(Ottawa) Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre promet de rétablir « le gros bon sens » à Ottawa en imposant une discipline de fer en matière de gestion des finances publiques si le Parti conservateur remporte les prochaines élections.

Au lendemain du dépôt du budget par la ministre des Finances Chrystia Freeland, qui annonce de nouvelles dépenses et reporte à une date incertaine le retour à l’équilibre budgétaire, M. Poilievre a réaffirmé sa ferme intention d’imposer une nouvelle règle : chaque dollar de nouvelle dépense du gouvernement fédéral devra être accompagné par un dollar d’économie.

Le troisième budget présenté mardi par la ministre Freeland est encore écrit à l’encre rouge — un déficit de 40 milliards de dollars est prévu durant l’exercice financier 2023-2024. Le retour à l’équilibre budgétaire, qui était évoqué l’automne dernier en 2027-2028 lors de la présentation de l’énoncé économique, devient un projet lointain et incertain. Le déficit devrait atteindre les 14 milliards de dollars en 2027-2028, selon les projections du ministère des Finances.

Rompant avec la convention parlementaire, Mme Freeland n’était pas aux Communes mercredi durant la période de questions pour défendre son plan budgétaire 24 heures après l’avoir dévoilé. Le premier ministre Justin Trudeau brillait également par son absence. M. Trudeau et Mme Freeland ont choisi à la place de se rendre en fin d’après-midi dans une garderie de la région d’Ottawa pour rencontrer quelques familles et mettre en valeur certaines des mesures du dernier budget.

À l’issue de la séance de photos, ils ont répondu brièvement aux questions des journalistes. Mme Freeland a expliqué qu’elle devait se dépêcher pour se rendre à l’aéroport pour prendre l’avion. M. Trudeau a insisté pour dire que le budget était « responsable » parce qu’il tient compte des besoins des Canadiens.

Il est donc revenu à d’autres ministres du cabinet de défendre les choix budgétaires du gouvernement, notamment le ministre du Tourisme et ministre associé aux Finances, Randy Boissonnault.

« Il y a un an, la ministre des Finances a avoué que le déficit met de l’huile sur le feu inflationniste. Elle a donc promis quatre choses : que la dette par rapport au PIB allait diminuer, elle augmente ; que les déficits allaient diminuer, ils augmentent ; que la dette de la COVID‑19 allait être remboursée, elle augmente ; et que le budget allait être équilibré en 2027, maintenant elle promet qu’il ne sera jamais équilibré », a accusé M. Poilievre durant la période des questions aux Communes.

En mêlée de presse, deux heures auparavant, M. Poilievre a refusé de dire s’il maintiendrait les investissements de 13 milliards de dollars prévus au cours des cinq prochaines années afin de créer un régime canadien de soins dentaires pour les personnes à faible revenu qui n’ont pas d’assurance.

« Ce programme n’existe pas », a-t-il répété à quelques reprises tandis que les journalistes le pressaient de questions au sujet de ses intentions.

« Il n’y a pas de programme de soins dentaires en ce moment. Il y a une autre promesse électorale des néo-démocrates et des libéraux. Ils ne livrent jamais la marchandise. Ça n’a pas de bon sens de dire oui ou non à quelque chose qui n’existe pas. Nous verrons ce qui va exister. Nous allons présenter un plan électoral aux prochaines élections qui va montrer que les gens vont garder davantage d’argent dans leurs poches », a-t-il déclaré.

« On va réduire les coûts du gouvernement. On va équilibrer le budget. On va ramener nos emplois ici au Canada. C’est ce que l’on va mettre de l’avant », a-t-il ajouté.

Le régime canadien de soins dentaires a commencé à être mis en œuvre l’automne dernier à la suite de la présentation de l’énoncé économique du ministère des Finances.

À l’heure actuelle, seuls les enfants de moins de 12 ans y sont admissibles. Dans le budget déposé mardi, le gouvernement Trudeau confirme qu’il poursuivra la mise en œuvre graduelle en 2023 pour les moins de 18 ans, les aînés et les personnes handicapées. Par la suite, le programme sera élargi à toutes les personnes dont le revenu familial est inférieur à 90 000 $ d’ici la fin 2025.

Ce programme est l’une des mesures phares de l’entente conclue entre les libéraux et les néo-démocrates pour permettre au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau de demeurer au pouvoir jusqu’en 2025. Le programme devrait toucher 9 millions de personnes, selon les estimations du gouvernement.

Malgré tout, Pierre Poilievre a mis en doute l’existence de ce programme. Ce qu’il n’a pas mis en doute, c’est son intention de rétablir l’équilibre budgétaire s’il remporte les prochaines élections.

« Il n’y a jamais eu autant de gaspillage dans un gouvernement comme c’est le cas aujourd’hui. On a dépensé 21 milliards de dollars sur des consultants. C’est une augmentation de plus de 100 % dans les contrats pour les consultants en près de huit ans. En même temps, on a augmenté le nombre de fonctionnaires de 30 %. Pour faire quoi ? Pour offrir de pires services », a exposé M. Poilievre.

« Je vais adopter une loi qui dit que chaque fois que le gouvernement augmente les dépenses d’un dollar, il doit trouver un dollar d’économie. C’est le gros bon sens. Il faut ramener le gros bon sens chez nous », a-t-il ajouté.