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le Conseil national du Parti québécois se déroule à Saint-Hyacinthe.

Paul St-Pierre Plamondon a fait son entrée dans une salle électrisée au son de la pièce Hymne à Québec de Loco Locass, entouré des trois autres députés péquistes. Le nouvel élu, Pascal Paradis, a d’ailleurs été invité à prendre la parole. « Nous sommes le parti qui va faire du Québec un pays. Point à la ligne », a déclaré avec vigueur le député de Jean-Talon, sous un tonnerre d’applaudissements.

L’ambiance était plutôt festive samedi. « Tout ce que [M. St-Pierre Plamondon] dit se transforme en or », a lancé avec enthousiasme Isabelle Létourneau. Cette militante de Notre-Dame-de-Grâce, dans l’ouest de Montréal, a cité la victoire dans Jean-Talon – une circonscription située dans la ville de Québec qui n’avait jamais été aux mains du PQ – et l’abolition de l’obligation de prêter serment au roi pour siéger à l’Assemblée nationale.

Or, le chef péquiste veut justement profiter de l’évènement pour rappeler à ses membres de demeurer « modestes » et de garder le cap sur les visées de sa formation. C’est le message qu’il portera lors de son discours de clôture, ce dimanche.

Malgré une remontée du Parti québécois dans les récents sondages, la Coalition avenir Québec demeure largement favorite dans les intentions de vote.

« Lorsque c’était plus difficile, j’ai trouvé ça exceptionnel que les militants demeurent concentrés sur nos objectifs sans qu’il y ait de pagaille. Mais à l’inverse, quand les choses vont très bien, il ne faut pas se laisser déconcentrer [de] nos objectifs réels, à savoir avoir un impact positif sur la société et aider des gens pour vrai », a expliqué M. St-Pierre Plamondon.

Il est important aussi de « ne pas se laisser distraire » par les critiques de ses adversaires. Le Parti québécois a prêté flanc à la critique cette semaine avec la présentation du budget de l’an 1 d’un Québec souverain. Le dépôt du document a provoqué des flammèches au Salon bleu il y a quelques jours entre M. St-Pierre Plamondon et le premier ministre François Legault, qui avait lui-même réalisé le dernier exercice semblable en 2005.

« On a appris du passé », dit Marois

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L’ex-première ministre Pauline Marois

L’ex-première ministre Pauline Marois, qui a prononcé samedi un discours sur l’importance de l’éducation dans la société, estime que des leçons ont été tirées des échecs référendaires et que l’économie du Québec est en bien « meilleure forme » aujourd’hui. Lors de la course à la direction du Parti québécois en 2005, Mme Marois avait affirmé que cinq années de « turbulences » suivraient la création d’un Québec souverain.

« Cinq ans, c’est un peu exagéré », a-t-elle admis en mêlée de presse. « Le Québec est plus fort qu’il ne l’a jamais été. On est au plein emploi, on a des outils d’investissement formidables », a-t-elle souligné.

On a appris du passé et la suite des choses devrait en faire la démonstration.

Pauline Marois, première ministre du Québec de 2012 à 2014

Par ailleurs, elle se rallie à la proposition de M. St-Pierre Plamondon qui croit qu’un Québec souverain devrait disposer de sa propre monnaie. À l’époque, elle soutenait une position inverse. Cette option « nous éviterait dans le fond beaucoup de débats avec la Banque du Canada et de tensions », a-t-elle dit.

L’école privée a sa place, nuance St-Pierre Plamondon

L’éducation est le thème central du Conseil national. Les membres auront à se prononcer ce dimanche sur une série de propositions notamment pour mettre fin à « l’école à trois vitesses ».

Il sera par exemple question de l’option « d’offrir l’opportunité à toutes les écoles privées actuellement subventionnées de devenir des écoles conventionnées, entièrement financées par l’État », et de « réduire progressivement sous la barre des 50 % les subventions des écoles privées qui ne se conventionnent pas ».

C’est une position plus nuancée que celle que le PQ a proposée dans sa dernière plateforme électorale, soit de retirer graduellement la totalité des subventions accordées aux écoles privées. Or, le chef péquiste semble plus à l’aise avec la nouvelle proposition.

« Je pense que ce qu’il y a dans le cahier [de propositions], en ce moment, c’est raisonnable, puis ça vise juste », a-t-il expliqué, affirmant que l’école privée a aussi sa place dans l’écosystème québécois. « On a raison de réfléchir à l’école à trois vitesses, c’est injuste, mais il faut y aller aussi de quelque chose de graduel et qui respecte le fait qu’il y a des écoles privées qui fonctionnent très bien », a-t-il dit.

Des propos qui contrastent avec ceux de Pauline Marois qui a livré un vibrant plaidoyer en faveur de l’école publique. « Nous avons une faiblesse importante, les écoles privées subventionnées et les écoles publiques à vocation particulière, qui sélectionnent les élèves. Ces écoles exercent une ségrégation en fonction du revenu et de l’appartenance sociale », a déploré l’ancienne ministre de l’Éducation.

Le problème, il est difficile. Je comprends chaque parent pris individuellement de choisir la meilleure école pour son enfant. Malheureusement, les conséquences sociales de cette sélection [sont] indéniables.

Pauline Marois, ex-première ministre du Québec

Elle-même a fait le choix d’envoyer ses quatre enfants à l’école publique, ce qui a été souligné sur les réseaux sociaux par le député Pascal Bérubé. Paul St-Pierre Plamondon a de son côté été catégorique : pas question d’imposer aux députés (et aux futurs élus) que leurs enfants fréquentent le réseau public.