La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, fait son mea culpa : le gouvernement en a « probablement trop peu fait » en matière de communication autour du déploiement de la nouvelle plateforme numérique de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Elle assure « tirer des leçons » de la situation pour mieux planifier les prochaines étapes du déploiement du Service d’authentification gouvernemental (SAG).

« On n’a pas assez communiqué sur le déploiement du Service d’authentification gouvernemental, dont la première étape est le SAAQClic, mais qui, après, va se déployer ailleurs dans d’autres ministères », a reconnu celle qui est aussi vice-première ministre, en mêlée de presse vendredi devant la SAAQ Henri-Bourassa, où une deuxième roulotte a été livrée en milieu de journée pour éviter de faire attendre les gens dehors.

La ministre promet que « pour les prochaines étapes », Québec « va mettre beaucoup plus d’efforts de communication, d’explications de ce système-là et de rappels de l’objectif qui est d’avoir des systèmes en ligne efficaces au gouvernement ». « On le fait pour que nos enfants, nos ados puissent avoir des services en ligne. Eux, ils grandissent avec des tablettes dans les mains. Il faut qu’on se modernise au gouvernement. »

On en a probablement trop peu fait et on tire des leçons de ça. Il faut être humbles. […] On n’est pas réputés pour notre avant-garde informatique au gouvernement.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

Du bout des lèvres, l’élue caquiste pointe aussi, comme l’avait fait son collègue Éric Caire plus tôt cette semaine, les erreurs de la haute direction de la SAAQ. « Il y a beaucoup de gens à la tête de la SAAQ qui avaient un travail de planification à faire en vue du fait qu’on fermait les systèmes pendant trois semaines. On ne pouvait pas penser qu’il n’y aurait pas de surcroît d’achalandage à la réouverture. Il y a une planification qui n’a pas été faite tout à fait adéquatement », convient-elle.

Questionnée à savoir qui devra répondre de la situation et qui devra en être imputable, la vice-première ministre reste plus prudente. « Moi, en tout cas, je suis là tous les jours, et je me considère [comme] très imputable. »

Normalement, c’est la direction de la SAAQ qui serait devant vous et qui s’expliquerait, mais c’est moi depuis une semaine. Et je vais continuer de le faire tant et aussi longtemps que c’est nécessaire.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

« Ce que je dis, ce n’est pas qu’il n’y a personne d’imputable. En temps et lieu, on fera les analyses, on verra qui a fait quoi et qui ne devrait peut-être pas faire quoi la prochaine fois. Mais en ce moment, j’ai une situation à gérer, j’ai des centres de services avec des temps d’attente qui ne sont pas raisonnables », a aussi déclaré Mme Guilbault, assurant que « personne ne se lave les mains de ça », mais convenant qu’« effectivement, il y a des dirigeants qui sont nommés à des postes et qui ont un travail à faire ».

90 jours de plus pour les permis

Québec a par ailleurs annoncé vendredi une suspension pour 90 jours de la saisie d’un véhicule à laquelle s’expose normalement un conducteur n’ayant pas renouvelé son permis de conduire. L’exception faite à la règle concernera les usagers dont le permis n’a pas été renouvelé entre le 25 janvier et le 9 mars.

Environ 56 000 conducteurs seraient concernés au total. Ils auront jusqu’au 7 juin pour renouveler leur permis sans recevoir de contravention. « Ça, déjà, ça réduit le stress et la pression sur les employeurs », a dit vendredi Mme Guilbault.

Quant aux quelque 2000 camionneurs québécois dont le régime de l’International Registration Plan (IRP) arrive à échéance le 31 mars, leurs dossiers seront « priorisés », assure-t-elle.

« En aucun cas, je ne vais accepter qu’un camionneur ne puisse pas travailler à partir du 31 mars. Ce qu’on me dit, c’est qu’en ce moment, on est corrects pour rendre le service aux camionneurs. Ce sera la même chose pour les chauffeurs de taxi : ils seront priorisés », a conclu la vice-première ministre.

Les 150 employés supplémentaires promis, eux, arriveront dès lundi prochain dans les succursales de la SAAQ. Ils seront dépêchés dans les centres de Laval, Longueuil, Langelier, Lebourgneuf, Drummondville, Saguenay et Gatineau afin d’aider en priorité les citoyens à s’inscrire en ligne sur la plateforme.

Réactions de l’opposition

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

Si le gouvernement caquiste croit que le fiasco à la SAAQ est le résultat d’un problème de communication, il a tout faux. La source du problème est au sein même du ministère du Numérique qui n’a pas effectué son travail d’accompagner la SAAQ dans le déploiement.

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Etienne Grandmont, critique de Québec solidaire en matière de transports et de mobilité

Le chaos à la SAAQ est bien plus qu’un manque de communication. La CAQ est responsable d’avoir livré un système défaillant et c’est la population qui en paie le prix. Les Québécois ont le droit de savoir combien les erreurs du gouvernement vont leur coûter.

Etienne Grandmont, critique de Québec solidaire en matière de transports et de mobilité

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Joël Arseneau, critique du Parti québécois en matière de transports et de mobilité

Geneviève Guilbault admet l’évidence. Que de graves erreurs de planification et de communication ont été commises ! Trois semaines après le début de la crise, c’est la moindre des choses.

Joël Arseneau, critique du Parti québécois en matière de transports et de mobilité