(Québec) Le seul candidat déclaré à la succession de Dominique Anglade, le député Frédéric Beauchemin, est exclu du caucus libéral le temps de l’enquête sur une plainte pour harcèlement psychologique déposée contre lui.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a demandé samedi au député « de se retirer du caucus libéral le temps que les processus visant à faire toute la lumière soient complétés ». Le PLQ a précisé à La Presse que l’élu de Marguerite-Bourgeoys, à Montréal, est bel et bien exclu du caucus.

Cette décision survient à une semaine du conseil général du parti qui fixera les règles de la course à la direction et la date du congrès. Le scénario retenu jusqu’ici, qui fait encore l’objet de débats avec les associations régionales, est un déclenchement de la course à l’automne 2024 pour un congrès à la direction au printemps 2025.

Frédéric Beauchemin menait une tournée du Québec depuis quelques mois déjà afin de se faire connaître et de récolter des appuis en vue de la campagne. Son exclusion du caucus porte évidemment un coup dur à son opération charme.

N’empêche, « ceci ne change en rien le fait que je vais continuer à donner toute mon énergie à la relance du Parti et à la suite des choses », a soutenu le député sur les réseaux sociaux samedi.

« Je prends acte de la décision rendue par le chef intérimaire, a-t-il ajouté. Je n’ai aucun doute que je retrouverai rapidement mes collègues du caucus au terme du processus déjà amorcé et auquel je collabore pleinement. Je demeure un fier membre libéral et je continuerai d’accomplir mon rôle de député et d’aller à la rencontre des militants pour aider à la relance du Parti libéral du Québec. »

La présidente de la Commission jeunesse et recherchiste du parti au Parlement, Élyse Moisan, a déposé une plainte pour harcèlement psychologique contre M. Beauchemin auprès de la Commission juridique du parti et auprès de l’Assemblée nationale. La plainte vise aussi des membres du bureau de direction de l’aile jeunesse, dont certains sont des employés politiques du député.

Frédéric Beauchemin a nié les allégations. Dans sa défense, il a mis en cause le leadership du chef intérimaire Marc Tanguay. Il a soutenu que « la situation actuelle est un symptôme de la crise qui frappe le parti » et que « la Commission jeunesse, comme les autres instances du Parti, est paralysée par l’absence de direction claire ».

Marc Tanguay a renoncé à briguer la succession de Dominique Anglade il y a un mois, après avoir subi des pressions à l’interne pour donner l’heure juste sur ses intentions.

Frédéric Beauchemin siégera désormais à titre de député indépendant. Le PLQ compte maintenant 18 élus au sein de son caucus.

Ex-directeur général et chef des marchés capitaux à la Banque Scotia, M. Beauchemin a fait son entrée à l’Assemblée nationale il y a un an. Il faisait partie de l’équipe économique de Dominique Anglade, équipe qui perdait alors un gros morceau en Carlos Leitão, dont la fin de carrière politique a été assombrie par les erreurs contenues dans le cadre financier libéral.

Frédéric Beauchemin était jusqu’ici le porte-parole du parti en matière d’économie et de finances. Il affrontait ainsi deux poids lourds du gouvernement Legault, Pierre Fitzgibbon et Eric Girard.

Les tuiles s’accumulent pour le PLQ. Lundi dernier, il a obtenu un résultat catastrophique lors de l’élection partielle dans Jean-Talon, circonscription qui fut pourtant son château fort depuis sa création en 1965 et jusqu’en 2019. Sa candidate a dû se contenter de miettes, 8,8 % des voix. C’est une chute d’environ cinq points par rapport au score déjà faible enregistré il y a un an aux élections générales.