Les organismes communautaires saluent le financement offert par le gouvernement fédéral de 308 millions pour construire 1581 logements sociaux et abordables au Québec, mais sont d’avis que ce n’est pas suffisant pour contrer la crise du logement.

Ce qu’il faut savoir

  • Le gouvernement fédéral annonce un financement de 308 millions de dollars qui appuiera la construction de 54 projets totalisant 1581 logements sociaux et abordables pour l’ensemble du Québec.
  • Ces sommes découlent de la troisième entente entre les gouvernements du Canada et le Québec dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL).
  • Les femmes qui fuient la violence, les personnes âgées, les immigrants récents, les membres des Premières Nations et les personnes en situation de handicap font partie des communautés visées par ces nouvelles constructions.

« Ça paraît beaucoup, mais ça ne viendra pas à bout de la crise », s’indigne François Roy, coordonnateur de l’organisme Logemen’occupe, à Gatineau.

Cinquante-quatre projets d’habitation qui totalisent 1581 logements sociaux et abordables, c’est ce qu’ont annoncé Ahmed Hussen, le ministre du Logement et de la Diversité et de l’Inclusion du Canada, conjointement avec la ministre responsable de l’Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau, en conférence de presse à Laval.

Les femmes qui fuient la violence, les personnes âgées, les immigrants récents, les membres des Premières Nations et les personnes en situation de handicap font partie des communautés visées par ces nouvelles constructions.

« Il faut que tous ceux qui se trouvent sans logis soient considérés comme des personnes vulnérables », plaide Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement national pour le droit au logement le FRAPRU.

Au moins 57 millions de dollars seront répartis entre les plus grandes villes de la province, soit Québec, Montréal, Laval, Longueuil et Gatineau.

Les acteurs des différents organismes sur le terrain soulignent que cette aide ne sera pas suffisante pour se sortir de la crise du logement qui touche l’ensemble du Québec.

« Même s’il se réjouit de cette annonce qui était fort attendue par le milieu communautaire en habitation au Québec, le FRAPRU déplore la lenteur avec laquelle les sommes fédérales ont abouti vers des projets concrets, soit près d’un an et demi, alors que les besoins de logements sociaux sont urgents partout au Québec », confie Véronique Laflamme.

L’exemple de Gatineau

À titre d’exemple, le pourcentage de loyers destinés aux personnes à faibles revenus est de 8 % à Gatineau. Le taux d’inoccupation est à 0,8 %, ce qui plonge la ville dans une crise du logement sans précédent.

Selon les informations fournies par les gouvernements fédéral et provincial, Gatineau recevra 5,9 millions des 57 millions de dollars destinés aux grandes villes du Québec.

Les investissements sont nettement insuffisants. Avec cette somme, on parle de quelques dizaines de logements à Gatineau… et dans combien de temps ?

François Roy, coordonnateur de l’organisme Logemen’occupe

En conférence de presse, France-Élaine Duranceau mentionnait qu’en date du 7 juillet, son ministère dénombrait 226 familles québécoises en hébergement temporaire d’ici à ce qu’elles trouvent un logement.

Ce nombre ne serait pourtant pas représentatif de l’ensemble des ménages qui se trouvent sans logis. Vendredi, Logemen’occupe, un organisme qui lutte pour la défense et l’amélioration des conditions de logement en Outaouais, dénombrait 260 ménages sans logis seulement à Gatineau.

L’initiative pour la création rapide de logements (ICRL) a été lancée en 2020. L’annonce de vendredi est la troisième phase de ce projet. « Les sommes annoncées étaient attendues puisqu’elles s’inscrivaient dans un projet déjà existant. Malheureusement, elles ne sont pas représentatives de la crise qui sévit aujourd’hui, explique Véronique Laflamme. Nous espérons que les cibles seront ajustées en fonction des besoins criants partout au Québec. Le problème est nettement plus grand que les 1600 logements prévus. »