(Ottawa) Le député conservateur Gérard Deltell a fait acte de contrition auprès du dirigeant du groupe de défense des droits de la communauté juive B’nai Brith après avoir manifesté son inconfort face à l’idée de révéler les noms des anciens soldats nazis ayant trouvé refuge au Canada.

L’élu québécois a pris l’initiative d’appeler le président-directeur général de l’organisation, Michael Mostyn, mercredi, afin de revenir sur des propos tenus en matinée au sujet de la pertinence de déclassifier une partie du rapport de la commission Deschênes qui contient l’identité d’ex-soldats qui auraient émigré au pays.

« Pour l’instant, je ne pense pas que ce soit le moment de tout revoir. L’histoire est l’histoire », avait argué M. Deltell, se disant horrifié d’imaginer comment son père, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, aurait réagi à voir son fils ovationner un ancien soldat d’une unité nazie.

Il faisait référence à l’hommage qui a été rendu à l’ancien ancien membre de la Waffen-SS, Yaroslav Hunka, après le discours livré par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Chambre des communes – une bourde que le président russe Vladimir Poutine a volontiers commentée, jeudi.

Gérard Deltell, donc, « s’est excusé pour la douleur que cette déclaration a causée à la communauté juive », a relaté Michael Mostyn, qui semble avoir tourné la page. « Ça arrive à tout le monde de mal s’exprimer », a-t-il laissé tomber.

Au Parti conservateur, on signale que la position officielle est celle qu’a communiquée Melissa Lanstman, la cheffe adjointe. Celle-ci a écrit sur le réseau X que le parti était ouvert « à discuter de toute proposition visant à garantir que les Canadiens ont accès à la vérité ».

La Presse a sollicité une entrevue avec Gérard Deltell, mais sans succès.

Le B’nai Brith et d’autres organisations juives militent depuis longtemps en faveur de la divulgation de cette section du rapport Deschênes et de toute autre information que possède le gouvernement du Canada sur la présence de nazis au pays.

Comparaison avec Goebbels

À la période des questions en Chambre jeudi, l’élu néo-démocrate Matthew Green a exigé du gouvernement libéral qu’il déclassifie cette section secrète du rapport publié en 1986. Car « les Canadiens doivent savoir qui sont ces criminels nazis qui ont été accueillis au Canada », a-t-il martelé.

Le ministre de la Justice, Arif Virani, a répété ce que le premier ministre Justin Trudeau a déjà dit, soit que de hauts fonctionnaires se penchaient sur la question, et qu’ils feraient « bientôt des recommandations sur les options qui sont disponibles ».

Si la question nazie n’a pas monopolisé la séance, elle est malgré tout revenue sur le tapis. C’est un message publié sur X par le député libéral Ken Hardie pendant la période des questions qui a suscité l’indignation de Melissa Lanstman.

« Si Joseph Goebbels peut se brancher sur la période de questions en bas… il sera siii fier des conservateurs. Proférer un mensonge assez souvent et assez fort est une tactique éprouvée. En débiter des multitudes ? Les conservateurs ont perfectionné cela », a-t-il écrit sur le réseau social.

Le message a été supprimé, mais il est parvenu aux yeux des conservateurs, qui ont réclamé des excuses à l’issue de la période des questions. Le député britanno-colombien, qui participait par visioconférence, s’est exécuté.