(Québec) Une « chicane de famille ». Un « triste théâtre ». Libéraux et solidaires sont estomaqués de la bisbille qui mène François Legault et Paul St-Pierre Plamondon à se traiter mutuellement de menteurs. En route vers l’élection partielle dans Jean-Talon, ils tentent de se démarquer de leurs adversaires en se présentant comme des alternatives ayant plus de vertu.

Au dévoilement de l’identité de sa candidate, vendredi, le chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a présenté celle qui sera sur la ligne de départ, l’entrepreneure Élise Avard-Bernier, 38 ans, comme étant l’antithèse de ce qui est survenu dans les derniers jours entre le premier ministre et le chef péquiste.

« Nous avons l’opportunité de reprendre Jean-Talon et de mettre de côté les chicanes stériles et qu’on a vues dans les 24 dernières heures », a-t-il dit lors d’une conférence de presse organisée dans un salon privé du restaurant Montego, sur la rue Maguire.

Pour le PLQ, cette élection partielle, provoquée par la démission surprise de la députée caquiste Joëlle Boutin, est l’opportunité de ravir la circonscription à la Coalition avenir Québec (CAQ). Les citoyens courtisés, qui habitent les quartiers Sillery et Sainte-Foy à Québec, ont toujours élu un député libéral avant que le parti de François Legault les déloge, suivant la démission de l’ex-ministre Sébastien Proulx, en 2019.

Malgré des sondages dévastateurs pour l’opposition officielle, qui se lance dans cette partielle sans même avoir un chef permanent, Mme Avard-Bernier pense que son élection est « réalisable ».

« Ce qui se passe à mon sens, c’est un peu de la chicane. Ce sont des ondes qui sont grises, noires. Je pense qu’il faut amener des débats concrets et les préoccupations des [citoyens] », a-t-elle affirmé.

Des partis « enlisés »

Quelques coins de rue plus loin sur l’avenue Myrand, près de l’Université Laval, le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, s’étonne à son tour de la chicane qui oppose le PQ et la CAQ, à savoir si Pascal Paradis a magasiné un poste de ministre au gouvernement, avant le dernier scrutin, en évaluant la possibilité de se présenter sous l’équipe de François Legault.

PHOTO FRANCIS VACHON, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’un point de presse à Québec avec Olivier Bolduc, son candidat pour l’éventuelle élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon.

« Le début de cette campagne montre qu’il y a deux partis complètement enlisés dans des guerres qui n’intéressent pas grand monde. Des chicanes de famille comme ça entre péquistes et caquistes, je ne pense pas que ça mobilise les électeurs et je pense que les électeurs de Jean-Talon méritent mieux », a dit Gabriel Nadeau-Dubois alors qu’il était accompagné de son candidat, le sténographe Olivier Bolduc.

Jeudi, M. Paradis a également affirmé que Martin Koskinen, le bras droit de François Legaut, lui avait confirmé avant le scrutin que la CAQ abandonnerait après l’élection le projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. Le cabinet de François Legault dément cette affirmation.

La CAQ et François Legault ont floué tout le monde sur le troisième lien. Ils ont floué les opposants au projet en leur faisant perdre du temps à se mobiliser contre un projet qu’eux savaient qu’ils ne feraient même pas. Ils ont floué aussi les partisans du projet parce qu’ils ont vendu du rêve. Ils ont vendu un projet qui était depuis le premier jour irréaliste.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Quoi faire du troisième lien ?

À Québec, l’abandon du troisième lien, en avril dernier, a créé un choc politique qui brouille depuis la boussole électorale. Avec des sondages consécutifs qui placent le Parti québécois au sommet des intentions de vote dans la région de la Capitale-Nationale, l’élection partielle dans Jean-Talon sera chaudement disputée.

Sur ce sujet, la candidate libérale a été incapable vendredi de se positionner clairement pour ou contre un lien autoroutier entre les deux rives.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE LINKEDIN D’ÉLISE AVARD-BERNIER

Élise Avard-Bernier

« C’est une question qui concerne les gens de Jean-Talon. Ce n’est pas à moi de choisir », a-t-elle d’abord répondu, tentant d’éviter un sujet qui divise les électeurs.

Je demande [aux citoyens] de ne pas me choisir par rapport à une position que j’aurais sur le troisième lien. Je leur demande de me choisir dans les positions que j’ai dans plusieurs sphères, et non pas uniquement par rapport à ce point-là.

Élise Avard-Bernier, candidate du PLQ

Lors du scrutin général en 2022, le Parti libéral a terminé en quatrième position dans Jean-Talon, avec seulement 13 % des voix. Désormais, le PQ et la CAQ se retrouvent nez à nez dans les sondages. Les libéraux tenteront dans ce contexte de s’imposer. « C’est le temps de sortir voter », leur a dit Marc Tanguay.

Sans vote sur les campus, Gabriel Nadeau-Dubois estime également qu’il fait face à un bon défi. « On est dans la course, mais on s’attend à une course serrée. Ça ne sera pas facile », a-t-il admis.