(Ottawa) OTTAWA-Alors que des premiers ministres provinciaux conservateurs modifient les règles concernant l’utilisation des pronoms non genrés dans les écoles, des militants de la base conservatrice fédérale souhaitent que le parti de Pierre Poilievre s’engage plus à fond dans le débat.

Une proposition soumise aux instances du Parti conservateur du Canada (PPC) en vue du congrès, en septembre à Québec, suggère qu’un gouvernement conservateur interdise « les interventions médicales ou chirurgicales qui altèrent la vie » pour les personnes mineures qui souhaitent faire la transition de genre.

Cette rhétorique est similaire à celle défendue aux États-Unis — notamment en Floride, où le gouverneur Ron DeSantis a entériné une loi interdisant les soins de transition pour les jeunes transgenres.

Une mesure qui, selon de nombreux professionnels de la santé, parents et défenseurs des jeunes LGBTQ, les expose à un risque accru de suicide et de dépression.

Depuis qu’il a été élu chef conservateur fédéral, M. Poilievre s’est essentiellement concentré sur la crise du coût de la vie qui touche des millions de Canadiens, les taux d’intérêt élevés et la pénurie de logements abordables.

Mais une partie de sa base militante espère que le nouveau chef élargira ses sujets d’opposition pour inclure davantage les questions sociales.

Mercredi, M. Poilievre a été interrogé sur son ouverture à l’idée d’interdire les soins aux enfants qui affirment leur sexe.

« Je n’ai pas encore eu l’occasion d’étudier toutes les propositions de notre congrès, mais nous examinerons attentivement chaque proposition et nous déciderons si elle correspond ou non à notre programme », a-t-il répondu.

M. Poilievre ne s’est pas aventuré de son plein gré sur le terrain des questions liées au genre, sauf lorsqu’il était interrogé sur ce sujet.

Il a notamment réagi à la décision du Nouveau-Brunswick de modifier une politique qui obligeait jusqu’alors les enseignants à utiliser les pronoms préférés des élèves. Dorénavant, ils doivent obtenir le consentement des parents pour les élèves âgés de moins de 16 ans.

Le premier ministre Justin Trudeau avait vivement critiqué la décision du gouvernement progressiste-conservateur de la province. M. Poilievre avait ensuite déclaré essentiellement que Justin Trudeau devrait se mêler de ses affaires.

Un deuxième thème politique lié au genre que les conservateurs devraient aborder le mois prochain concerne la question des « espaces non mixtes » dans des secteurs aussi variés que les toilettes, les prisons et les sports.

Cette question est liée aux convictions qui sous-tendent la législation américaine visant à interdire aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes de leur choix, plutôt que celles correspondant au sexe qui leur a été assigné à la naissance.

D’autres propositions politiques concernent la protection de la liberté d’expression sur les campus universitaires et dans les espaces publics, l’accessibilité au logement, la défense nationale, le développement des ressources naturelles du Canada et une reconnaissance plus rapide des qualifications des immigrants, ce qui est une priorité pour M. Poilievre.

Évènement crucial

Fred DeLorey, qui a dirigé la campagne électorale des conservateurs en 2021, estime que les congrès politiques sont cruciaux pour les membres de la base du parti, qui se présentent pour faire entendre leur voix et contribuer à influencer l’orientation du parti en vue des prochaines élections fédérales.

Il rappelle le congrès fondateur du parti en 2005, le premier organisé après la fusion des progressistes-conservateurs avec l’Alliance canadienne deux ans plus tôt. Ce congrès a jeté les bases du programme électoral de Stephen Harper pour les élections de 2006, qui l’ont conduit au poste de premier ministre.

« Je m’attends à ce qu’une grande partie de ce processus soit reproduit ici, estime M. DeLorey. Pierre Poilievre a, je dirais, plus de contrôle sur ce parti que n’importe quel autre leader précédent en termes de popularité au sein du parti. »

Les débats politiques sur l’accès à l’avortement et l’égalité du mariage ne sont pas nouveaux lors des congrès du PCC. Toutefois, les discussions sur l’identité de genre semblent être un nouveau territoire à parcourir pour un leader, analyse M. DeLorey.

Néanmoins, la cote de popularité de M. Poilievre auprès des membres du parti étant au plus haut, il ne pense pas que quoi que ce soit puisse être adopté sans la bénédiction du chef.

« M. Poilievre, c’est son parti », avance M. DeLorey.

Le congrès des conservateurs, qui se tiendra du 7 au 9 septembre, intervient après un été qui a vu les libéraux au pouvoir accuser un retard dans les sondages, puis tenter de redresser la barre en se concentrant à nouveau sur les crises du logement et du coût de la vie.

M. Poilievre a passé les deux derniers mois à participer à des évènements à travers le Canada, arborant un style plus décontracté, sans lunettes, et adoptant un ton plus doux dans l’espoir de séduire les Canadiens qui sont prêts pour le changement, mais pas nécessairement pour lui.

Le Parti conservateur considère le congrès comme une occasion de stimuler ses membres avant les prochaines élections, mais aussi de présenter M. Poilievre comme le prochain premier ministre du Canada.

Dans une dépêche transmise mercredi, La Presse Canadienne rapportait que M. Poilievre avait réagi à la décision du Nouveau-Brunswick de modifier une politique qui obligeait les enseignants à utiliser les pronoms préférés des élèves sans le consentement des parents. L’actuelle version précise que ce consentement est désormais nécessaire pour les élèves âgés de moins de 16 ans.