(Québec) Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a rencontré « de loin » son auditoire le plus hostile au Royaume-Uni lors de sa tournée en Europe qui se termine officiellement samedi.

Devant un auditoire britannique, il a abordé la saga de la fin du serment obligatoire au roi Charles III pour les élus de l’Assemblée nationale : les sujets de Sa Majesté n’ont pas été tendres envers lui, a-t-il conclu dans une entrevue avec La Presse Canadienne publiée samedi.

Le leader du Parti québécois (PQ) est en effet allé prononcer un discours au Nuffield College de l’Université Oxford, où il a étudié autrefois, au Royaume-Uni.

« Je ne peux pas dire que l’accueil était chaleureux », a-t-il confié en retenant son rire.

C’était de loin le forum le plus hostile que j’ai rencontré, mais quand même de haut niveau intellectuel, de sorte que les questions pointaient vers une critique de mon action politique, mais pour autant étaient respectueuses, intelligentes, donc ça a honnêtement provoqué de bonnes discussions.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du PQ

Ouverture en Écosse

Le même enjeu a en revanche provoqué beaucoup d’intérêt et de curiosité en Écosse, région du Royaume-Uni dirigée par un gouvernement indépendantiste où M. St-Pierre Plamondon a fait un arrêt aussi durant sa tournée.

Les députés du parlement écossais doivent prononcer un serment au monarque une fois élus pour pouvoir siéger — tout comme les élus de l’Assemblée nationale devaient jusqu’en décembre.

« En Écosse il y avait une passion pour la question du serment au roi, a expliqué M. St-Pierre Plamondon qui a accordé des entrevues à trois des quatre grands journaux d’Écosse. Vraiment, ça prenait autant de place que l’indépendance dans les discussions des journalistes. »

Les trois députés du Parti québécois (PQ) avaient refusé de prononcer le serment obligatoire après les élections d’octobre et la présidence leur avait donc interdit de siéger, jusqu’à ce que les autres partis adoptent une loi en décembre rendant le serment facultatif.

Paul St-Pierre Plamondon renoue ainsi avec la tradition de ses prédécesseurs, les chefs souverainistes comme René Lévesque et Jacques Parizeau, ou l’ex-ministre Louise Beaudoin, qui s’employaient à tisser des liens avec des leaders politiques étrangers afin de préparer la reconnaissance d’un éventuel Québec indépendant sur la scène internationale.

« Recommencer à exister à l’international » est une condition essentielle de l’accession à la souveraineté, a résumé le chef péquiste.

« On consolide assez rapidement des alliés pour la suite des choses, c’est-à-dire des gens qui sont prêts à collaborer avec nous, qui auront du temps pour nous dans un avenir rapproché, donc ça ouvre plusieurs possibilités. »

Non-ingérence, non-indifférence

Au cours de la portion française de sa tournée, le leader souverainiste a rencontré des représentants de plusieurs formations représentées à l’Assemblée nationale, ainsi que l’ancien président socialiste François Hollande.

Il a été beaucoup question de la place du français et de la culture francophone avec ses interlocuteurs dans l’Hexagone, a-t-il précisé.

Il a constaté de l’intérêt pour l’avenir du Québec autant en Écosse qu’en France, pays qui a longtemps affiché une sympathie pour le peuple québécois, voire le mouvement indépendantiste.

Depuis 1977, la France avait adopté et confirmé à de nombreuses reprises une position de « non-ingérence, non-indifférence », ou en d’autres mots la doctrine du « ni-ni » à l’égard du Québec : elle garantissait ainsi sa neutralité, qu’elle n’allait pas s’immiscer dans un débat de la politique intérieure du Québec, mais en assurant qu’elle accompagnerait le Québec peu importe ses choix.

La formule a-t-elle été reprise lors de cette mission ?

« On ne m’a pas mentionné une seule fois cette politique », a fait savoir M. St-Pierre Plamondon.