(Saint-Hyacinthe) Le financement des écoles privées a divisé les militants du Parti québécois. À l’issue d’un vote serré, les péquistes ont refusé de s’engager à fixer un échéancier pour éliminer progressivement les subventions aux établissements privés.

Les militants du Parti québécois (PQ), réunis ce week-end en Conseil national à Saint-Hyacinthe, ont longuement débattu dimanche du financement des écoles privées. Par ailleurs, les propositions avaient d’abord été discutées entre les membres dans des ateliers à huis clos, samedi. Une version de l’ensemble des propositions amendées a été fournie aux journalistes dimanche matin.

Déjà, les membres avaient décidé de revenir à la position traditionnelle de la formation politique, c’est-à-dire de retirer progressivement la totalité des subventions des écoles privées qui refuseront de revenir dans le giron du public. La mouture initiale prévoyait de le faire « sous la barre des 50 % ». Une proposition que le chef Paul St-Pierre Plamondon a qualifiée samedi de « juste », affirmant que l’école privée avait sa place.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon

Or, dans le cahier amendé, les militants avaient convenu d’aller plus loin en fixant un échéancier pour abolir le financement public des écoles privées. On proposait une période de cinq ans au secondaire et de six ans au primaire. Cette proposition a été chaudement débattue dimanche.

« Si on fait des conseils nationaux, c’est pas juste pour faire de la tarte aux pommes […], un moment donné, il faut prendre des engagements », a lancé Maxime Paquin-Charbonneau, plaidant pour établir un échéancier.

Le député et porte-parole en matière d’éducation, Pascal Bérubé, a choisi d’intervenir pour inviter les membres à battre la proposition : « La direction, elle est très claire vers l’école publique, ce qu’on vous demande, c’est la latitude nécessaire pour être sérieux, cohérents », a-t-il dit, expliquant que l’échéancier proposé était trop contraignant. Le texte a finalement été battu à l’issue d’un vote serré.

D’ailleurs, le chef péquiste a annoncé dimanche la création, dès maintenant, d’un comité de sages dont le mandat sera de préparer sa formation à démarrer une « commission Parent 2.0 », un engagement du Parti québécois.

L’éducation était le thème central du Conseil national. Les membres ont eu à se prononcer dimanche sur une série de propositions, notamment pour mettre fin à « l’école à trois vitesses ». L’ex-première ministre Pauline Marois a livré samedi un vibrant plaidoyer en faveur de l’école publique, écorchant les écoles privées subventionnées et les écoles publiques à vocation particulière, qui sélectionnent les élèves.

« Ces écoles exercent une ségrégation en fonction du revenu et de l’appartenance sociale », a-t-elle déploré. Paul St-Pierre Plamondon a dit qu’il préférait parler de « discrimination des enfants sur la base de leur code postal et du salaire des parents ».

Dimanche, les militants ont aussi amorcé la préparation du premier chapitre du « livre bleu » sur l’indépendance en abordant le thème du « régime canadien ». Ces discussions se sont aussi tenues à huis clos.

Quelques propositions adoptées

  • Le Parti québécois s’engage à tenir une consultation publique sur le modèle de la commission Parent afin de définir une vision commune pour le système d’éducation.
  • Le Parti québécois s’engage à cesser tout financement public des écoles privées confessionnelles.
  • Le Parti québécois s’engage à offrir la possibilité à toutes les écoles privées actuellement subventionnées de devenir des écoles conventionnées entièrement financées par l’État.
  • Le Parti québécois s’engage à ce que toutes les écoles financées par l’État offrent un choix de projets particuliers à tous les élèves.