Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, est l’un des invités attendus au congrès national du Parti conservateur du Canada qui aura lieu à Québec au début septembre.

M. Duhaime a confirmé à La Presse jeudi qu’il assisterait à ce grand rassemblement conservateur, le premier du genre depuis que Pierre Poilievre a été élu chef de cette formation politique dès le premier tour du scrutin lors de la course au leadership l’an dernier. Il a toutefois refusé de préciser le rôle qu’il va jouer durant le congrès.

Ce congrès national, qui réunira quelque 3000 militants venant des quatre coins du pays, aura lieu dans un contexte politique favorable aux conservateurs. Depuis quelques mois, le Parti conservateur caracole en tête dans les sondages nationaux, disposant d’une avance oscillant entre 7 et 10 points sur les libéraux de Justin Trudeau dans les intentions de vote.

Ce congrès pourrait aussi être le dernier avant la tenue des prochaines élections fédérales qui doivent avoir lieu au plus tard en octobre 2025, si l’entente conclue l’an dernier entre le premier ministre Justin Trudeau et le chef du NPD Jagmeet Singh tient le coup. Cette entente assure la survie du gouvernement libéral minoritaire à la Chambre des communes jusqu’en juin 2025.

Au cours des derniers mois, Pierre Poilievre a réussi à faire de la hausse du coût de la vie et de la flambée du prix des maisons des enjeux nationaux, mettant les libéraux sur la défensive. Le chef conservateur accuse le gouvernement Trudeau d’avoir alimenté cette crise en augmentant les dépenses sans se soucier des répercussions économiques des budgets déficitaires qu’il a présentés depuis 2015.

Fait à noter, les troupes de Pierre Poilievre récoltent aussi des sommes sans précédent en dehors d’une période électorale depuis le début de l’année. Au cours des six premiers mois, le Parti conservateur a recueilli 16 millions de dollars en contributions, contre 6,8 millions au Parti libéral du Canada durant la même période.

« Tout le monde sait que je suis membre du Parti conservateur du Canada et que j’appuie Pierre Poilievre sur la scène fédérale. Je serai au congrès en septembre », a indiqué M. Duhaime, soulignant qu’il existait aussi des atomes crochus entre les membres des deux formations politiques, même si celles-ci n’ont pas de liens formels.

Une base électorale commune au Québec

À titre d’exemple, il a indiqué que plus de 80 % des gens qui ont appuyé Pierre Poilievre au Québec durant la course au leadership étaient membres du Parti conservateur du Québec.

Pierre Poilievre et moi avons le même électorat au Québec. On parle au même monde.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

M. Duhaime a d’ailleurs eu un tête-à-tête avec M. Poilievre, le 23 mai, quelques heures après que ce dernier eut rencontré le premier ministre du Québec, François Legault. « On a soupé ensemble au restaurant La Cage aux Sports à Beauport. Je parle aussi à son entourage », a-t-il dit.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre

Aux dernières élections provinciales, le Parti conservateur d’Éric Duhaime a causé une surprise en récoltant 530 786 voix, soit près de 13 % des suffrages, sans toutefois réussir à faire élire un député à l’Assemblée nationale.

À titre de comparaison, le Parti libéral du Québec a obtenu environ 61 000 votes de plus (591 077 votes et 14,37 % des suffrages), mais il a remporté 21 sièges. Ces résultats ont relancé le débat sur une réforme du mode de scrutin au Québec.

Pas de saut sur la scène fédérale

En entrevue, M. Duhaime a écarté l’idée de faire le saut sur la scène fédérale en portant les couleurs du Parti conservateur du Canada aux prochaines élections fédérales. « C’est la question que je me suis le plus fait poser depuis six mois ! Mais cela ne fait pas partie de mes plans. Quand j’ai annoncé ma candidature à la chefferie du Parti conservateur du Québec, j’ai dit que je m’en allais là pour 10 ans. Cela fait seulement trois ans. Il me reste encore sept ans », a-t-il dit.

M. Duhaime n’a pas l’intention non plus d’inviter les membres de son parti à se ranger formellement derrière la formation politique de Pierre Poilievre aux prochaines élections fédérales. « Ce n’est pas mon rôle de dire aux gens comment voter. François Legault a essayé cela en 2021 avec Erin O’Toole. Et ça n’a pas marché. Les Québécois n’aiment pas se faire dire pour qui ils devraient voter. Mais que je sois transparent en appuyant Pierre Poilievre, je crois que c’est bien correct avec notre base militante », a-t-il exposé.

« Nos partis sont deux entités totalement indépendantes. Mais j’encourage nos militants à s’impliquer à d’autres niveaux, et pas seulement au fédéral. Il faut le faire aussi au niveau municipal. Notre parti est jeune. Aux dernières élections, on avait beaucoup d’enthousiasme. Mais on manquait aussi d’expérience », a-t-il ajouté.