(Québec) Le controversé projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis n’est toujours pas chiffré dans le dernier budget du ministre des Finances Eric Girard. Les partis d’opposition demandent à François Legault de tourner la page, parce qu’ils sont « tannés » de commenter un « projet fantôme ».

« Vous voulez réellement savoir ma pensée, là ? Je suis un peu tanné de parler d’un projet fantôme. Le troisième lien, c’est du gros n’importe quoi », a déploré le chef par intérim du Parti libéral du Québec Marc Tanguay en point de presse mercredi.

« On dépense tellement de temps, d’énergie, de salive, d’encre, de temps radio, de temps TV sur un projet fantôme qui n’existe même pas dans le budget, pour lequel il n’y a même pas d’étude et qui n’est pas justifié », a-t-il laissé tomber.

Pendant ce temps, que fait le gouvernement pour répondre « à l’enjeu de la mobilité à Québec ? », demande M. Tanguay. « Rien. […] Alors, écoutez, je suis tanné de parler du troisième lien, moi, je suis tanné de parler, là, d’un fantôme », a-t-il pesté.

« Je vais vous citer le ministre de l’Environnement [Benoit Charette] : ce n’est pas ficelé. Je ne pense pas qu’il se fasse, le troisième lien », a-t-il dit. Il estime que même les « principaux partisans du troisième lien » ont commencé à dire que « ça ne se fera jamais ».

« Spin » médiatique

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, croit, de façon « optimiste », que la Coalition avenir Québec va se faire rattraper par la réalité, « la réalité environnementale et la réalité technique d’un projet pharaonique comme celui-là ».

« Je ne suis pas sûr qu’on va voir ça de notre vivant, ce fameux troisième lien qui, d’ailleurs, au départ, là, était un simple spin médiatico-politique, puis qui est devenu une obsession électorale de la CAQ », a-t-il dit.

Sa « moitié pessimiste » se dit que le gouvernement Legault est « tellement entêté et tellement idéologique » qu’il pourrait toutefois maintenir le cap.

Geste politique

De son côté, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a raillé les élus caquistes et « félicite le gouvernement de ne pas avoir chiffré à nouveau le troisième lien. ».

« C’est une boutade, mais ça n’en est pas une, parce que c’est un geste politique. De toute évidence, il n’y a pas d’intention. Quand on n’est même pas capable de projeter dans le temps, dans le [Plan québécois des infrastructures], un projet aussi… qui a fait autant… qui a pris autant d’espace médiatique que celui-là, c’est qu’on n’a pas l’intention de procéder, ce qu’on a prédit à plusieurs reprises, hein ? Donc, je les encourage à continuer à ne pas le budgéter », a-t-il dit.

Lors d’un point de presse, le premier ministre François Legault s’est limité dans ses commentaires sur le dossier du troisième lien. Il a affirmé que son gouvernement « fera le point dans les prochaines semaines sur l’étude d’achalandage ». Ce projet, est-ce chose promise, chose due, au même titre que la baisse d’impôt, lui a-t-on demandé ? « Écoutez, on va regarder l’étude d’achalandage, puis on va vous revenir avec des données », s’est-il contenté de répondre.