(Québec) Le coup de semonce qui a résonné dans Jean-Talon lundi soir avec l’élection du Parti québécois ne doit pas servir de prétexte au gouvernement pour reculer dans le dossier du tramway, a fait valoir le maire de Québec.

« Les partis anti-tramway ont récolté 7 % d’appuis lundi. Je ne pense pas qu’on puisse dire que ces partis ont gagné », a fait valoir Bruno Marchand, en référence aux voix obtenues par le Parti conservateur du Québec et Martine Ouellet de Climat Québec.

Le projet de tramway divise les citoyens de Québec sondage après sondage. Plusieurs observateurs, dont des élus de l’opposition à l’hôtel de ville de Québec, ont vu dans la défaite caquiste un désaveu du projet de tramway. Le gouvernement Legault est le principal bailleur de fonds du projet.

François Legault a affirmé lundi soir vouloir faire un « examen de conscience » auprès de la population de la capitale. Mardi, il a même parlé de ressusciter le troisième lien autoroutier. Le maire de Québec s’inquiète-t-il d’une possible volte-face caquiste dans le dossier du tramway ?

« Il est trop tôt pour le dire. Laissons la poussière retomber pour voir si les partis vont se repositionner. Je n’ai pas de nouvelles informations selon lesquelles les camps ont changé de position », a indiqué M. Marchand aux journalistes, juste avant le conseil municipal.

Le maire a invité le premier ministre à garder le cap, dans un contexte où la population de la capitale doit croître dans les prochaines années et les bouchons de circulation se multiplier.

« Il faut être courageux à Québec. Il n’y a pas d’endroit dans le monde où ça s’est fait sans être courageux. Si on n’est pas courageux, on n’y arrivera pas », a lancé le maire.

Les opposants au projet « nous proposent l’inertie », proposent de « s’asseoir sur une chaise de patio et dire “aujourd’hui il fait beau, on fait rien” » selon le maire.

Un sondage SOM-Le Soleil dévoilé en septembre montrait que seuls 32 % des répondants de la grande région de Québec appuyaient toujours le projet. Le maire pense qu’il faut aller de l’avant néanmoins, car « il n’y a pas d’alternative » au projet actuel.

« Si on changeait de position, quelles sont les alternatives pour répondre aux besoins ? Si on dit “moi je n’aime pas le tramway je veux un métro ou un SRB”, on en a pour 10 ou 15 ans pour rebâtir un nouveau projet, minimum. »

« Je ne le fais pas pour être aimé, je le fais parce que je suis profondément convaincu que sans tramway Québec va perdre de la concurrence par rapport à d’autres villes canadiennes, qu’elle va perdre en attraction de talents, a dit Bruno Marchand. Investir des milliards dans l’économie de Québec, on va dire non ? L’argent fédéral ira ailleurs. »

Les propositions financières des consortiums sont attendues le 2 novembre. Mais le prix final du projet, qui doit dépasser les 4 milliards, pourrait être connu des semaines plus tard si l’hôtel de ville entamait des négociations avec le plus bas soumissionnaire.

La deuxième opposition à l’hôtel de ville, opposée au projet, a quant à elle demandé au maire d’abandonner le tramway. Le chef d’Équipe Priorité Québec (ÉPQ), Patrick Paquet, propose plutôt d’acheter des autobus électriques qui circuleraient sur le tracé du tramway.

« Il n’y a pas de dalle de béton à couler, pas de fil à passer, même pas de garage d’entretien », a énuméré M. Paquet, selon qui ça pourrait être en branle « demain matin » même si aucune étude n’a encore été faite et si aucun financement n’est en place.