(Ottawa) Washington et Londres se rangent derrière Ottawa, reprochant à l’Inde d’avoir révoqué unilatéralement l’immunité diplomatique prévue par la convention de Vienne à une quarantaine de diplomates canadiens.

Les deux proches alliés du Canada donnent ainsi raison à Justin Trudeau, qui a dénoncé vendredi matin la décision du gouvernement indien, en invoquant un dangereux précédent en matière de relations diplomatiques internationales.

« Révoquer de façon unilatérale la protection diplomatique de [41] diplomates canadiens est quelque chose qui doit préoccuper tous les pays du monde », a regretté le premier ministre, en marge d’une annonce sur le logement à Brampton, en Ontario.

« Si ça devient permissible à un pays de tout simplement révoquer les protections diplomatiques à des diplomates, le monde devient de plus en plus incertain », a-t-il continué.

Et c’est sans compter que le fait d’amputer les missions diplomatiques canadiennes des deux tiers de leurs effectifs aura des conséquences très concrètes sur la circulation des biens et des personnes, a-t-il plaidé.

« Les impacts sont très réels pour les millions de gens qui vont et viennent entre [l’Inde et le Canada] : pour les étudiants, pour les membres de la famille, pour les mariages, pour les entreprises, pour les liens commerciaux croissants entre nos deux pays », a-t-il exposé en anglais.

Le geste du gouvernement indien rend « incroyablement difficile » la possibilité que la vie normale continue « pour des millions de gens, en Inde et au Canada », et il le fait en violant un « principe très élémentaire de la diplomatie », a enchaîné le premier ministre.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé jeudi que le Canada avait évacué 41 de ses 62 diplomates en Inde, pour des raisons de sécurité. Elle a aussi fait savoir qu’Ottawa n’entendait pas imposer de représailles à New Delhi.

L’Inde se défend

Le département d’État américain a pris le parti du Canada.

« Nous sommes préoccupés par le départ de diplomates canadiens de l’Inde en réaction à la demande faite par le gouvernement indien auprès du Canada de réduire considérablement sa présence diplomatique en Inde », a déclaré son porte-parole, Matthew Miller, dans un communiqué transmis en début de soirée vendredi.

Pour résoudre les différends, il faut des diplomates sur le terrain. Nous avons exhorté le gouvernement indien à ne pas insister sur une réduction de la présence diplomatique du Canada et à coopérer à l’enquête canadienne en cours.

Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain

Le Royaume-Uni a aussi affiché son « désaccord ».

« La suppression unilatérale des privilèges et immunités qui assurent la sûreté et la sécurité des diplomates n’est pas conforme aux principes ni au fonctionnement efficace de la Convention de Vienne », a déclaré le Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.

L’Inde, quant à elle, a défendu ses actions diplomatiques.

Le ministère indien des Affaires étrangères a fait valoir vendredi que sa décision de réduire le nombre de diplomates canadiens en Inde, qui, selon lui, était supérieur à celui de l’Inde au Canada, respectait les conventions diplomatiques.

Les relations entre le gouvernement Trudeau et le gouvernement Modi, déjà très froides, sont devenues glaciales après que le premier ministre a allégué le 18 septembre dernier que New Delhi avait un lien avec l’assassinat, sur le sol canadien, d’un citoyen canadien de confession sikhe, Hardeep Singh Nijjar.

Avec l’Agence France-Presse