(Québec) Les personnes assistées sociales bénéficieront dès cette année d’un meilleur accompagnement, foi de Chantal Rouleau, qui s’engage à rouvrir la loi cet automne et à élaborer un plan d’action d’ici la fin de 2023.

En poste depuis six mois, la ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire dit préparer une grande réforme de l’aide sociale qui découlera des consultations qu’elle a déjà entreprises un peu partout au Québec.

Elle affirme en entrevue à La Presse Canadienne qu’il faut moderniser la Loi sur l’aide sociale, afin de l’adapter à la nouvelle réalité de 2023, de façon à être « moins dans le punitif, plus dans l’accompagnement ».

Mme Rouleau donne un exemple concret : une personne assistée sociale reçoit actuellement 770 $ par mois, et on ne lui permet de gagner que 200 $ de plus, ce qui équivaut à travailler tout au plus trois heures par semaine.

Cela tombe dans la catégorie du « punitif », puisqu’après 200 $ par mois, la personne est « pénalisée », ce qui est loin d’être un « incitatif à aller travailler, à s’engager », selon elle.

« Cette personne-là se dit : “OK, je peux travailler trois heures par semaine, mais pour faire quoi ?” Je veux revoir ça. Est-ce que ça va être 500 $, […] un pourcentage, un nombre d’heures ? Je ne sais pas », affirme la ministre.

Chose certaine, le portrait a bien changé depuis 20 ans au Québec, constate la députée montréalaise de Pointe-aux-Trembles. Le pourcentage de prestataires est passé d’environ 10,12 % en 2003 à 4,8 % cette année.

Mme Rouleau se demande « comment faire l’adéquation » entre ces 270 000 personnes et le marché de l’emploi, dans un contexte de forte pénurie de main-d’œuvre au Québec.

« Ce sont des gens qui sont éloignés du marché du travail, qui peuvent avoir des contraintes sévères à l’emploi permanentes ou temporaires, des gens qui n’ont pas beaucoup d’éducation, qui peuvent avoir un certain âge. »

La littérature le dit […], c’est l’emploi qui est la solution la plus valorisante pour chaque être humain, c’est par l’emploi qu’on améliore sa condition de vie.

Chantal Rouleau, ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire

D’ailleurs, elle veut doubler le nombre de personnes qui participent au Programme objectif emploi. Dans cet esprit, elle ne compte pas larguer la réforme libérale de 2016, bien que tous ses volets seront examinés.

En 2016, le gouvernement Couillard a fait adopter le projet de loi 70, qui permet de couper la prestation des nouveaux demandeurs jugés aptes à travailler qui refusent d’entamer un parcours de recherche d’emploi.

Ce même gouvernement a également mis en place un programme de revenu de base, entré en vigueur en janvier cette année, qui est généralement apprécié.

La ministre Chantal Rouleau est d’avis qu’il doit y avoir des conditions rattachées à l’aide sociale, une aide « de dernier recours » qui continuera d’être indexée, pas un « salaire », précise-t-elle.

Il se peut qu’il y ait des coupures parce que les gens ne respectent pas les conditions. On va vous aider, mais il faut que chacun y mette du sien. Si on brise les conditions, bien, il peut y avoir des pénalités.

Chantal Rouleau, ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire

Pourtant, elle insiste pour dire que sa réforme visera à mieux accompagner les personnes assistées sociales, en misant sur des mesures consensuelles, notamment l’allègement de la bureaucratie.

Par exemple, l’implantation d’un revenu minimum garanti ne fait pas consensus au sein de la société, d’après elle.

Au sujet de la bureaucratie, elle dit : « Il y a mille formulaires. Le problème, c’est que les prestataires […] peuvent parfois cocher la mauvaise case, et ça va avoir des conséquences. »

Plusieurs allègements seraient donc à prévoir dans le cadre de cette « importante » réforme à venir.