(Québec) Le front commun syndical réunissant 420 000 travailleurs des secteurs public et parapublic sera en grève le 6 novembre, un premier moyen de pression lourd depuis le début des négociations. Le premier ministre François Legault promet de « bonifier » son offre dimanche.

La semaine dernière, le front commun a annoncé que son mandat de grève avait obtenu un appui « historique » de 95 % de la part de ses membres ; le taux de participation varie d’un endroit à l’autre.

Le mandat adopté prévoit le recours ultime à la grève générale illimitée, ce qui serait précédé de journées de débrayage isolées ou regroupées.

Le front commun passe de la parole aux actes avec une grève le 6 novembre. Une grande partie des services publics seront perturbés ce jour-là, puisque le front commun regroupe environ 70 % des 600 000 employés de l’État. Il représente 420 000 travailleurs, des réseaux de la santé et de l’éducation notamment. Il regroupe la CSN, la FTQ, la CSQ et l’APTS.

En vertu de la loi, le front commun syndical doit envoyer son avis de grève au moins sept jours ouvrables avant le débrayage. Cette opération est en cours.

Dans le secteur de la santé, comme les hôpitaux et les CHSLD, les syndicats sont tenus d’assurer le maintien de services essentiels, ce qui n’est pas le cas dans les écoles. Dans les établissements fournissant des soins, le Tribunal administratif du travail a rendu l’été dernier plusieurs décisions touchant les services essentiels à maintenir en cas de grève. Par exemple, aux unités de soins affiliées à l’APTS pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), il a été défini que les services à l’accueil doivent être maintenus à 85 %. À la direction des programmes en santé mentale, les services en urgence et aux soins intensifs sont maintenus à 100 %, puis diminuent graduellement jusqu’à 70 % selon les catégories de soins.

« Ça leur appartient de faire la grève ou non », s’est limitée à dire la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, lors d’une mêlée de presse à la sortie de la période des questions au Salon bleu. Elle a rappelé son intention de présenter une nouvelle offre dimanche. « La raison pour laquelle je fais un quatrième dépôt, c’est que je veux avoir les conditions pour régler le plus rapidement possible », a-t-elle ajouté. Le gouvernement Legault souhaite un règlement d’ici les Fêtes.

Mercredi matin, François Legault a argumenté avec des travailleurs syndiqués à son arrivée au parlement, alors que des manifestants de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) étaient réunis devant l’édifice Honoré-Mercier, où se trouvent les bureaux du premier ministre. Il a fait miroiter une offre bonifiée.

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François Legault

Dans un premier temps, M. Legault a réitéré qu’il serait ferme sur son intention de donner des augmentations salariales plus importantes et des primes plus généreuses « dans les quarts de travail qui sont plus difficiles à combler », notamment la nuit, les fins de semaine et dans les régions éloignées des grands centres.

« Dans l’histoire du Québec, c’est toujours difficile de donner des augmentations de salaire différenciées. […] On va bonifier notre offre dimanche », a-t-il promis aux manifestants.

Selon le premier ministre, « on ne peut pas dire : je donne 21 % d’augmentation à tout le monde et en plus, je donne des primes de nuit. Il faut trouver un équilibre ».

En mêlée de presse, Sonia LeBel a refusé de préciser si l’offre qu’elle déposera dimanche modifiera le cadre financier du gouvernement pour le renouvellement des conventions collectives.

Sa proposition actuelle prévoit des hausses salariales de 9 % en cinq ans, le versement d’un montant forfaitaire de 1000 $ et des bonifications de 2,5 % pour certaines catégories de travailleurs.

Pour sa part, le front commun syndical demande des augmentations salariales représentant environ 20 % en trois ans.

Un représentant syndical de la région de Laval, Déreck Cyr, a répondu à M. Legault que les députés de l’Assemblée nationale se sont voté en juin des augmentations de salaire de 30 %. Le gouvernement a également proposé aux policiers de la Sûreté du Québec (SQ) des hausses de 21 % en cinq ans, une offre rejetée par le syndicat.

Un comité indépendant vient de recommander au gouvernement d’accorder 17 % en quatre ans aux procureurs de la Couronne.

Les secteurs touchés

  • La CSQ représente les enseignants qui travaillent dans 61 des 72 centres de services scolaires du Québec.
  • Les enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), comme ceux du Centre de services scolaire de Montréal, ne feront pas la grève le 6 novembre, car la FAE ne fait pas partie du front commun.
  • La CSN représente les enseignants de la quasi-totalité des cégeps, 45.
  • De très nombreux établissements de santé et de services sociaux seront touchés par la grève, puisque le front commun représente la grande majorité de leurs travailleurs. Des services essentiels devront toutefois être maintenus, comme le prévoit la loi.