Le gouvernement Legault accordera un sursis aux automobilistes directement touchés par les ratés informatiques à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) dans l’espoir de calmer la grogne vis-à-vis de la société d’État.

C’est ce qu’a confirmé le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de retour de Paris un jour plus tôt, après la parution d’un article de l’Agence QMI à ce sujet en soirée.

Ainsi, les citoyens dont les permis de conduire viendront à échéance entre le 9 mars et le 1er juin 2023 auront 90 jours de plus, à partir de leur date d’anniversaire, pour acquitter leurs frais de renouvellement.

La période de validité des certificats d’immatriculation temporaires émis entre le 9 mars et le 8 avril passera par ailleurs de 10 à 60 jours. Puis, à compter de jeudi, la validité des permis de conduire étrangers sera maintenue jusqu’au 29 août pour permettre à leurs détenteurs de présenter une demande de permis ici.

Un communiqué de presse plus détaillé doit être publié ce mercredi, au lendemain du retour précipité de la ministre Guilbault d’un voyage en Europe ayant débuté le 1er mars avec pour objectif de se documenter sur les mécanismes de financement en transport collectif, notamment à Paris.

De longues files d’attente constituées de clients en colère frustrés par les difficultés éprouvées sur la nouvelle plateforme numérique de la SAAQ, SAAQclic, ont encore été observées devant des succursales de plusieurs régions du Québec, mardi.

Cette plateforme devait permettre aux clients d’effectuer la plupart des transactions en ligne. Or, depuis son lancement le 20 février dernier, 103 000 Québécois ont réussi à l’utiliser parmi les 335 000 clients servis.

La SAAQ affirme qu’elle fera un bilan de la situation ce mercredi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

File d’attente mardi matin devant les bureaux de la SAAQ du boulevard Henri-Bourassa, à Montréal

Encore des difficultés en ligne

Face à ces difficultés, de nombreux automobilistes se sont tournés vers les bureaux de la SAAQ dans l’espoir d’y rencontrer un préposé.

Mais il était toujours difficile d’y prendre rendez-vous afin d’éviter les longues files, a pu constater La Presse. Par exemple, aucune plage horaire n’était offerte à la succursale du boulevard Langelier, un point de service pourtant important dans l’est de l’île de Montréal.

À celui du boulevard Henri-Bourassa, une autre adresse très fréquentée de la société d’État, le rendez-vous le plus tôt possible était le 20 avril, selon ce qu’affichait son site internet aux alentours de 17 h. À Longueuil, le rendez-vous le plus précoce allait au 11 avril.

En vacances en pleine crise

Qui plus est, la SAAQ a confirmé mardi que les vacances prises par ses employés dans le cadre de la relâche scolaire, qui a eu lieu la semaine dernière dans la région de Montréal et cette semaine dans la région de Québec, avaient été autorisées.

« Tout ne repose pas sur une seule personne, a indiqué une porte-parole de la SAAQ, Anne Marie Dussault Turcotte. […] On s’assure d’avoir les bonnes personnes pour assurer l’intérim des gens en vacances et les équipes sont au travail pour effectuer l’ensemble des tâches. »

Relancée à savoir combien de ses employés étaient en vacances en ce moment et si, dans ce contexte, le lancement de sa nouvelle plateforme n’aurait pas dû être repoussé, la SAAQ n’a pas immédiatement répondu.

Rappelons que plus tôt cette semaine, le syndicat représentant 2200 employés de la SAAQ a soutenu que la direction avait été prévenue par des employés que la transition numérique devrait être plus « graduelle ».

Des ressources supplémentaires

Dimanche, la SAAQ avait annoncé que 150 travailleurs provenant d’autres secteurs seraient réaffectés à l’accueil des clients et à l’aide à l’inscription en ligne. Des employés à la retraite pourraient aussi être mis à contribution. Ils devaient recevoir une formation « accélérée » dès lundi afin d’être en poste à compter du 13 mars. Sept centres de service devraient recevoir ces nouvelles ressources.

Selon l’affluence, les heures d’ouverture ont aussi été devancées le matin et prolongées en fin de journée, dans les centres les plus achalandés. Des services sont offerts sur rendez-vous les fins de semaine.

Rappelons qu’une capacité d’accueil quotidienne de chaque centre de service est aussi diffusée depuis lundi sur le site de la SAAQ, qui planifie également d’implanter des abris chauffés dans certaines succursales pour les personnes attendant à l’extérieur, notamment au centre Henri-Bourassa. Des bornes numériques libre-service ont aussi été ajoutées dans certains points de service.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

File d’attente mardi matin devant les bureaux de la SAAQ du boulevard Henri-Bourassa, à Montréal

« J’espère qu’avec les mesures […], la situation se résorbera », avait souhaité Mme Guilbault dimanche. « Ce qu’on a vu dernièrement dans des succursales de la SAAQ, c’est inacceptable. […] La direction est elle aussi consciente que la situation ne tient plus », avait-elle insisté.

La SAAQ a par ailleurs lancé mardi une « alerte à l’hameçonnage » devant des cas de fraude en lien avec la crise qui se multiplient depuis quelques jours. « La fermeture de nos succursales du 26 janvier au 20 février a affecté plusieurs automobilistes du Québec. Pour nous excuser, nous vous remettons un crédit. Répondez OUI pour l’obtenir », est-il notamment écrit dans un message texte qui circule de plus en plus.

Qui a conçu le système informatique ?

Le contrat de conception de la nouvelle plateforme SAAQclic a été signé avec l’Alliance Société conseil groupe LGS et l’entreprise SAP Canada Inc. Or, la SAAQ affirme avoir surtout travaillé avec l’Alliance LGS pour « concevoir, développer et déployer la transformation numérique », tout comme les formations aux employés. Le coût total du contrat était de 458,4 millions, incluant la transformation numérique d’activités déjà mises en service en 2019 en matière de ressources humaines et de finances. « Ce qui est livré depuis le 20 février, ce sont l’ensemble des opérations qui supportent le permis et l’immatriculation en plus des activités de contrôle routier », a expliqué mardi la porte-parole Geneviève Côté.