Québec et Ottawa aideront Laval à régler son problème de gestion des eaux en freinant le déversement des eaux non filtrées dans la rivière des Prairies et dans le fleuve Saint-Laurent.

Ce projet de 30 millions de dollars, que Stéphane Boyer, maire de Laval, décrit comme « une grosse éponge souterraine », devrait redorer le blason de Laval en matière de rejet des eaux usées.

En décembre 2022, la Fondation Rivières a dévoilé une étude qui classait Laval parmi les pires villes au Québec en matière de déversement d’eaux usées dans la nature. Le mois dernier, la même fondation a révélé que Laval ne compte qu’un seul cours d’eau où la qualité est potable pour la baignade.

« Il y a quelques décennies, il y avait environ 13 plages dans la ville, et Laval était un endroit de villégiature pour les gens de Montréal […] les gens s’achetaient des chalets et se baignaient », explique Stéphane Boyer en entrevue.

M. Boyer fonde beaucoup d’espoirs sur le projet. « Il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la qualité du fleuve Saint-Laurent […], mais un projet comme celui-ci nous permettra de réduire les surverses. »

Ce projet est mis sur pied alors que 140 foyers du secteur Saint-François sont aux prises avec des problèmes de refoulement depuis les années 1980, a appris La Presse.

Comme solution temporaire, des pompes avaient été installées afin d’expulser l’eau vers la rivière et ainsi, sauver les sous-sols de ces quelque 100 Lavallois.

« Au-delà du fait de régler le problème pour les citoyens, on va en profiter pour réduire les surverses puisque nos usines sont à pleine capacité, ce qui fait qu’on est obligé de déverser l’eau non traitée dans les rivières », indique le maire de Laval.

Projet d’envergure

Le projet de bonification du système d’aqueduc à Saint-François sera financé à 80 % par les deux gouvernements, provincial et fédéral, qui injectent chacun 12 264 400 $. Cette somme s’accompagne d’un investissement de 6 132 200 $ de Laval.

Les travaux s’étendront sur 2 km et toucheront principalement les rues Monty, Romain, Mirelle et Lévesque.

« Dans ce secteur, il n’y a pas d’espace pour créer un bassin de rétention d’eau, alors on va en construire à même les tuyaux, explique le directeur général adjoint au service de l’ingénierie de Laval, Martin Gaudette. La conduite sera surdimensionnée pour que l’eau s’accumule, lors de fonte des neiges ou de fortes pluies, au lieu d’être envoyée directement dans des surverses ou encore, que ça crée des problèmes chez les citoyens. »

Une partie des 30 millions bonifiera les rues concernées avec de nouveaux trottoirs, des pistes cyclables et des arbres.

La secrétaire parlementaire fédérale du ministre des Transports et députée de Vimy, Annie Koutrakis, souligne qu’avec les changements climatiques, les grandes villes doivent se doter de services d’aqueduc fiables et écologiques.

Stéphane Boyer abonde dans le même sens. « Les infrastructures sont vieillissantes dans les villes du Québec et ça coûte très cher de refaire les réseaux, alors on a besoin d’appuis de la sorte. »