(Ottawa) Le député fédéral de Louis-Hébert, Joël Lightbound, est perplexe devant l’idée du premier ministre François Legault de ressusciter le troisième lien après la défaite de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Jean-Talon. Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a rappelé, quant à lui, que le gouvernement fédéral ne déliera pas les cordons de la bourse.

« Est-ce que les raisons invoquées par le gouvernement pour renier cet engagement-là ont soudainement fondu comme neige au soleil ? Est-ce qu’elles ont disparu ? Est-ce que soudainement, il y a beaucoup plus de trafic entre la Rive-Sud et la Rive-Nord ? Est-ce que les coûts du projet ont drastiquement diminué ? », a demandé Joël Lightbound en mêlée de presse mercredi, avant la réunion du caucus libéral.

« Moi, ça me laisse perplexe comme, je pense, bien des gens dans la région de Québec et des fois, quand je regarde toute cette saga-là, ça me fait un peu penser au Dîner de cons, a-t-il ajouté. Tristement, c’est la population de Québec qui semble y être conviée. » Il faisait référence au célèbre film français mettant en vedette Thierry Lhermite et Jacques Villeret.

« Une belle image », selon le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice.

Je pense que le mot girouette a été banni de l’Assemblée nationale ? C’est dommage parce que ça décrirait bien la situation. Ça commence à être un peu loufoque cette histoire-là.

Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD

Il est opposé au projet de tunnel ou de pont autoroutier entre Québec et Lévis. « C’est un projet qui n’a aucun sens avec la crise climatique », a-t-il fait valoir sous un soleil de plomb. Le mercure affichait 29 degrés Celsius à Ottawa, une température plutôt inhabituelle pour un mois d’octobre.

Les députés conservateurs de la région de Québec ont été plus circonspects.

« Tout un revirement de situation. Les gens de Lévis sont sûrement contents », a offert Dominique Viens.

« Ça appartient au débat provincial », s’est limité à dire Gérard Deltell.

« On va laisser le gouvernement du Québec prendre sa décision et on verra pour la suite », a affirmé Joël Godin.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a déjà dit qu’il était en faveur d’un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. Il ne s’est pas présenté pour répondre aux questions des journalistes mercredi.

« M. Legault va certainement vouloir clarifier ses propos », a nuancé le ministre Jean-Yves Duclos, dont la circonscription comprend des quartiers centraux de Québec qui seraient touchés si le troisième lien se concrétisait. Il a constaté que la sortie du premier ministre québécois a créé « un peu de confusion » parmi ses électeurs. « Les gens ne savent pas trop comment interpréter ce message », a-t-il noté.

Pas de financement fédéral

L’abandon du projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis n’explique que partiellement la défaite de la CAQ dans Jean-Talon lundi, selon Joël Lightbound. « Je pense que le sentiment de plusieurs dans la population à Québec, c’est qu’on ne leur a pas tout dit pendant la dernière campagne électorale, a-t-il constaté. Je pense que c’est plus ça que l’abandon du projet. »

Le député fédéral, qui n’écarte pas de se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec lorsque les règles seront connues, n’a pas caché son opposition au projet. « Construire l’un des plus gros tunnels au monde pour la population qui est desservie, avec les coûts qu’on ne connaît pas exactement, mais la facture risque d’être salée, je pense qu’il y a des projets plus porteurs pour le Québec », a-t-il tranché.

La position du gouvernement fédéral n’a pas changé sur la question du troisième lien, a réitéré le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. « Le gouvernement fédéral ne finance pas la construction de nouvelles infrastructures routières. On finance bien entendu l’entretien du réseau routier et le transport collectif. On a très hâte de voir notamment le projet de tramway à Québec avancer. »

Le premier ministre François Legault a reconnu que le recul sur sa promesse-phare dans la région de Québec est à l’origine de la perte de confiance des électeurs. Le Parti québécois a ravi le siège de la CAQ dans la circonscription de Jean-Talon lors de l’élection partielle lundi. La formation indépendantiste fait ainsi un retour dans la région de Québec, où elle avait disparu depuis 2018.