(Québec) Les contrecoups de l’élection partielle dans Jean-Talon échauffent les esprits au Parlement. Les travaux ont été interrompus jeudi au Salon bleu par un coup d’éclat du député Sol Zanetti qui a suscité l’indignation sur les banquettes caquistes. Dans les corridors, le retour inattendu du troisième lien évoqué par le gouvernement suscite une fois de plus des débats.

Pendant la période des questions, le député de la circonscription de Jean-Lesage à Québec a provoqué un tollé en s’adressant au ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe. L’élu de Québec solidaire lui a demandé si le gouvernement se dégonflait face à ses ambitions nationalistes, notamment en ce qui concerne la nomination à un siège toujours vacant de représentant du Québec au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

« Il n’y a pas beaucoup de mots qui peuvent décrire le dégonflement du nationalisme caquiste, mais peut-être que cette image pourrait aider », a-t-il dit, avant de souffler dans un ballon de fête et de le laisser se dégonfler et s’écraser un peu plus loin.

Face à ce coup d’éclat, Mathieu Lacombe a invité son vis-à-vis à « s’inscrire en théâtre ».

Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a exigé du troisième vice-président de l’Assemblée nationale, Frantz Benjamin, qu’il sanctionne M. Zanetti, plutôt que de seulement l’appeler à respecter le décorum.

Le temps de retrouver le calme, les travaux ont été longuement interrompus, ce qui est plutôt rare à Québec. Sur X, le chef par intérim du Parti libéral, Marc Tanguay, a également condamné le geste de Sol Zanetti. Selon lui, il s’agit d’une façon de faire « inacceptable ».

Quelques minutes plus tôt, M. Tanguay avait pour sa part affirmé que François Legault est une « girouette ». Ce mot, sciemment utilisé par les libéraux, fait partie des propos non parlementaires interdits au Salon bleu.

Une consultation et… un pont

Par ailleurs, la raclée dans Jean-Talon a été au cœur de la réunion des députés caquistes, mercredi soir. Une rencontre « franche et transparente », a commenté la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Tout le monde s’est rallié à l’idée de consulter la population de la grande région de Québec et de « tout mettre sur la table », dont l’idée de ressusciter le projet de troisième lien routier, selon le président du caucus, Mario Laframboise.

« Tout à fait. Notre caucus appuie le premier ministre à 100 %. Il va y avoir une mise en place d’un processus de consultation, c’est ça que ça prend », a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse jeudi. Ni le mandat ni le pilote de la consultation n’ont été déterminés jusqu’ici.

« Le caucus n’avait pas comme mandat d’établir le processus, prenez votre gaz égal ! a-t-il lancé. Prenons notre temps. »

Les citoyens de la grande région de Québec « ont besoin de sentir que le gouvernement comprend ce qui s’est produit [lundi soir] et comprend le message », selon Geneviève Guilbault. Une « vraie consultation » est donc nécessaire, selon elle. « Si on veut être crédibles et sincères, il faut que ce soit une consultation où tout le monde peut dire ce qu’il veut, où nous on sera à l’écoute et où on sera ouverts. »

Cette consultation à venir, « il faut que ce soit représentatif et qu’on arrive avec un projet crédible, a indiqué de son côté la ministre Martine Biron, députée de Chutes-de-la-Chaudière. Mais il y a une chose qui est claire et nette dans mon esprit : ça prend un grand projet pour le grand Québec qui est Chaudière-Appalaches et la Capitale-Nationale ». Et pas forcément le troisième lien, selon elle.

« L’idée, c’est de consulter, réfléchir. Ça prend un projet de mobilité dans la région de Québec, dans le Grand Québec. »

Pourquoi pas le tramway ? « Je ne sais pas, on verra. C’est le maire qui est le pilote de ce projet-là. On va voir », a-t-elle dit.

Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, milite quant à lui pour la construction d’un nouveau pont, idée évoquée aussi par François Legault mercredi. Les députés caquistes de Chaudière-Appalaches ont discuté de ce projet dès la semaine dernière, avant la dégelée dans Jean-Talon, a-t-il révélé. « Ça prend un lien routier où notre trafic lourd va pouvoir circuler et possiblement, si on est capable, s’assurer que les matières dangereuses peuvent circuler. » Le projet de tunnel ne permettait pas de le faire.