Les militants de Québec solidaire rassemblés à Montréal samedi se sont prononcés en faveur d’une tournée régionale afin de mieux comprendre les électeurs qui hésitent à voter pour eux.

Près de 300 délégués de Québec solidaire sont réunis à Montréal cette fin de semaine pour faire le bilan de la dernière campagne électorale et définir une vision d’avenir dans le cadre du Conseil national qui se déroule au collège Ahuntsic à Montréal.

Dans l’une des premières décisions de la journée, les militants ont voté pour favoriser les candidatures féminines, prévoyant même la possibilité de les « imposer » dans certaines circonscriptions. Mais la décision phare du jour a été de lancer une campagne dans les régions du Québec pour les « déplafonner », selon le mot du co-porte-parole du parti Gabriel Nadeau-Dubois.

« On a encore beaucoup de travail à faire pour devenir la maison politique de tous les Québécois et Québécoises », avait-il reconnu en début de journée samedi devant les militants rassemblés.

Il faut qu’on se mette en mode écoute, il faut qu’on se mette en mode régions, c’est le grand chantier auquel nous vous invitons en fin de semaine.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Avant de commencer à débattre, les délégués ont été invités à observer une minute de silence à la mémoire des victimes du drame de Laval mercredi dernier et en signe d’appui aux personnes touchées.

Un bilan difficile

Québec solidaire rêvait de former l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, mais n’a fait élire que 11 députés le 3 octobre dernier.

Les pertes ont été particulièrement difficiles dans les circonscriptions éloignées des grands centres, a indiqué en matinée Julie Dionne, responsable nationale aux élections. En tout, les solidaires ont perdu 1 point de pourcentage de votes ou plus dans 45 circonscriptions rurales ou de banlieue le 3 octobre dernier.

L’écart intergénérationnel n’a aussi pas été réduit par la formation de gauche. Dans les sondages, 35 % des jeunes prévoyaient voter pour Québec solidaire le 3 octobre, a rappelé Mme Dionne, en comparaison de 7 % chez les 55 ans et plus.

« C’est sûr que ce serait facile et tentant de rejeter la faute sur les organisateurs, sur les [médias], ou sur Gabriel Nadeau-Dubois ou sur Manon Massé, mais ce serait réducteur », a déclaré le cofondateur du parti Amir Khadir en marge du Conseil.

À son sens, la pandémie et la diminution de la mobilisation sociale pendant cette période expliquent en partie les résultats du parti lors des dernières élections.

Parmi les solutions envisagées, les délégués ont voté samedi pour que les députés de Québec solidaire fassent une tournée dans les régions du Québec.

Régions et parité

Un exercice qui ne sera pas qu’une « tournée de visibilité et de communication, mais une tournée de consultation », a promis M. Nadeau-Dubois.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois

Les membres nous ont donné un mandat fort, un mandat clair de partir sur les routes du Québec, dès les prochains mois, pour aller à la rencontre de tous ces Québécois et ces Québécoises qui s’intéressent à QS, mais qui, pour une raison ou une autre, ont hésité à nous accorder leur confiance.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Autre sujet de tension au sein du parti : le manque de parité dans le caucus. En ce moment, 7 députés solidaires sur 11 sont des hommes.

Les militants de QS ont donc aussi voté samedi pour trouver des moyens concrets de soutenir les femmes, notamment en permettant l’imposition de candidatures féminines dans certaines circonscriptions par une « instance nationale ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

À l’ordre du jour : le bilan de la dernière campagne électorale, la question de la parité hommes-femmes au sein du parti, celle de la complexité des propositions et les orientations à venir

« Je suis vraiment super contente de ça, parce que c’est un défi, et les membres nous ont dit : il faut prendre à bras le corps cette réalité-là, s’est réjouie la co-porte-parole du parti Manon Massé en conférence de presse. Il faut qu’on se donne les moyens. Il faut réfléchir ensemble […] pour que le caucus de Québec solidaire soit paritaire. »

La question de la complexité des mesures proposées par Québec solidaire lors des dernières élections, qui aurait nui à leur popularité, a aussi été au cœur des réflexions samedi.

En assemblée, les délégués de Québec solidaire ont voté pour l’élaboration d’une plateforme électorale « plus concise et mieux adaptable, tant à la conjoncture qu’aux réalités de chaque région ».

« Le dossier est clos » concernant Haroun Bouazzi

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Le député solidaire Haroun Bouazzi

Le député solidaire de la circonscription de Maurice-Richard Haroun Bouazzi a été visé dans les derniers jours par des allégations d’irrégularités concernant son processus d’investiture il y a plus d’un an. Les journaux de Québecor ont rapporté vendredi que des membres du parti avaient accusé M. Bouazzi d’avoir payé des cartes à des membres en vue d’obtenir plus de votes à l’assemblée d’investiture, contrevenant ainsi à la loi. « On a écouté ces membres-là il y a à peu près un an, quand les évènements se sont produits, a souligné M. Nadeau-Dubois en mêlée de presse. Les vérifications diligentes ont été faites sous la supervision d’un avocat, pour s’assurer que tout soit fait dans les règles de l’art, que toutes les lois électorales du Québec soient respectées. Nous en avons l’assurance, donc pour nous, ce dossier est clos. »