(Ottawa) Greg Fergus a travaillé comme page à la Chambre des communes en 1988, quand le gouvernement de Brian Mulroney défendait bec et ongles une entente de libre-échange avec les États-Unis. Il a aussi été conseiller de l’ancien ministre Pierre Pettigrew au début des années 2000. M. Fergus a été élu député libéral de Hull–Aylmer en 2015 – des élections qui ont vu Justin Trudeau devenir premier ministre. Aujourd’hui, il est le grand patron de la Chambre des communes.

Qui est Greg Fergus ?

  • Il est député libéral de Hull–Aylmer depuis 2015.
  • Il est né à Dollard-des-Ormeaux.
  • Il a été secrétaire parlementaire du premier ministre et secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor.
  • Il est titulaire d’un baccalauréat en sciences sociales de l’Université d’Ottawa et d'un baccalauréat en relations internationales de l’Université Carleton.
  • Il a été président des Jeunes libéraux du Canada, avant de devenir directeur national du Parti libéral du Canada de 2007 à 2009.
  • Il est marié et père de trois enfants.

Âgé de 54 ans, Greg Fergus est visiblement un mordu de politique. Mardi, il a écrit une page d’histoire. Il est devenu le premier Canadien noir élu président de la Chambre des communes par l’ensemble des députés.

L’homme, qui a un sourire quasi permanent au visage, succède ainsi à Anthony Rota. Ce dernier a été contraint de démissionner de son poste la semaine dernière après avoir causé un incident diplomatique sans précédent en invitant un ancien soldat nazi à assister au discours du président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, devant le Parlement.

Le président de la Chambre des communes est l’arbitre des joutes parlementaires et doit assurer le respect des règles.

En tout, sept députés briguaient la présidence. Les autres aspirants étaient les députés libéraux Sean Casey, Alexandra Mendes et Peter Schiefke, le député conservateur Chris d’Entremont, la députée néo-démocrate Carole Hughes et la leader du Parti vert Elizabeth May.

Après l’annonce de sa victoire par le président intérimaire, le député bloquiste Louis Plamondon, M. Fergus a été longuement applaudi par les députés de toutes les formations politiques. Il a aussi reçu de nombreuses accolades de félicitations.

M. Fergus, dont la bonne humeur est devenue une marque de commerce auprès de ses pairs, est aussi le premier élu du Québec depuis 1984 à occuper le fauteuil vert réservé au président. À l’époque, Jeanne Sauvé était la présidente des Communes.

Comme le veut la tradition, M. Fergus a été conduit de force par le premier ministre Justin Trudeau et le chef de l’opposition officielle Pierre Poilievre jusqu’au fauteuil de la présidence en feignant de résister.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Pollievre, Greg Fergus et Justin Trudeau

« À l’ordre », a lancé M. Fergus dans sa première intervention – une formule qu’il va vraisemblablement utiliser souvent en raison de l’atmosphère hautement partisane qui a cours depuis plusieurs mois, notamment depuis l’arrivée de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur il y a 13 mois.

M. Fergus a par la suite rendu hommage au député Louis Plamondon, le doyen des Communes qui a agi comme président intérimaire pendant moins d’une semaine. Il a rappelé qu’il lui a apporté des verres d’eau et des messages lorsqu’il était jeune page en 1988 et que M. Plamondon était alors député progressiste-conservateur.

« Vous êtes une inspiration pour nous tous », a notamment affirmé M. Fergus, qui est bilingue.

« Restaurer l’honneur »

Avant le vote, tous les aspirants à la présidence ont pu prononcer un discours dans l’espoir d’obtenir l’appui de leurs pairs.

M. Fergus a profité de son temps de parole pour lancer un appel au respect. « Les mots que nous utilisons comptent. Les symboles comptent. Je le sais pertinemment. Puis, en tant que votre président, je vais agir rapidement pour restaurer l’honneur de cette chambre », a dit M. Fergus en faisant allusion à la controverse qui a forcé Anthony Rota à tirer sa révérence.

Je m’engage à être un ardent défenseur de la protection des privilèges parlementaires et un défenseur infatigable des meilleures idées, peu importe d’où elles proviennent.

Greg Fergus

Le premier ministre Justin Trudeau a souligné le caractère historique de son accession à la présidence. « C’est une journée historique. En plus de la vaste expérience qu’il apporte à ce poste, Greg Fergus est le premier Canadien noir à devenir président de la Chambre des communes. Il est une source d’inspiration pour tous les Canadiens, en particulier pour les jeunes générations qui souhaitent s’impliquer dans la politique », a affirmé le premier ministre.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a fait écho aux propos du premier ministre. « Il s’agit d’un poste spécial et partout au pays, les Canadiennes et Canadiens racisés peuvent être fiers que M. Fergus soit la première personne de couleur à occuper le poste de président de la Chambre. […] C’est incroyablement significatif pour les enfants de tout le pays qui voient un Canadien noir occuper ce rôle clé. »

M. Fergus a arbitré sa toute première période de questions, mardi. Avant le début des hostilités, il a invité les élus à le traiter comme une voiture neuve en prenant soin de ne pas l’égratigner. Durant les échanges, il a réussi à asseoir son autorité en rappelant deux députés à l’ordre, le député conservateur Chris Warkentin et le député néo-démocrate Peter Julian. Au terme de l’exercice, il a été de nouveau applaudi par les députés.