(Saint-Hyacinthe ) Québec solidaire fait face au risque réel de « plafonner » comme parti de l’opposition, reconnaît Gabriel Nadeau-Dubois. Le parti devra changer d’ici 2026 pour éviter ce sort, et se lance dans une tournée des régions pour « brasser des idées ».

« Le risque du plafonnement, on en est conscients. On ne vit pas dans un monde de licornes. […] Québec solidaire va avoir à changer », a lancé le chef parlementaire de Québec solidaire (QS) samedi en point de presse dans le cadre du Conseil national de son parti, qui se tient durant la fin de semaine à Saint-Hyacinthe.

M. Nadeau-Dubois, accompagné de la co-porte-parole Manon Massé, a annoncé une grande tournée des régions. Son objectif : rencontrer des militants, mais aussi des gens, des groupes et des entreprises qui n’appuient pas le parti, et faire une introspection.

Il n’a pas nié que c’est le Parti québécois (PQ) qui profite, dans les récents sondages, de la baisse de popularité de la Coalition avenir Québec (CAQ). Un récent sondage Léger commandé par Québecor, réalisé du 9 au 12 juin, donnait 37 % des intentions de vote à la CAQ, 23 % au PQ, 16 % à QS, 13 % au Parti libéral et 9 % au Parti conservateur.

« Depuis la dernière élection, on voit que QS est stable. La lecture optimiste : nos appuis sont solides et la victoire dans Saint-Henri–Sainte-Anne en est la preuve. La lecture pessimiste : c’est le risque de plafonnement. Les deux sont vrais. On a du travail à faire pour éviter ce risque », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

Éviter la chambre d’écho

Les élus du parti seront donc sur la route tout l’automne et une partie de l’hiver. Les premiers arrêts : l’Outaouais, le Bas-Saint-Laurent et la Mauricie, où ils vont parler de services sociaux, de claims miniers, d’agriculture et d’aide aux personnes âgées, notamment.

L’objectif, c’est de sortir de notre zone de confort, de sortir des sentiers battus et d’éviter la chambre d’écho.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Après la tournée, la prochaine étape importante sera le Conseil national de mai 2024. Le chef parlementaire indique que tout sera sur la table : le programme du parti, sa plateforme électorale, le service des communications, l’organisation du parti, tout pourra être modifié en fonction du bilan de la tournée régionale.

Course

Cette tournée se conjuguera avec la course à la succession de Manon Massé comme co-porte-parole féminine du parti. La députée de Sherbrooke, Christine Labrie, cumule déjà une forte avance d’appuis au sein du caucus de QS, avec quatre élus. Le député Sol Zanetti se range pour sa part derrière Ruba Ghazal.

Les élus Guillaume Cliche-Rivard, Étienne Grandmont, Haroun Bouazzi et le leader parlementaire Alexandre Leduc se sont tous rangés derrière celle qu’ils décrivent comme une « rassembleuse ».

La décision de M. Leduc de prendre position dans cette course alors qu’il est officier peut surprendre. « Je ne suis pas tenu à la neutralité. Dans ma fonction de leader, je vais me garder une petite gêne pour faire campagne, je vais rester tranquille », a dit M. Leduc. Il a vanté le côté « rassembleur et fédérateur » de Mme Labrie. Il a également révélé qu’il était en couple avec elle. « C’est l’élue de mon cœur maintenant », a-t-il expliqué.

L’ARTM doit forcer son président à renoncer à son deuxième emploi, selon QS

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de Québec solidaire dans Taschereau, Etienne Grandmont

Le député de Taschereau, Etienne Grandmont, s’indigne de la décision du président du conseil d’administration de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), Patrick Savard, de cumuler deux emplois, alors que les besoins en transport collectif sont très grands. La Presse a révélé que le torchon brûle à l’ARTM, où M. Savard fait face à une forte contestation depuis qu’il a annoncé qu’il comptait cumuler deux emplois, en devenant directeur général de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Sa rémunération comme président du C.A. de l’ARTM pourrait frôler les 200 000 $. « C’est cher payé si c’est un job à temps partiel », a dénoncé M. Grandmont. Il demande à l’organisation de changer ses règles et de forcer M. Savard à choisir entre ces deux emplois.

Manque de hauteur

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’ancienne députée solidaire Émilise Lessard-Therrien

L’ex-députée de Québec solidaire et candidate à la succession de Manon Massé Émilise Lessard-Therrien n’a pas apprécié les propos de sa collègue Christine Labrie. Vendredi, Mme Labrie a affirmé qu’elle « a fait la démonstration en 2018 et en 2022 que je suis capable de non seulement faire percer QS dans une région où il n’y avait pas déjà un appui solide, mais également de conserver ces appuis-là ». Mme Lessard-Therrien, battue dans sa circonscription en 2022, n’a pas apprécié. « J’ai trouvé que ça manquait peut-être un peu de hauteur comme commentaire. Il y a plusieurs choses qui expliquent la défaite. »

Ministre de la Spéculation

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

Gabriel Nadeau-Dubois a continué de marteler l’enjeu du logement en s’attaquant à la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Il a demandé aux Québécois d’écrire personnellement à France-Élaine Duranceau et à François Legault par l’entremise d’un site web de Québec solidaire pour leur demander de reculer sur leur volonté de limiter les cessions de bail. M. Nadeau-Dubois critique férocement la ministre de l’Habitation, qu’il a rebaptisée « ministre de la Spéculation », car elle a participé à un « flip » immobilier.