De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Dure semaine pour Geneviève Guilbault

En avril dernier, la ministre des Transports et vice-première ministre est allée au front. C’est elle qui avait annoncé l’abandon du tunnel routier entre Québec et Lévis, une décision qui avait été prise, on le devine, par François Legault lui-même et sa garde rapprochée. Il lui avait fallu beaucoup d’humilité pour dire exactement le contraire de ce qu’elle claironnait en campagne électorale. Sa popularité à Québec en a pris un coup. Or, une fois de plus, elle est mise devant le fait accompli alors que son gouvernement ouvre la porte à la construction d’un autre troisième lien, possiblement sous forme de pont. On ne lui donne pas un grand contrôle sur ses dossiers.

Paul Journet, La Presse

Bonne semaine pour Pascal Paradis

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Point de presse du Parti québécois après la victoire de Pascal Paradis (au micro) dans Jean-Talon

L’ex-directeur d’Avocats sans frontières Canada a connu une semaine au-delà de ses espérances. Après avoir flirté avec la Coalition avenir Québec, il a choisi de prendre le risque de se présenter pour un parti non reconnu à l’Assemblée nationale, le Parti québécois (PQ). Et ce, dans une circonscription que le PQ n’avait jamais gagnée. Il l’a emporté, avec une avance écrasante que peu de gens avaient prédite. C’est aussi une bonne semaine pour un autre Pascal, Bérubé, celui-là. Quand ses anciens camarades désertaient le PQ, il restait là, à travailler sans relâche. Ses idéaux ont toujours primé ses intérêts. Voilà précisément le contraire de l’opportunisme.

Paul Journet, La Presse

Citation de la semaine

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault

Je veux consulter, je veux écouter la population concernant le troisième lien, voir qu’est-ce qui est proposé par la population. Parce que c’est clair que ça nous a fait très mal, cette décision de l’abandonner.

Le premier ministre François Legault, qui ressuscite sa promesse abandonnée le printemps dernier dans l’espoir d’éviter de « perdre Québec définitivement » après la défaite cuisante dans Jean-Talon

Chiffre de la semaine

44,1

C’est le pourcentage de voix obtenu par le Parti québécois lors de l’élection partielle dans Jean-Talon, un résultat exceptionnel. La Coalition avenir Québec, qui détenait cette circonscription depuis 2019, a récolté deux fois moins de votes (21,3 % plus précisément). Assommé par cette raclée, le parti de François Legault a probablement connu la pire semaine depuis sa prise du pouvoir en 2018.

La « balloune » éclate au Salon bleu 

Le premier ministre François Legault a causé une commotion en ressuscitant un projet qu’il avait lui-même enterré, un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. Jeudi, à la dernière période de questions avant la relâche parlementaire, les esprits se sont échauffés. Au Salon bleu, le chef par intérim du Parti libéral, Marc Tanguay, a traité M. Legault de « girouette », employant sciemment un mot non parlementaire interdit. Mais au bout du compte, c’est un coup d’éclat de Sol Zanetti, de Québec solidaire, qui a dégonflé une baudruche (c’est-à-dire une « balloune ») pour illustrer le nationalisme du gouvernement, qui a provoqué le plus grand tollé. Fait rarissime, le troisième vice-président de la Chambre, Frantz Benjamin, a dû suspendre les travaux pendant plusieurs minutes. L’indignation était généralisée.

Modifications à la carte électorale : Élections Québec veut que ça accélère

Modifier la carte électorale prend trop de temps, constate Élections Québec. Le directeur général des élections, Jean-François Blanchet, soumet l’idée de ne plus consulter les députés en commission parlementaire, mais de le faire plutôt lors des auditions publiques déjà prévues au processus. À l’heure actuelle, toutes les deux élections, la Commission de la représentation électorale (CRE) propose des modifications à la carte en fonction de l’évolution démographique. Cette fois-ci, les régions de Montréal et de la Gaspésie perdraient des circonscriptions. La CRE tient ensuite des auditions dans toute la province et dépose ses constats à Québec, où les élus se prononcent en commission parlementaire. Or, aucun délai n’est prévu par la Loi électorale pour que ses recommandations soient étudiées au Parlement. Pour le DGE, ces délais parfois très longs « interfèrent dans un processus dont l’impartialité est cruciale et risquent de compromettre l’entrée en vigueur d’une carte électorale dans le temps imparti ».

Un président bon marché

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Le bloquiste Louis Plamondon a agi à titre de président de la Chambre des communes par intérim pendant une semaine.

Lorsqu’un bloquiste préside les travaux de la Chambre des communes à Ottawa, les contribuables canadiens en ont pour leur argent. « J’ai eu beaucoup de travail. Tellement de travail que je n’ai pas trouvé la limousine encore. Pas trouvé les clés de la résidence officielle. Pas trouvé les clés de la cave à vin, et pas trouvé le formulaire pour mon augmentation de salaire » : Louis Plamondon, qui a été arbitre par intérim des travaux parlementaires, a fait rire les députés en dressant son bilan, mardi. « Vous vous souviendrez de moi comme le président qui a été le moins longtemps sur le trône, et le moins dispendieux », a conclu le doyen des députés avant de céder sa place à Greg Fergus, qui a été élu dans la foulée de la démission d’Anthony Rota.

Anna Gainey en français (enfin)

Après deux déclarations en anglais au cours des deux dernières semaines, la nouvelle députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Anna Gainey, a finalement démontré qu’elle maîtrise la langue de Molière. Elle a fait sa première déclaration en français à la Chambre des communes cette semaine. « Aujourd’hui, je prends la parole à la Chambre en ce Mois de l’histoire des femmes pour rendre hommage à une leader dans ma circonscription de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Mme Ruth Gagnon », a commencé par dire la nouvelle députée mercredi. Ses déclarations étaient minutieusement suivies par le député conservateur Joël Godin, qui l’a pourfendue à deux reprises parce qu’elle a choisi de s’exprimer uniquement en anglais depuis son entrée aux Communes, même si elle représente une circonscription du Québec. Cette fois-ci, M. Godin n’a pas cru bon de féliciter Mme Gainey pour ses remarques en français !

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